
Selon islamonline.net, Omar Al Zabir, cofondateur et directeur technique du projet Kahf, a passé quatre ans chez Meta dans l’équipe dédiée aux « dommages sévères ». Il décrit avoir été témoin de « ce que les humains peuvent faire de pire en ligne », y compris « des adultes ayant des conversations sexuelles avec des enfants », « le harcèlement et l’intimidation en ligne » et « des arnaques sentimentales détruisant des vies ».
Pour les fondateurs, la menace est double. Il ne s’agit pas seulement des Shahawat (désirs corrompus) comme la pornographie et les jeux d’argent, mais aussi des Shubuhat (doutes idéologiques) issus de contenus anti-islamiques. Avec une moyenne de 4,8 heures passées par jour sur les réseaux sociaux pour les adolescents et un contrôle du téléphone 2 617 fois par jour pour la personne moyenne, les fondateurs ont ressenti l’urgence de créer une solution structurelle.
Pour répondre à ce défi, un groupe d’experts musulmans issus de sociétés comme Meta, Tesco et British Telecom a créé Kahf Yazılım A.Ş.. Pour Nizam Uddin, également fondateur de weDevs, le projet constitue une forme d’Ibadah (adoration). Son voyage au Japon en 2015 lui a fait prendre conscience de l’écart entre Halal et Haram et de ses propres expositions aux péchés en ligne. Omar Al Zabir, de son côté, combine son expérience professionnelle et l’éducation de trois enfants au Royaume-Uni pour constater « combien nous sommes exposés au haram ». Leur objectif n’est pas seulement de bloquer le mal, mais de fournir un « univers parallèle halal » complet.
Le projet tire son nom de la sourate Al-Kahf (La Caverne), symbolisant la protection contre les Fitan (épreuves) du monde numérique moderne. L’écosystème Kahf comprend plusieurs produits :
Kahf Guard : filtre DNS bloquant plus de 5,5 millions de sites (pornographie, jeux d’argent, logiciels malveillants et sites anti-islamiques), traitant 2 milliards de requêtes par mois.
Kahf Browser : navigateur halal avec IA intégrée, « Safe Gaze », qui floute automatiquement les contenus indécents.
Kahf Kids : alternative à YouTube, avec 16 000 vidéos vérifiées, jeux non-addictifs et contrôle parental complet.
Mahfil : plateforme médiatique éthique, sans publicité haram, offrant un contenu islamique varié.
Hikmah : réseau social basé sur les valeurs, permettant de partager des contenus, vendre des livres numériques et promouvoir des produits halal.
Kahf Gold : futur portefeuille fintech permettant d’investir et de dépenser en or conforme à la charia.
L’écosystème repose sur quatre axes inspirés de la sourate Al-Kahf : Iman (foi) avec Mahfil et Hikmah, Tharwa (richesse) avec Kahf Gold et Kahf Ads, Ma‘rifa (connaissance) avec Kahf Kids et Kahf Browser, et Quwa (pouvoir) avec Kahf Guard et les outils de contrôle numérique.
Pour assurer la conformité à la charia, Kahf dispose d’une équipe interne de muftis et consulte des savants externes. Le projet fonctionne déjà à grande échelle avec plus de 8 millions d’installations, 2 millions d’utilisateurs actifs mensuels et plus de 100 millions de publicités éthiques diffusées chaque mois. Le modèle économique repose sur trois piliers : abonnements, publicités éthiques et contenus payants, soutenu par 900 000 dollars de financement initial provenant de plus de 50 investisseurs.
Les fondateurs insistent sur le fait qu’il ne s’agit pas seulement d’une entreprise, mais d’un mouvement. Omar Al Zabir souligne : « Nous ne sommes pas juste une entreprise, nous sommes un mouvement ». L’objectif est de permettre à l’Ummah de « récupérer notre temps précieux et reconquérir Internet au service de ce qui compte le plus : renforcer notre relation avec Allah ».
Ainsi, Kahf propose un refuge numérique sûr, offrant aux musulmans un environnement technologique conforme à leurs valeurs et destiné à protéger la foi, la connaissance, la richesse et le pouvoir dans le monde en ligne.