François Burgat :

La France glisse de la lutte contre le jihadisme vers la criminalisation des opinions

6:22 - July 19, 2025
Code de l'info: 3492854
IQNA-Depuis plusieurs semaines, les autorités françaises multiplient les déclarations et projets de lois contre un prétendu « entrisme des Frères musulmans ».

Selon maroc-hebdo, pour le politologue François Burgat, spécialiste de l’islam politique, cette campagne s’inscrit dans une logique de longue date : élargir progressivement la cible des politiques sécuritaires jusqu’à y inclure des citoyens simplement perçus comme « musulmans visibles ».

Dans un entretien accordé à Middle East Eye, Burgat dénonce un tournant alarmant de la politique française : du combat contre les actes terroristes, on est passé à la stigmatisation des appartenances et des opinions. Selon lui, depuis le discours d’Emmanuel Macron aux Mureaux en 2020 et la loi sur le séparatisme, l’État criminalise non plus une minorité extrémiste, mais une majorité silencieuse de musulmans pratiquants ou simplement identifiés comme tels.

Cette dérive, dit-il, n’est pas accidentelle mais stratégique : elle s’inscrit dans une vision post-coloniale où l’islam devient un marqueur d’exclusion, au même titre que l’origine ethnique. À travers cette « dérive civilisationnelle », la République marginalise les descendants des colonisés, leur refusant une pleine appartenance à la nation dès qu’ils s’affirment dans l’espace public.

Burgat rappelle enfin que ses analyses sont largement partagées dans le monde académique international, contrairement à la lecture dominante en France, soutenue selon lui par un paysage médiatique homogène.

Il conclut en soulignant que, malgré les répressions et revers, les mouvements islamistes restent des acteurs politiques durables, et que leur intégration pacifique dans le monde arabe pourrait finalement s’avérer plus prometteuse que la préservation de la démocratie en Occident.

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