Le Centre de la Civilisation Islamique de Tachkent : un pont entre le passé et l’avenir du monde musulman

12:58 - October 13, 2025
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IQNA-Au cœur de Tachkent, capitale de l’Ouzbékistan, s’élève l’un des projets culturels et scientifiques les plus ambitieux d’Asie centrale : le Centre de la Civilisation Islamique.

Conçu comme un symbole du renouveau spirituel, intellectuel et artistique de l’islam, ce centre vise à rétablir le lien entre le glorieux héritage de la civilisation islamique et son avenir dans le monde contemporain.

Lancé en 2017 à l’initiative du président Chavkat Mirzioïev, il reflète la volonté de présenter un visage authentique de l’islam — celui de la science, de la tolérance et du progrès — tout en rendant hommage aux grands savants ouzbeks tels qu’Imam al-Boukhari, al-Tirmidhi, Avicenne (Ibn Sina) ou encore al-Biruni.

Aujourd’hui presque achevé, ce complexe monumental s’impose comme un centre international de recherche, d’éducation et de dialogue entre cultures.

 

Une ambition nationale au service du patrimoine islamique

La création du Centre de la Civilisation Islamique s’inscrit dans la stratégie culturelle et identitaire de l’Ouzbékistan moderne. Officiellement approuvé le 23 juin 2017, le projet a été lancé lors de la fête de l’Aïd al-Fitr 2018, marquant symboliquement la renaissance d’un patrimoine spirituel ancien. Son objectif principal : revivifier l’héritage intellectuel et scientifique du monde musulman et le relier à la société contemporaine.

L’Ouzbékistan, berceau d’illustres érudits tels qu’Imam Boukhari, Avicenne ou Mirza Ulugh Beg, a joué un rôle central dans la formation de la pensée islamique. En érigeant ce centre, l’État souhaite rappeler la contribution majeure de ses savants à la philosophie, à la médecine, à l’astronomie et aux sciences religieuses. La mise en œuvre du projet a bénéficié de la coopération de l’UNESCO, de l’Organisation de la Coopération Islamique et de plusieurs institutions scientifiques internationales.

Plus qu’un simple monument, ce complexe de 7,5 hectares est un espace vivant dédié à la recherche, à la préservation et à la transmission du savoir islamique. Il incarne l’idée que la foi et la raison peuvent coexister et s’enrichir mutuellement, dans la continuité de la tradition intellectuelle de Samarcande et de Boukhara.

 

Une architecture symbolique entre tradition et modernité

Le bâtiment du centre, conçu par l’architecte Abdukahhor Turdiyev, illustre à merveille la fusion de l’art islamique classique et des technologies architecturales modernes. Inspirée des styles khorezmien, timouride et qarakhanide, sa structure monumentale s’étend sur 42 000 m² autour d’un dôme central de 65 mètres de haut, visible à des kilomètres. Ses quatre portails monumentaux rappellent la symétrie des médersas et caravansérails d’autrefois.

La façade extérieure, ornée de faïences turquoise et de motifs géométriques islamiques, témoigne du raffinement esthétique de l’art ouzbek. À l’intérieur, la lumière naturelle, les jardins traditionnels et les bassins reflétants évoquent la sérénité des anciennes cités musulmanes. Des technologies modernes, telles que des systèmes acoustiques avancés, des dispositifs de régulation thermique et un éclairage intelligent, garantissent un confort contemporain sans trahir l’esprit du lieu.

Cette alliance entre histoire et innovation fait du centre un symbole architectural du dialogue entre passé et futur. Le dôme, à l’instar de celui de la mosquée Bibi-Khanym à Samarcande, est devenu un repère visuel et spirituel pour la ville de Tachkent, incarnant la renaissance culturelle du monde islamique en Asie centrale.

Un pôle scientifique et culturel de dimension internationale

Le Centre de la Civilisation Islamique se distingue par son organisation interne en trois niveaux, chacun dédié à une mission spécifique : la conservation, la connaissance et la recherche.

Le niveau inférieur abrite les ateliers de restauration et de numérisation des manuscrits, ainsi que les salles de conservation des œuvres rares. Les conditions d’humidité et de température y sont strictement contrôlées afin de protéger les documents historiques.

Le premier étage est consacré au musée de la civilisation islamique d’Ouzbékistan. Sur plus de 15 000 m², il présente des expositions retraçant les grandes périodes de l’histoire islamique, de la naissance de l’islam jusqu’à l’époque timouride. Au centre trône la salle du Coran, où est conservé le célèbre Mushaf ‘Uthman, l’un des six exemplaires originaux du Coran attribués au califat d’Othman ibn ‘Affan. Cette pièce d’une valeur inestimable est protégée dans des conditions de sécurité exceptionnelles.

Le deuxième étage constitue le cœur académique du complexe. Il comprend une bibliothèque de plus de 100 000 manuscrits et ouvrages rares en arabe, persan, turc et russe, un institut de recherche sur la philosophie islamique, un centre d’enseignement supérieur pour la formation de chercheurs, ainsi qu’une base numérique internationale des manuscrits islamiques. Parmi les projets en cours figurent le catalogue électronique des manuscrits islamiques eurasiens et le programme “Rare Manuscripts Related to Uzbekistan in Global Collections”, qui identifie et numérise les textes liés à la culture ouzbèke conservés à Londres, Paris, Istanbul ou Le Caire.


Ce centre ne se limite pas à la préservation du passé : il se veut acteur du savoir contemporain. Plus de 4 000 chercheurs et experts ouzbeks et étrangers participent à ses 823 projets scientifiques et culturels. Leurs travaux, relayés par 270 médias internationaux, donneront lieu à la publication de centaines d’ouvrages, expositions, films documentaires et objets d’art. Cette effervescence intellectuelle fait du centre un véritable laboratoire de la modernité islamique.

Le Centre de la Civilisation Islamique de Tachkent n’est pas qu’un monument spectaculaire : c’est une déclaration de vision. En unissant mémoire et innovation, il redonne vie à l’héritage scientifique et spirituel des grandes figures de l’islam et le met au service des générations futures. Par la richesse de ses manuscrits, la beauté de son architecture et la vitalité de ses recherches, il rappelle que la civilisation islamique fut, et demeure, un espace où se rencontrent foi, science et art. À l’image de son dôme majestueux qui domine la capitale, ce centre incarne la promesse d’un nouvel âge de lumière intellectuelle pour le monde musulman.

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