Traces d'enjeux politiques dans les récentes interdictions dans les écoles en France

12:16 - September 19, 2023
Code de l'info: 3486013
PARIS(IQNA)-Ces dernières années, notamment sous la présidence d'Emmanuel Macron, la communauté musulmane française a subi de nombreuses pressions sous prétexte de la lutte contre le terrorisme et le séparatisme.

Le résultat de cette politique islamophobe a été la fermeture de mosquées et de centres islamiques, le renforcement des règles vestimentaires dans les écoles, dont la dernière a été l'interdiction de l'abaya qui a provoqué beaucoup d'oppositions.

L'agence iranienne de presse coranique (Iqna), a eu un entretien avec le professeur Paul Smith à propos de cette politique anti-islamique de la France.

M.Smith est professeur à l’Université de Nottingham en Angleterre, et expert des questions politiques françaises. Il a écrit sur l'histoire politique de la France et les élections dans ce pays, dont le plus important est « Histoire du Sénat français » en 2005. Cet expert français tient également un blog intitulé « Cinquième République », sur les questions politiques françaises.

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Le professeur Paul Smith a déclaré : « Ce qu’il faut comprendre du système éducatif français, c’est qu’il est très différent du système éducatif d’autres pays comme le Royaume-Uni. Dans le système français, le gouvernement et l'éducation sont étroitement liés, les problèmes de tenues dans les écoles, existaient auparavant, et les enseignants décidaient eux-mêmes, de laisser ou non l'élève voilée entrer dans la classe. Cela dépendait des écoles. Mais quand le ministre fait officiellement une interdiction, malgré tous les problèmes qui existent dans le système éducatif français, on peut dire qu’il s’agit d’une utilisation politique de la question. C'est décevant, mais force est de constater que cette question sert de prétexte pour occulter les problèmes du système éducatif français. Sur le plan politique, Emmanuel Macron et certains ministres de son gouvernement, notamment Gabriel Ettal, le nouveau ministre de l'Éducation, ont montré dans la déclaration qu'ils ont publiée, qu'ils cherchaient en réalité, à prendre l'initiative sur la scène politique française, auprès de la droite française. Ces personnes aiment beaucoup se présenter comme des fervents représentants du gouvernement laïc. Le problème, c'est que les filles françaises se retrouvent seules au milieu de ce combat politique. Il n’existe pas de statistiques exactes, mais sur les millions d’élèves en France, moins de 300 sont allées à l’école en tenue islamique (abaya), et parmi elles, 50 à 60 ont refusé de rentrer chez elles et de changer de vêtement.

Il y a toujours un écart entre la loi et ce qui est mis en œuvre. Auparavant, les établissements d'enseignement avaient le pouvoir de traiter au cas par cas. Puis le nouveau Ministre de l'Éducation décide de manœuvrer sur ces lois, et entre ainsi dans le jeu de la droite française. Ce qui est dangereux, c'est que lorsque le gouvernement français et son ministre de l'Éducation, Gabriel Ettal, parlent d'interdire un certain type de vêtements, l'utilisation d'idées d'extrême droite sera activée dans d'autres pays, comme au Royaume-Uni et aux États-Unis.

Je pense que l’un des problèmes des Français à propos du colonialisme, est qu’ils le considèrent comme une mission civilisatrice. Cela est également vrai pour d’autres pays colonisés. L’idée a été soulevée que nous (les Français) avons pour mission de transférer notre civilisation et nos valeurs, comme l’égalité et la liberté, à des peuples non civilisés ou sauvages. Les Français estiment que le colonialisme français contrairement au colonialisme anglais, était bon, en grande partie à cause de la présence pacifique de la France, en Afrique, après la décolonisation. Mais en réalité, cette présence était très problématique comme le montrent les tensions au Niger, au Mali et dans bien d’autres régions du monde, comme dans les îles de l’Atlantique et en Guyane.

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Il faut comprendre la colère des musulmans français. Environ six millions de musulmans vivent en France. Bien entendu, ces chiffres sont des estimations car cette information (sur la religion que suivent les gens) n'est pas incluse dans les statistiques. La plupart d'entre eux vivent en paix dans la société française et leurs communautés. Mais ce que l’on ne comprend pas, ce sont les inquiétudes au sujet de la présence de mosquées.

Certains veulent créer des conflits entre musulmans et non-musulmans.  Par exemple, au Niger, toute attaque contre des églises, est attribué aux musulmans (extrémistes), mais dans une étrange majorité, les assaillants ne sont pas du tout musulmans, ou 99% des attaques contre les juifs et des incidents antisémites en France, n'ont rien à voir avec les musulmans.

Lors de la dernière élection présidentielle, le candidat d'extrême droite, Éric Zemmour, a déclaré que l'Islam et la République française sont incompatibles et que les musulmans ne peuvent pas être de bons citoyens français. Il est difficile de parler d’identité française et d’identité algérienne dans ce pays, car les deux sont confondues. Vous avez cent ans de relation entre ces deux pays, qui ont traversé des moments très difficiles. Entamer un dialogue est très difficile et il y a toujours une personne (un côté) qui dit que le gouvernement est laïc. Il est donc difficile d’avoir une conversation, raisonnable et réfléchie, bien que les penseurs musulmans  essaient de trouver un espace dans le cadre français, pour pouvoir dialoguer, en dehors de la communauté musulmane, mais c'est très compliqué ».

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