Le choc, la colère et la peur règnent dans les rues d'un des quartiers de Stockholm après que Salwan Momika, d’origine irakienne, a déchiré et brulé le Coran, déclenchant une vague de condamnations de la part des dirigeants dans le monde.
La police avait autorisé l'homme de 37 ans à manifester en vertu des lois sur la liberté d'expression, mais a déclaré plus tard, que l'incident faisait l'objet d'une enquête pour incitation à la haine.
Des parents, des chefs d'entreprise et des immigrés ont déclaré que cet acte les avait profondément touchés et dégoûtés, et qu’ils pensaient même quitter la Suède. Beaucoup ont dit qu'ils étaient surpris que la police suédoise ait délivré un permis pour cette manifestation, notamment le jour de l'Aïd al-Adha qui est une grande fête musulmane, et devant la plus grande mosquée de Stockholm.
Après les protestations contre cet acte, dans la communauté musulmane, la peur persiste. Chakri originaire de Tripoli en Libye, qui vit en Suède depuis sept ans et tient un étal de fleurs près de la mosquée, a déclaré : « Je suis choqué. Cela ne profite à personne. Je pense que les gens qui brûlent le Coran sont des gens de Daesh. La décision des autorités suédoises d'autoriser l’autodafé des livres sacrés l'a amené à reconsidérer sa position dans le pays, et à fuir vers un autre pays, peut-être en Allemagne ou en France.
Vendredi, le Premier ministre suédois Olaf Kristerson a appelé au calme au milieu des manifestations internationales, et a déclaré : « Il est difficile de dire quelles seront les conséquences. Je pense qu'il y a beaucoup de gens qui ont des doutes sur cette question. Je pense que nous devrions maintenant, nous concentrer sur les choses importantes, l'important est que la Suède devienne membre de l'OTAN. Nous avons de gros problèmes à régler ».
En Irak, des manifestants ont brièvement pris d'assaut jeudi, l'ambassade de Suède à Bagdad.
Nazie Qaiser est venue à cette cérémonie avec son mari et son jeune fils, récemment venue de l'Inde, a été consternée après avoir appris que le Coran avait été brûlé dans un pays connu pour sa tolérance religieuse.
Elle a dit : « Nous devons respecter les valeurs sacrées de toutes les religions. Je viens de l'Inde et j'ai des amis hindous et chrétiens. Nous devons respecter toutes les religions. Quand mon mari m’a dit ce qui s’était passé, je ne savais plus s’il fallait ou non venir pour la prière. Le problème n'est pas la police suédoise, c'est le problème du gouvernement ».
La question de l'adhésion à l'OTAN était dans l'esprit de Thomas et de sa femme Eva, qui étaient près de la mosquée ce jour-là, Eva qui est originaire de l'île de Gotland, est inquiète pour sa famille et ses amis restés au pays, dans un contexte de sécurité accru depuis l'action militaire russe en Ukraine. Elle pense que l'adhésion à l'OTAN est un moyen de rassurer les Suédois.
Le mari d'Eva a déclaré : « Bien que l'incident à l'extérieur de la mosquée, rende sans aucun doute plus difficile le chemin vers l'adhésion à l'OTAN, tout n'est pas perdu. Il y a encore de l'espoir et beaucoup de pression de la part d'autres pays [de l'OTAN] pour que la Suède y adhère ».
Viktor, propriétaire d’un café, a qualifié cette insulte au Coran d’acte enfantin, mais a déclaré que la Suède ferait peut-être mieux de quitter l'OTAN. « Nous ne devrions pas rejoindre l'OTAN. Nous n'avons pas besoin d'être dans l'OTAN pour être en sécurité. Nous pouvons nous débrouiller seuls et coopérer avec l'OTAN sans en faire partie. Il n’y a rien d’urgent ».
Selon une enquête menée par le centre de recherche « Sifo » en Suède, 51% des habitants de ce pays souhaitent qu’il soit interdit de brûler le Coran et d'autres livres sacrés, et le nombre de ceux qui sont d’accord dans le cadre de la liberté d'expression, représente 34 % de la population.