Adam Taylor, du Washington Post, dans une note, a évoqué les récentes profanations du Coran en Europe, et écrit : « Un petit groupe d'extrémistes en Suède et au Danemark, a brûlé des Corans et suscité une grande controverse au niveau mondial. Ces actes de profanation ont conduit à un débat douloureux sur la liberté d'expression dans deux pays européens libéraux, ainsi qu'à l'indignation dans certaines parties du monde musulman. Ces actes ont commencé en janvier 2023, quand Rasmus Paludan, membre de l'extrême droite, a brûlé le Coran devant l'ambassade de Turquie à Stockholm, et a répété cela la semaine suivante, devant l'ambassade de Turquie à Copenhague. En juin 2023, pendant la fête musulmane de l'Aïd al-Adha, un Irakien a brûlé le Coran devant une mosquée à Copenhague. Ce réfugié irakien nommé Selwan Momika, s’est présenté comme un athée, alors que les médias du Moyen-Orient ont rapporté qu'il était associé à des milices chrétiennes extrémistes, en Irak ».
Le mois dernier, l'Irak a rompu ses relations diplomatiques avec la Suède, des manifestants en colère ont attaqué l'ambassade de Suède à Bagdad, et incendié une partie de celle-ci. Des centaines de manifestants ont pris d'assaut l'ambassade de Suède à Bagdad le 20 juillet, à la suite d'informations faisant état de profanations du Coran et du drapeau irakien, à Stockholm.
D'autres pays ont pris des mesures diplomatiques similaires.
Les talibans en Afghanistan ont annoncé avoir suspendu en juillet, toutes les activités suédoises dans le pays, tandis que l'Organisation de la coopération islamique, un organisme intergouvernemental de 57 pays, a appelé ses membres à rompre leurs relations diplomatiques avec Stockholm et Copenhague.
Le président turc Recep Tayyip Erdoğan a fait un lien entre ces actes et les tentatives de Stockholm de rejoindre l'alliance militaire de l'OTAN et a déclaré à plusieurs reprises, que si les autorités suédoises continuaient d'autoriser ces manifestations, il arrêterait le processus d'adhésion de la Suède fixé lors du sommet de l'alliance militaire en juin.
Les autorités israéliennes ont porté plainte lorsqu'un citoyen syrien a demandé à brûler des bibles devant l’ambassade sioniste à Stockholm. Cependant Ahmed Alloush, 32 ans, n'a pas brûlé les livres et a déclaré aux journalistes qu'il voulait seulement protester contre les récentes profanations du Coran. Selon le « Times of Israel », Alloush a déclaré : « Je voulais montrer que la liberté d'expression a des limites dont il faut tenir compte ».
Ces incidents ont placé les gouvernements, suédois et danois, au centre de l’attention internationale. Le Premier ministre suédois Ulf Kristerson a déclaré dans un communiqué, après avoir appelé son homologue danois Matt Fredriksen : « Nous sommes actuellement dans la situation de sécurité la plus grave depuis la Seconde Guerre mondiale mais les conséquences de la profanation ne valent pas la peine d'abandonner les normes de la liberté d'expression ».
Il peut s'agir d'une position de principe. Cependant, il est peu probable que ces positions en faveur de la liberté d’expression, protègent du danger des agitateurs anti-islamiques.
On craint une vague de terrorisme en Suède et au Danemark, comme l'attentat de 2015 contre les bureaux du journal satirique français Charlie Hebdo, où des hommes armés ont tué 12 personnes en représailles à la publication de caricatures insultant le prophète de l'islam. Le gouvernement suédois a annoncé que l'augmentation des menaces avait conduit à l'adoption d'une nouvelle loi qui donne à la police plus de pouvoirs pour contrôler les frontières et utiliser la surveillance électronique.
Un article publié par le journal danois Jyllands-Posten, déclare : « Il y a des personnes actives derrière les récents outrages au Coran qui ont des liens avec le parti d'extrême droite dirigé par Paludan.
Le gouvernement danois est beaucoup plus conciliant et tente de rendre illégale la profanation du Coran et d'autres livres sacrés. Lykke Friis, chef du groupe de réflexion européen et ancien législateur, a déclaré au Financial Times : « Le gouvernement danois est partagé entre le ferme soutien à la liberté d'expression et la nécessité de protéger la sécurité du Danemark ».