Etats-Unis : une enseignante voilée parle des préjugés

10:08 - August 31, 2024
Code de l'info: 3489620
IQNA-Les préjugés existent toujours et constituent un défi quotidien auquel les élèves et les enseignantes musulmanes doivent faire face.

Hind Haddad, professeure d'arabe à la « Columbus International Academy » dans l'Ohio, affirme que malgré les difficultés rencontrées dans son travail, elle continue de porter l’hijab.

Dans un article sur ses expériences en tant qu’enseignante voilée aux États-Unis, elle écrit : « En janvier 2018, j'ai postulé pour un poste d'enseignante dans une école publique de Columbus. Le premier jour, je portais ce que je pensais être approprié pour un professeur, une chemise à manches longues et un pantalon long. Je portais également mon foulard, symbole de ma foi musulmane. Quand je suis arrivée, le directeur m'a vue et a immédiatement désapprouvé ma tenue et mon hijab, et m'a informée qu'il ne pouvait pas m'accepter à l'école. Alors que je me promenais dans les couloirs de l'école avec le surveillant, je lui ai demandé ce qu'il pensait du refus du directeur. Il a dit que j'étais très différente des autres et que les élèves ne m'acceptaient pas. Cette situation m'a frustrée, je ne pouvais m'empêcher de penser que mon apparence et ma religion avaient influencé leur décision. Cet incident était un prélude aux défis auxquels je serais confrontée en tant que femme musulmane voilée, dans une école à majorité blanche. Dans la société américaine, l’hijab et les croyances islamiques sont souvent mal compris et injustement stéréotypés. Cependant, malgré ces défis, je crois que mon histoire est importante non seulement pour permettre une meilleure compréhension de la culture musulmane et de l'identité des femmes musulmanes, mais aussi pour créer un environnement éducatif plus accueillant pour les enseignants et les élèves musulmans. Être renvoyée de mon premier emploi d’enseignante a sans aucun doute, été une expérience traumatisante qui devint permanente en raison de mon identité musulmane. Lorsqu’on m’a refusé cet emploi d’enseignante, j’ai décidé d’obtenir un poste de deux mois dans un établissement d’enseignement public. Encore une fois, j'ai été confrontée à des regards effrayants et désagréables. Un membre du personnel m’a demandé si mon père m’avait forcée à me couvrir, et une élève a même demandé si je cachais des brûlures ou une calvitie sous mon hijab. 

En 2019, lorsque je suis devenue professeure d’arabe dans mon école actuelle, j’ai assisté à ma première conférence de développement professionnel. J’étais entourée de professeurs blancs et encore une fois, la seule à porter le voile. Plus tard, une femme noire américaine m’a dit qu’elle était musulmane comme moi, et qu’elle portait un foulard pour ses activités quotidiennes. Cependant elle avait décidé de l’enlever pour la conférence, craignant d’être rejetée. Cette décision montre bien la pression et les sentiments que ressentent la plupart des musulmans. Pour être accepté, il faut s'intégrer, même si vous assistez à une conférence censée promouvoir la diversité et la coexistence. 

Même dans l’école actuelle où je travaille avec 90 % d’élèves musulmans, je constate encore ces comportements. Une assistante pédagogique m'a dit un jour, qu'elle était offensée par mon hijab et pensait que cela manquait de respect à ses choix religieux. J’ai discuté avec elle et je lui ai expliqué que l’hijab fait partie de la foi islamique. Après cette expérience, j’ai ressenti une forte islamophobie et un fort racisme. Alors que les élèves deviennent de plus en plus diversifiés sur le plan démographique, les écoles connaissent une augmentation de la haine antimusulmane. Cela montre que ces préjugés existent toujours et constituent un défi quotidien auquel les élèves et les enseignantes musulmanes doivent faire face ».

 

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