Selon Al Jazeera, créée dans le but de déconstruire les stéréotypes et de faciliter la compréhension de la civilisation islamique, elle regroupe des œuvres variées allant de livres de hadith et de la Sîra du Prophète jusqu’au Gulistan de Saadi. En 2022, elle comptait quatre antennes dans différentes villes de Chine, mais la pandémie et les difficultés économiques ont conduit à leur fermeture. Aujourd’hui, les publications sont diffusées en ligne et par des maisons d’édition officielles.
Nouh Ahmad souligne que la transmission du savoir par les textes anciens reste un moyen puissant et économique de rapprocher les peuples. L’intérêt croissant des chercheurs, diplomates et citoyens chinois pour ces ouvrages confirme l’importance stratégique et culturelle de ce projet dans le contexte actuel.
Des livres pour relier les cultures
Dans sa première phase, la Bibliothèque de la Route de la Soie a privilégié la traduction en chinois d’œuvres littéraires arabes et persanes, publiant plus de 80 titres en dix ans. Parmi eux figure Le Golestan de Saadi, traduit par Sheikh Muhammad Maqin, célèbre intellectuel musulman chinois.
Des ouvrages biographiques comme La vie du Prophète Muhammad de Hykal ou encore celle de l’Imam Ali par Ali al-Sallabi connaissent un grand succès.
La bibliothèque a aussi traduit en arabe des classiques chinois, promouvant un véritable échange culturel entre les civilisations.
Un ambitieux projet éditorial pour 2025
Dans le cadre de sa deuxième phase, la Bibliothèque de la Route de la Soie prévoit la publication de près de 200 ouvrages dès 2025, visant à renforcer le dialogue entre les civilisations arabe, islamique et chinoise. Parmi les projets phares figure la traduction complète des Six recueils canoniques de hadiths (Ṣiḥāḥ Sitta), répartis sur 38 volumes bilingues arabe-chinois. Cette première historique est le fruit du travail acharné de Moussa Yu Tong Jin, imam de Ningxia.
La bibliothèque prépare également la publication d’ouvrages historiques sur les dynasties omeyyade, abbasside, fatimide, seldjoukide, ottomane, zengide et safavide, ainsi qu’une encyclopédie sur les épouses et filles du Prophète, traduite par Farida Wang Fu.
Sur le plan juridique, Al-Kharaj d’Abu Yusuf, important pour les musulmans hanafites, est en cours de traduction. En médecine, Le Canon d’Ibn Sina, œuvre monumentale en cinq volumes, a mobilisé cinq traducteurs pendant huit ans.
Enfin, la bibliothèque prépare une troisième série d’ouvrages spécialisés en sciences islamiques et sur la question palestinienne, destinée aux chercheurs, étudiants et universitaires chinois, soulignant ainsi son rôle de passerelle intellectuelle entre les peuples.