Pour le premier jeûne, des cérémonies spéciales sont célébrées selon des coutumes différentes d'une région à l'autre, afin de montrer la valeur du jeûne, de la patience, de l'attente et de la joie de l'appel à la prière.
Les familles algériennes estiment que l'obligation de jeûner est une étape importante dans la vie des enfants, et la première étape de leur passage de l'enfance à l'âge adulte, avec l’accomplissement du jeûne qui est l'un des piliers les plus importants de la religion.
L’oncle de Jamal Obaidat, dans une interview accordée à al-Arabi al-Jadeed, a déclaré : « je me souviens du premier iftar destiné aux enfants de l'ancien quartier d'Al-Qasbah al-Atiq, au centre de la capitale algérienne. Pour la première fois, les familles algériennes emmenaient leurs enfants qui jeûnaient, sur le toit des maisons, pour rompre le jeûne, et à cause des conditions sociales difficiles de l'époque, les familles n'avaient que des œufs à offrir à leurs enfants ».
Noura Maafeh, une femme au foyer de la ville de Constantine, dans l'est de l'Algérie, dans une interview à El Arabi Al-Jadeed a déclaré : « Mon fils jeûne pour la première fois cette année. Nous lui avons appris à jeûner progressivement, ainsi que les règles du jeûne, et dans la troisième étape, nous lui donnons des cadeaux pour l'encourager ou même nous le mettons en compétition avec le garçon du voisin pour voir lequel pourra résister jusqu'au soir. Nous célébrons le jeûne de nos enfants et leur faisons savoir que leur le jeûne est une source de joie et de bonheur pour la famille ».
Les familles de l'ancienne région de Constantine dans l'est de l'Algérie, ont des coutumes et des traditions différentes pour célébrer le jeûne de leurs enfants, dont la plus importante est la réunion de toute la famille pour féliciter l'enfant lors de l'appel à la prière. La famille à la table de l'iftar, offre à l'enfant un verre de lait avec une bague en argent dedans, qui lui est offerte en cadeau. Certaines familles offrent également d'autres cadeaux à leurs enfants au moment de la rupture du jeûne.
Dans la ville de Mila, l’enfant rompt son premier jour de jeûne avec du « Tameena », un halva traditionnel à base de farine, de sucre ou de miel, et la famille, en signe de joie, offre de cet halva aux voisins.
Les familles de la région d'Al-Qabail, la zone tribale du centre de l'Algérie, célèbrent également le premier jour de jeûne de leur enfant et mettent un plateau de nourriture en haut de leur maison, pour symboliser le haut statut de leur enfant dans le présent et l’avenir.
Les aliments que les familles préparent pour cette fête, sont des soupes et des ragoûts, ainsi que des gâteaux traditionnels, l’al-Muhansha (halva arrondi) et du Qalb al-Louz (un halva algérien).
Leur premier jour de jeûne, les enfants portent des vêtements traditionnels de cette région, filles et garçons portent une tunique au-dessus de leurs habits. Les enfants qui jeûnent et les autres membres de la famille se mettent du henné sur les mains afin d’exprimer leur joie et leur bonheur.
Khalid Belbahri, professeur de sociologie en Algérie, a déclaré : « Même lorsque le niveau d'éducation et de culture étaient en baisse, à cause des politiques des colonialistes français, honorer les enfants qui jeûnent pour la première fois était une coutume ancrée dans l'histoire algérienne qui montrait la valeur du mois de Ramadan pour les familles algériennes. Les familles ne forcent pas leurs enfants à jeûner, il y a des enfants qui jeûnent d'abord une demi-journée, en imitant leurs parents et les aînés. Ces habitudes s'inscrivent dans une démarche éducative des jeunes pour les inciter à jeûner ».