Une prise de position marquée. Le recteur de la Grande mosquée de Paris, Chems-eddine Hafiz, a appelé ce lundi les musulmans à voter lors des législatives anticipées du 30 juin pour contrer «la montée inquiétante de l'extrême droite».
En tête des sondages depuis plusieurs semaines, le RN et sa tête de liste Jordan Bardella ont largement remporté les élections européennes ce dimanche en France en recueillant 32% des suffrages exprimés.
Le recteur de la Grande mosquée de Paris a lancé un appel aux partis républicains dont «le devoir est de s'opposer fermement à l'extrême droite» et «de proposer une alternative claire et unifiée». Il a aussi demandé aux responsables de mosquée «de sensibiliser les fidèles sur les dangers imminents qui guettent notre nation et d'encourager ceux qui se sont réfugiés dans l'abstention» à aller voter.
«Il est crucial de rappeler les valeurs fondamentales de notre République – Liberté, Égalité, Fraternité – et d'insister sur le fait que ces idéaux ne peuvent être défendus que par une participation active et éclairée. Nos mosquées doivent devenir des foyers de résistance pacifique contre toute forme d'extrémisme et de discrimination, en encourageant le dialogue, la solidarité et l'implication citoyenne», a affirmé Chems-eddine Hafiz.
UNE DISSOLUTION QUI «POURRAIT PAVER LA VOIE DE L’ÉLYSÉE AUX HÉRITIERS DE PÉTAIN»
Dans son billet hebdomadaire, Chems-eddine Hafiz a estimé que «la France semble naviguer entre les écueils d'une démocratie fragile et les remous d'une montée inquiétante de l'extrême droite».
L’annonce de la dissolution de l’Assemblée nationale par Emmanuel Macron ce dimanche a été vécue par ce dernier comme un «coup de théâtre» qui «plonge le pays dans une période d'incertitude et de questionnements profonds».
Selon lui, «une cohabitation avec le parti de Marine Le Pen constitue déjà un péril significatif pour la nation», mais la dissolution «pourrait même paver la voie de l'Élysée aux héritiers du maréchal Pétain, nous ramenant aux heures les plus obscures de notre histoire, avec une cible bien connue».
Il a estimé que les difficultés économiques, la défiance envers les partis traditionnels et la conjoncture internationale ont conduit les électeurs français à se tourner massivement vers le RN. Il a également souligné une «illusion du sentiment d'insécurité» qui selon lui masque «une réalité bien plus brutale, une peur profonde de l'autre».
Il a conclu son propos en indiquant que «le musulman» et «le maghrebin» étaient «devenus les boucs émissaires, les symboles de tout ce qui est perçu comme menaçant, comme étranger, comme incompatible avec une identité nationale supposément homogène». Chems-eddine Hafiz a également critiqué «le rôle majeur joué par les médias mainstream dans la montée en puissance de Marine Le Pen et de son mouvement».
Cnews