Mais est-ce une fière réussite ?
Ali Maarofi Arani, chercheur dans le domaine du sionisme et du christianisme, dans une note pour l’Agence iranienne de presse coranique (Iqna), a évoqué le rêve d’expansion d'Erdogan et la perspective du Nil à l'Euphrate du régime sioniste, et a déclaré : « La Turquie qui a soutenu certains rebelles syriens, a joué un rôle important dans les récents développements dans la région. Si les responsables turcs ont nié tout soutien direct aux rebelles de Hayat Tahrir al-Cham, nombreux sont ceux qui estiment que l'opération et la chute de Bachar al-Assad n'auraient pas été possibles sans le feu vert d'Ankara.
Ankara est tellement satisfaite des événements résultant de la guerre syrienne, qu'elle a renforcé et élargi sa présence militaire dans le nord de ce pays, aux côtés de l'armée sioniste qui avance du sud vers les régions méridionales de la Syrie. Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, sait également qu’il ne peut pas faire confiance aux terroristes et c’est pourquoi il a envoyé davantage d’unités de son armée en Syrie, sans savoir ce qui se passera dans le futur.
Recep Tayyip Erdoğan a publiquement exprimé son vœu avec des mots forts et catégoriques, que les villes d’Alep, d’Idlib, de Damas et de Raqqa deviennent des provinces turques comme Antep, Hatay et Urfa. L'un des slogans du gouvernement de Turquie est que « partout où se trouvent des tombes des soldats turcs et ottomans, c'est notre sol », et à cette fin, il a alloué un budget énorme pour la restauration des tombes des soldats ottomans et commandants turcs dans les pays de la région.
La Turquie avait créé un gouvernement local à Idlib pour Tahrir al-Sham, afin qu'ils puissent se préparer à prendre le contrôle de la Syrie ou à régionaliser Idlib. Pour être présente en Syrie, la Turquie est confrontée au problème des Kurdes vivant dans ce pays et opposés au gouvernement. Pour faire face à ces Kurdes, la Turquie a mis en œuvre des opérations dans le nord de la Syrie, telles que l'opération Bouclier de l'Euphrate (2016) et l'opération Rameau d'Olivier (2018), dans le but de retirer les forces kurdes des zones frontalières et d'empêcher la formation d'une région kurde autonome près de ses frontières, mais de grandes inquiétudes subsistent.
Tout comme les Iraniens sont fiers du passé glorieux des empires préislamique et safavide, les Turcs tentent également de maintenir vivant ce sentiment de puissance et d’honneur au sein de leur nation et de l’utiliser pour maintenir la position fragile de leur gouvernement à l’intérieur.
Cependant, il semble que le rêve de faire revivre l'Empire ottoman soit moins réalisable aujourd'hui pour Recep Tayyip Erdogan que lorsqu'il occupait le fauteuil de Premier ministre. Les mesures lourdes du régime sioniste contre la Syrie, se sont accompagnées du silence des terroristes affiliés à la Turquie, et d’Ankara.
Le régime sioniste a détruit les infrastructures militaires syriennes avec de lourds bombardements, entraînant la destruction de l'armée de l'air, de la défense aérienne, de la marine et des missiles du pays. Dans le même temps, les forces du régime sioniste ont procédé à trois étapes d’avancée terrestre sur le territoire syrien. Au début, ils ont occupé la zone tampon du Golan, puis ils ont occupé tout le Golan sous le contrôle de la Syrie. Les sionistes ont atteint les environs de Damas lors de la troisième étape, et les unités de l'armée du régime sioniste, stationnées dans la province du Rif à Damas, se trouvent à moins de 20 kilomètres du centre de la capitale.
Le peuple syrien, mécontent du rôle de la Turquie dans la destruction de son pays, a lancé des manifestations contre les terroristes à Damas, à Homs et même à Idlib. Les médias pro-terroristes, ont tenté de présenter ces rassemblements et ces manifestations comme des célébrations de la chute du système politique syrien.
Ded Yinon, conseiller d'Ariel Sharon, l'ancien Premier ministre du régime sioniste, avait présenté un plan visant à diviser le Moyen-Orient pour plus de terres et de sécurité pour les Juifs, qui était presque le même que le projet du Nil à l'Euphrate. du parti Likoud en Israël. Dans ce plan, il est clairement mentionné que, pour des raisons de sécurité et davantage de territoire, les pays arabes de la région devraient être divisés en très petits États. La Syrie, la Jordanie, le désert du Sinaï (Égypte) et l'Irak sont les pays mentionnés dans ce plan.
Dans le plan du nouvel ordre du Moyen-Orient qui fait partie de l’accord Sykes-Picot et Yinon, l’unité des Kurdes est envisagée par les États-Unis, le régime sioniste et le Royaume-Uni. Ce plan a échoué lors du Printemps arabe et l’Égypte a échappé au danger de désintégration, l’Irak a également été sauvé des attaques de Daesh par l’Iran, et la Syrie est sur la liste depuis 13 ans. La Jordanie a également réussi plus ou moins, à calmer son voisin sioniste.
Compte tenu des conditions de la région et des objectifs d'Israël dans la région, la Turquie a probablement été victime de la mise en œuvre de ce plan. Si Trump se retire de l’OTAN comme il l’a promis, la Turquie sera perdante tandis que la Syrie sera pratiquement castrée militairement et qu’aucune arme ni base militaire ne sera épargnée par les attaques incessantes du régime sioniste.
Les régions autonomes kurdes de Syrie et d’Irak ont le potentiel de déclencher une guerre civile en Turquie. Si Israël unit les Druzes aux Kurdes dans le Golan, ce sera un véritable cauchemar pour Erdogan.
Pour le régime sioniste, la chute du régime d’Assad signifie une réduction de l’influence de l’Iran et du Hezbollah à ses frontières. Toutefois, des inquiétudes subsistent quant au vide de pouvoir comblé par des groupes extrémistes. Dans cette situation, le régime sioniste continuera de suivre de près les développements en Syrie, et tentera de renforcer la coopération avec ses alliés régionaux.
On ne sait pas encore exactement ce que la Turquie aura gagné de la chute du système politique en Syrie, mais il est clair que le régime sioniste et son Premier ministre, Benjamin Netanyahu, en ont tiré le plus grand bénéfice jusqu’à présent.