La présence des femmes dans l’histoire des manuscrits islamiques

16:18 - December 09, 2024
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IQNA-Depuis les débuts de l'islam jusqu'à aujourd'hui, l'écriture et la copie de livres scientifiques et islamiques, notamment du Saint Coran, ont occupé une place centrale, si bien que dans les premiers siècles islamiques, de nombreux érudits, rois et même des femmes se sont consacrés à cette noble tâche, transformant ce métier en un moyen de subsistance et de préservation du savoir.

Mohammad Al-Mukhtar Ould Ahmad, dans une étude sur l'industrie de l'écriture et la copie de livres, islamiques et scientifiques, au cours des premiers siècles qui ont suivi la montée de l'Islam, a déclaré : « L'écriture et l'industrie de l'édition de livres dans les sociétés islamiques, sont les cadeaux les plus significatifs que la civilisation islamique a offert à la civilisation humaine, et ont conduit à l'abondance des livres et à la création de bibliothèques publiques et privées. 

À la fin du deuxième siècle de l'Hégire, l'industrie du livre, selon le livre d'Ibn Khaldun « Al-Muqadamah », a prospéré et au troisième siècle de l'Hégire, elle a été divisée en diverses branches telles que la copie, la relecture, la reliure et d'autres questions comme l'achat et la vente de papier. Des milliers de scribes, hommes et femmes, de toutes les classes de la société, des érudits, des écrivains, des enfants, des rois jusqu'aux esclaves, étaient employés à ce travail. L'un des érudits les plus célèbres qui écrivait et copiait des livres pour gagner sa vie pendant ses années d'études, était l'Imam Ahmad bin Hanbal, décédé en 855. 

Le célèbre juriste et historien Shahab al-Din al-Nawiri al-Shafi'i (décédé en 1333), était l'un des érudits célèbres de cette époque et a rédigé de nombreux livres. On dit qu'il a copié le Sahih Bukhari huit fois, et que chaque exemplaire a été vendu pour 1000 dirhams (environ 2000 dollars). 

Parmi les rois qui exerçaient le métier de scribe, on peut également citer le sultan Nur al-Din Zangi (décédé en 1173), dont Dhahabi a écrit dans le livre « Tarikh al-Islam » : « Soit il copiait, soit il reliait. »

نویسندگان و صنعت کتابت در تمدن اسلامی (بخش دوم)

Les femmes se lancèrent également dans ce travail ou aidaient les hommes. Abdul Wahid al-Marakshi, un historien andalou (décédé en 1249) a écrit dans le livre « Al-Mu'ajib fi Talkhees Akhbar al-Maghreb » : « Il y avait 170 femmes à l’est de Cordoue, qui rédigeaient des manuscrits en écriture coufique ».

Warqa bint Yentan (décédée en 1145) était une Andalouse réputée dans ce travail. Il est indiqué dans sa biographie, qu'elle était écrivaine et poète, mémorisait également le Coran et faisait de la calligraphie. 
L'écrivain irakien Abdul Latif Chalabi (décédé en 1945) a raconté qu'en 1928, il avait vu une copie du dictionnaire « Al-Sahhah » d'Abu Nasr Johari dans la mosquée « Haydar Khana » de Bagdad, rédigé par une femme nommée Maryam bint Abdul Qadir, qui vivait au 6ème siècle de l’hégire. À la fin du livre, cette femme avait écrit : « J'espère que quiconque trouvera à redire à cela, me pardonnera, car je berçais le berceau de mon enfant avec ma main gauche tout en écrivant avec ma main droite ! »

L'historien Al-Safadi a également écrit dans son livre « Al-Wafi Balofiyat » qu'Abul Abbas bin Al-Hatiye Al-Fasi (décédé en 1165) copiait de nombreux livres en Égypte, contre rémunération. Il avait également appris à écrire à sa femme et à sa fille, mais personne, à l'exception de personnes très compétentes, ne pouvait faire de différence entre leurs écritures. 

Les grandes villes islamiques avaient différents marchés divisés en fonction des produits ou des travaux d’artisanat. Parmi ces bazars se trouvait le bazar Waraghin. Yaqoubi, célèbre géographe et historien (décédé en 897) a écrit dans son livre « Al-Baladan » : « Il y avait des marchés dans la banlieue de Bagdad, appelés Rabd Wazah, qui à cette époque (3e siècle de l'Hégire) étaient pour la plupart occupés. par des religieux et des scribes qui possédaient plus de 100 boutiques.

Ces travaux ne se limitaient pas à la copie de livres islamiques, des livres traduits y étaient ajoutés, et des scribes d'autres nations y travaillaient non pour copier et publier des livres sur d’autres religions, mais pour copier et vendre des livres islamiques.

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Parmi les scribes, certains écrivaient de petits livres portables, qu'on appelle aujourd'hui livres de poche, comme Abul Fazl Abdul Karim bin Ahmad bin Jaliq Taghlighi (décédé en 1242). Les écrivains dépassaient le cadre de la production scientifique et littéraire, et produisaient des livres de fiction, soit dans le but d'éduquer les enfants, soit pour occuper leurs loisirs. 

Les scribes rivalisaient dans la rapidité et la qualité de la calligraphie, et dans la capacité de copier des œuvres volumineuses, et dans ce travail, ils disposaient de termes spéciaux pour mesurer le volume et les parties de ces livres. Ibn Abd al-Malik Marocain (décédé en 1303) écrit dans le livre « Al-Dha'il wa al-Takmala » à propos de la méthode de mesure des manuscrits : « La mesure du volume des livres à cette époque, était le « Petit livre » dans le volume du Diwan Matnabi (environ 5 350 vers), le « Livre moyen » aussi long que le Diwan Abu Tamam (environ 7 300 vers) et le « Livre épais » comprenant 15 000 vers et plus. La mesure du volume des livres était différente entre les habitants de l’Est et de l’Ouest. 

Les scribes rivalisaient de vitesse d'écriture et de volume. Abul Fazl Mohammad bin Tahir Moghdisi Zahiri a dit : « J'ai écrit le Sahih Bukhari, le Muslim et le Sunan d’Abi Dawood sept fois, et le Sunan d’Ibn Majah 10 fois. Ibn Nadim a également déclaré qu'un philosophe chrétien écrivait 100 pages, jour et nuit ! Il est également indiqué dans la biographie d'Ismail bin Muhammad Abi al-Fawars Qortubi, qu'il était un calligraphe très compétent de Mushaf et qu'il écrivait chaque Mushaf en deux semaines environ. 

Les scribes étaient classés selon la beauté de leur écriture. La calligraphie de certains scribes était également connue sous le nom de « calligraphie attribuée », c'est-à-dire une calligraphie qui s'adaptait aux dimensions géométriques et aux les règles de division de la calligraphie d’Ibn al-Bawab al-Baghdadi (Cheikh al-Khatatin).
 

Concernant l'exactitude du travail des scribes, on peut dire que de nombreux scribes, en particulier ceux qui n'étaient pas des érudits, ont commis de grossières erreurs en copiant, supprimé, ajouté, déformé ou attribué le livre à quelqu'un d'autre que son auteur, et ont commis d'autres erreurs dont les chercheurs souffrent encore aujourd’hui.  

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Les boutiques et les marchés d'écrivains n'étaient pas seulement destinés à écrire des livres et à les publier, mais étaient devenus des rendez-vous culturels où les érudits, les intellectuels et les écrivains se réunissaient et tenaient des réunions sur diverses sciences, les discutaient et les critiquaient.

Ces magasins fournissaient également du papier, le nombre d'usines de papier à Fès (la deuxième plus grande ville du Maroc) pendant le règne des Almoravides, était de 104 usines, et passa à 400 usines sous le règne des Almohades, issus de la famille des Berbères.

Après cette étape du développement de la profession d'écrivain et de copiste, le compte à rebours a commencé au XVe siècle, avec l'invention de l'imprimerie par Gutenberg. Le premier livre imprimé avec cette machine, était le livre « Salaat al-Sawa'i » imprimé en langue arabe en 1513. 

Par la suite, de nombreux livres, arabes et islamiques, furent imprimés et publiés dans différentes parties du monde islamique, facilitant ainsi l’accès aux livres historiques pour les musulmans.

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