Bruxelles: la Ville renonce à un site d’abattage temporaire
Pour la première fois depuis de nombreuses années, la Ville de Bruxelles ne mettra pas en place, fin septembre, un site d’abattage temporaire pour permettre aux familles musulmanes qui le souhaitent de faire tuer un mouton pour célébrer l’Aïd-el-Kébir. C’est ce qu’a annoncé ce vendredi midi Karine Lalieux, l’échevine de la Propreté Publique à la Ville.
Il s’agit d’une décision totalement inattendue puisque la Ville avait bien prévu, cette année, de mettre en place un tel abattoir. Mais le Conseil Consultatif des Mosquées de la Ville de Bruxelles (CCMB) en aura finalement décidé autrement. Celui-ci, partenaire et interlocuteur musulman privilégié de la Ville, a finalement annoncé qu’il boycottera, cette année, le sacrifice du mouton. Une décision que la Ville respectera à la lettre, décidant de ne pas se tourner vers d’autres entités pour une éventuelle solution.
Avec cette décision de la Ville de Bruxelles, le mouvement de boycott du sacrifice 2015, dont nous avions rapporté l’existence la semaine dernière, prend désormais une toute autre dimension. Lancé par des citoyens musulmans, cet appel au boycott vise à montrer la colère de la communauté musulmane face aux décisions prises en Flandre et en Wallonie. Les deux Régions ont en effet décidé cette année d’interdire l’égorgement de moutons qui n’ont pas été étourdis dans les sites d’abattage temporaires situés sur leur territoire. Ceci, expliquent les deux entités fédérées, afin de se plier à une directive européenne.
Une décision qui est vécue comme une stigmatisation de plus à l’encontre des musulmans. Rappelons que la Région bruxelloise ne faisant pas la même lecture de cette directive européenne, les quatre sites d’abattages temporaires de la capitale - situés à Anderlecht, Molenbeek, Schaerbeek et Bruxelles-ville - étaient donc bien prévus cette année. Et que sur le site d’abattage de la Ville, quelque 400 moutons avaient été égorgés en 2014.
Selon Karine Lalieux, la Ville ne pouvait qu’annuler. "Sans le CCMB la Ville est dans l’impossibilité d’organiser ce service. Par ailleurs, on respecte les recommandations qu’il adresse à ses fidèles", explique l’échevine, qui ne craint pas que le phénomène des carcasses ne refasse son apparition. Evere et Saint-Josse, dont les habitants pouvaient utiliser le site bruxellois, ont également été informées hier. "Je compte trouver un accord avec Anderlecht", explique le bourgmestre tennoodois Emir Kir (PS), tandis qu’Evere prendra une décision en début de semaine.
dhnet.be
