La justice suédoise a rendu mardi une décision annulant une interdiction de brûler le Coran lors de manifestations organisées en public. Le 8 février dernier, la police s'était opposée à ce que des manifestants brûlent le livre saint de l'islam lors de manifestations. La décision avait entraîné de vifs débats sur la liberté d'expression. Pour justifier son choix, la police invoquait un risque terroriste lors des rassemblements où serait brûlé le livre.
L'interdiction a été prononcée après une manifestation organisée le 21 janvier dernier, près de l'ambassade de Turquie à Stockholm, lors de laquelle le militant d'extrême droite suédo-danois Rasmus Paludan avait brûlé un coran. Affirmant vouloir lutter contre l'« islamisation » de la Suède et affirmant défendre la liberté d'expression, cet homme de 41 ans avait par le passé déjà brûlé des exemplaires du livre en Suède et au Danemark. Mardi, la cour administrative d'appel a jugé que la police « n'avait pas apporté de fondement suffisant à sa décision » et que les menaces sur la sécurité n'étaient « pas suffisamment concrètes ou liées aux manifestations en question ».
L'autodafé du 21 janvier avait provoqué de vives réactions dans le monde musulman ainsi qu'une crise diplomatique entre la Turquie et la Suède. L'ambassadeur du Danemark à Ankara avait été convoqué, et la Turquie avait annulé une visite du ministre suédois de la Défense, prévue la semaine suivante, dans le cadre des négociations sur l'adhésion de la Suède à l'Otan. L'incident avait mis un coup de frein à ces pourparlers. Le président turc Recep Tayyip Erdogan avait alors affirmé que Stockholm ne pouvait plus compter sur le « soutien » de son pays à son adhésion.
Après la décision rendue mardi, d'autres manifestations visant à brûler des exemplaires du Coran « pourraient créer des problèmes supplémentaires pour l'adhésion de la Suède à l'Otan », selon Paul Levin, directeur de l'Institut d'études turques de l'université de Stockholm.
Le Figaro