Selon un rapport d’Al Jazeera, l’influence croissante des rabbins sionistes montre que le sionisme religieux est devenu une force politique centrale en Israël. Ce pouvoir trouve ses racines dans la seconde moitié du XIXe siècle, lorsque des rabbins européens ont lancé des mouvements visant à inspirer les Juifs persécutés à chercher un refuge sûr.
Aujourd’hui, ces leaders religieux participent activement à la conduite des affaires politiques, influencent la stabilité des gouvernements et contribuent à façonner le destin des territoires occupés, jouant ainsi un rôle stratégique dans la définition des politiques de l’État d’Israël.
L’emprise croissante des rabbins sur la politique israélienne
Jonathan Cook, dans son article « Le pouvoir des rabbins en Israël et la guerre sacrée », explique que David Ben Gourion a accordé aux rabbins orthodoxes de larges prérogatives, notamment à travers les écoles religieuses militaires (yeshivot), qui ont servi à mobiliser les jeunes dans un esprit de ferveur religieuse. Ces institutions diffusent les valeurs du Talmud et forment des cadres influents dans les sphères politiques, militaires et coloniales.
Le rabbin Aharon Yehuda Shteinman
Le mouvement Sanhédrin, soutenu par des rabbins, a dès 2003 autorisé les incursions sur l’esplanade des Mosquées, facilitant des actions de groupe jusqu’en 2006. Maha Shahwan souligne que le sionisme religieux s’est transformé en force politique dominante, contrôlant médias, justice, sécurité et prenant une orientation nationaliste.
Cette influence est manifeste chez des figures comme Ben Gvir ou Smotrich, qui promeuvent la recolonisation de Gaza, le désarmement des Palestiniens et l’annexion de territoires. Les partis religieux comme Shas ou l’Union du Judaïsme de la Torah influencent directement les élections et les coalitions. En 2014, le rabbin Aharon Yehuda Shteinman a provoqué la chute du gouvernement Netanyahu. Ce pouvoir permet aux rabbins de conditionner les décisions d’État, au nom d’une vision religieuse et nationaliste du sionisme.
Des fatwas meurtrières
En Israël, les fatwas des rabbins ne se limitent plus au domaine spirituel : elles influencent directement les décisions politiques et militaires. S’appuyant sur des interprétations de la Torah, ces décrets religieux justifient souvent les violences contre les Palestiniens. Un rapport publié par Haaretz le 19 décembre 2015 révèle que des institutions rabbiniques appelant à la destruction de la mosquée al-Aqsa et à la mort des Arabes bénéficient de financements via des dons américains défiscalisés.
Les écoles religieuses (yeshivot), largement subventionnées par l’État, diffusent ces discours à grande échelle, particulièrement en Cisjordanie occupée. Ces institutions, devenues des bastions idéologiques, forment une base militante influente pour des groupes extrémistes comme Lahava ou Elad. Le mouvement Sanhédrin, depuis 2003, a contribué à légitimer les cérémonies juives sur l’esplanade des Mosquées.
Depuis octobre 2023, certains rabbins radicaux appellent explicitement au massacre de Gaza. Le rabbin Eliyahu Mali a réclamé l’élimination totale des habitants, tandis que Shmuel Eliyahu a autorisé le meurtre de femmes et d’enfants, affirmant que cela ne contredisait ni la loi ni l’éthique juives. Ce glissement vers une religiosité extrémiste démontre le rôle croissant des rabbins dans la radicalisation des politiques israéliennes.