Ces ouvrages, parfois vieux de plusieurs siècles, témoignent de la richesse intellectuelle et spirituelle du monde musulman. Riyad a non seulement investi dans l’acquisition et la restauration de milliers de manuscrits, mais elle a aussi créé des centres spécialisés, des ateliers de conservation et des programmes universitaires destinés à encourager la recherche autour de ce patrimoine.
Aujourd’hui, près de 27 % des manuscrits islamiques conservés dans le monde arabe se trouvent en Arabie saoudite. Les bibliothèques du royaume, telles que la Bibliothèque nationale Roi Fahd, la Bibliothèque publique Roi Abdelaziz ou encore le Centre d’études islamiques Roi Fayçal, incarnent cet engagement.
La Bibliothèque nationale Roi Fahd : un pilier de la conservation du patrimoine
La Bibliothèque nationale Roi Fahd, inaugurée en 1986 au cœur de Riyad, occupe une place centrale dans la préservation du patrimoine saoudien et islamique. Elle abrite près de 80 000 manuscrits, dont 6 000 originaux et 74 000 reproductions sur film et papier.
Certains sont d’une valeur inestimable, comme un exemplaire du Mushaf kufique datant du IIIᵉ siècle de l’hégire ou encore un Coran complet de l’époque safavide. On y trouve également des manuscrits rares tels que Zad al-Ma’ad d’Ibn al-Qayyim, rédigé en 1806, ainsi que des documents écrits sur papyrus.
Cette institution joue aussi un rôle de mémoire nationale en conservant plus de 70 000 photographies retraçant l’histoire du royaume.
La bibliothèque a bénéficié de dons prestigieux, notamment ceux de membres de la famille royale saoudienne, hommes et femmes confondus, qui ont offert des collections entières d’ouvrages. Grâce à un centre de restauration et de désinfection considéré comme l’un des plus performants de la région, la bibliothèque veille à ce que ces manuscrits soient préservés dans des conditions optimales.
Elle propose également des catalogues organisés selon des normes précises, facilitant l’accès des chercheurs à ces ressources exceptionnelles.
La Bibliothèque publique Roi Abdelaziz : modernité et numérisation au service du savoir
Fondée en 1987, la Bibliothèque publique Roi Abdelaziz complète cette démarche de préservation en intégrant très tôt les outils numériques. Elle conserve plus de 12 000 manuscrits, dont 6 500 originaux.
L’une de ses réalisations les plus marquantes est la numérisation de plus de deux millions de pages, désormais accessibles en ligne. Cette initiative a permis d’ouvrir les portes de ses trésors aux chercheurs du monde entier, transformant la bibliothèque en un centre de savoir connecté à la modernité.
Parmi ses collections les plus remarquables figurent des œuvres de référence comme Kalila wa Dimna de l’époque abbasside, al-Itqan fi ‘Ulum al-Qur’an de Jalal al-Din al-Suyuti ou encore un exemplaire rare du Sahih al-Bukhari.
La bibliothèque a aussi publié un catalogue méthodique des manuscrits qu’elle conserve, offrant aux spécialistes des informations détaillées sur l’auteur, la date de copie, le type de calligraphie ou encore l’état matériel de l’ouvrage.
À travers ses initiatives, la Bibliothèque publique Roi Abdelaziz illustre la volonté du royaume de conjuguer respect de la tradition et adoption des technologies les plus récentes.
Elle se distingue ainsi comme un centre incontournable pour l’étude de l’histoire intellectuelle et religieuse de la péninsule Arabique et du monde musulman.
Les bibliothèques d’Arabie saoudite sont bien plus que de simples espaces de stockage : elles sont de véritables gardiennes de la mémoire islamique et arabique.
En abritant certains des manuscrits les plus rares et les plus anciens, elles assurent la transmission d’un héritage précieux aux générations futures. Par la création de centres de restauration, la mise en place de programmes numériques et l’organisation d’expositions, Riyad affirme son rôle dans la préservation et la diffusion du savoir.
Ces trésors manuscrits, protégés avec soin, demeurent des témoins vivants d’une civilisation qui a façonné l’histoire du monde musulman.