Il est également membre du comité de rédaction du Journal international de Criminologie et de Sociologie, et directeur de recherche de l'Institut « Ayaan ».
Dans une interview accordée à l'Agence iranienne de presse coranique (Iqna), Fahad Qureshi à propos de la vague de protestations universitaires aux Etats-Unis et dans d'autres pays, a déclaré : « Les protestations universitaires ont fait tomber le mur du silence et l’indifférence face aux crimes d'Israël à Gaza et en Palestine. Personne ne peut dire qu'il ignore ce qui arrive aux Palestiniens chaque jour.
Des manifestations de soutien à Gaza ont lieu sur les campus des États-Unis depuis avril. Ces manifestations, menées par des étudiants, exigent le soutien officiel à un cessez-le-feu à Gaza, l’arrêt des investissements financiers dans les entreprises et les fournitures d’armes d’Israël, et la rupture des liens universitaires avec les établissements d’enseignement israéliens.
Depuis le 18 avril, après l'arrestation de 108 étudiants à l'Université de Columbia, plusieurs établissements d'enseignement ont eu recours aux forces de police pour démanteler les camps de protestation. Selon les dernières statistiques rapportées par l'Associated Press, cela a conduit à l'arrestation de plus de 2 600 personnes sur plus de 50 campus universitaires, à travers le pays.
Les manifestations étudiantes montrent désormais des signes de succès. Après que les étudiants du « Trinity College » de Dublin ont installé un camp sur le campus, en soutien à la Palestine, les responsables de l’université ont annoncé leur intention de cesser de travailler avec les entreprises israéliennes, cinq jours plus tard. Ils ont annoncé que Trinity refuserait d'investir dans les entreprises israéliennes qui opèrent dans les territoires palestiniens occupés et qui figurent sur la liste noire de l'ONU. Trinity tentera également d’éviter d’investir dans d’autres sociétés israéliennes. Il s’agit d’une grande victoire pour les étudiants du Trinity College de Dublin qui montre ce qui peut être accompli ailleurs.
Il est impossible de déterminer si ces manifestations réussiront ou non à mettre fin au génocide à Gaza. Cependant, je pense que les protestations peuvent réussir dans certaines régions et cela a été le cas. Premièrement, elles maintiennent le génocide de Gaza à la une des journaux et en inspirent d’autres. Deuxièmement, comme dans le cas du Trinity College de Dublin, elles exigent concrètement des institutions, qu’elles condamnent Israël et mettent fin à leur coopération avec l’entité sioniste. Troisièmement, et c’est peut-être le résultat le plus important, elles détruisent le mur du silence autour de la Palestine et la négligence délibérée à l’égard de Gaza.
Les manifestations montrent que la nouvelle génération est plus consciente de la situation palestinienne, et cela peut aider les Palestiniens à long terme. Dans la lutte politique de chaque génération, il y a des moments clés qui renforcent leur conscience et leur rappellent l’importance de la question. Le génocide en cours à Gaza est l’un de ces sujets pour la génération actuelle d’étudiants.
L’attaque israélienne sur Gaza en 2008, qui avait duré 22 jours et avait entraîné la mort de 1400 Palestiniens, fut un moment décisif pour de nombreuses personnes qui étaient auparavant soit neutres, soit favorables à Israël. Après cette attaque et après l'attaque israélienne sur Gaza en 2014, au cours de laquelle plus de 2300 Palestiniens ont été tués, les gens ont commencé à se distancer de plus en plus d'Israël et ont pris conscience de l’oppression que subissent les palestiniens. Israël est devenu de plus en plus isolé sur la scène internationale, et cela est encore vrai aujourd’hui, surtout depuis que la Cour internationale de Justice a jugé qu’il existait une possibilité de génocide à Gaza.
Dénoncer l’hypocrisie de l’Occident et les violences à l’encontre des étudiants
Certaines universités américaines ont autorisé la police à pénétrer dans le campus universitaire, pour disperser les manifestants. Les inquiétudes concernant la liberté d'expression et d'opinion, et l'hypocrisie des institutions occidentales qui refusaient de délivrer des autorisations à des groupes pro-palestiniens, pour protester pacifiquement contre le génocide de Gaza, ont été au centre du débat.
Cela montre clairement le lien étroit entre l’enseignement supérieur et le pouvoir de l’État, qui s’est manifesté par la confrontation de forces de police lourdement armées et par le recours à une violence disproportionnée contre des étudiants et des professeurs qui manifestaient pacifiquement. Les professeurs jouent un rôle important dans les manifestations étudiantes contre le génocide en cours à Gaza. D’une part, ils peuvent fournir aux étudiants des analyses éclairées sur le génocide, l’occupation des colons et la complicité des établissements d’enseignement supérieur, et d'un autre côté, les professeurs peuvent protéger leurs étudiants et défendre leur droit de manifester sur le campus.
L’antisémitisme, un prétexte pour arrêter les manifestations
Les alliés d'Israël sur la scène internationale, les États-Unis et la Grande-Bretagne, s'efforcent de limiter et d'arrêter les manifestations. En Grande-Bretagne, le Premier ministre a rencontré des responsables universitaires pour discuter des moyens d'empêcher les manifestations de s'étendre à d'autres universités.
Les discussions lors de la réunion, ont porté sur les mesures disciplinaires que les universités devraient prendre contre les étudiants accusés d'antisémitisme et d’apologie du terrorisme. Le gouvernement a accepté de donner 500 000 £ aux universités juives pour surveiller l’antisémitisme et donner des conseils sur les lignes directrices permettant de le combattre dans l’enseignement supérieur.
La Chambre des représentants des États-Unis a adopté un projet de loi visant à élargir la définition de l'antisémitisme en consultation avec l'IHRA (Alliance Internationale pour le Souvenir de l'Holocauste). Accuser les manifestants d’antisémitisme constitue un outil important pour mettre fin aux manifestations.
Les étudiants et les professeurs qui protestent contre le génocide en cours à Gaza, perpétuent une longue tradition de protestations étudiantes comme le mouvement anti-apartheid en Afrique du Sud, le mouvement pour les droits civiques et contre la guerre du Vietnam, ou encore les manifestations contre l’invasion américaine de l’Irak, condamnée par les gouvernements de l’époque.
L’histoire nous jugera de la même manière qu’elle a jugé les manifestations étudiantes dans l’histoire, qui étaient du côté du droit et de la justice ».