En France, il vaut mieux s’appeler Michel que Mohammed pour être embauché

11:39 - October 11, 2015
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Paris(IQNA)-Une étude de l’Institut Montaigne pour l’émission « Complément d’enquête » met en exergue les discriminations à l’embauche. L’étude est menée par Marie-Anne Valfort, économiste et spécialisée en discrimination sur le marché du travail. Afin d’évaluer la réalité de terrain, des profils identiques en tous points ont été créés, à l’exception de la religion. Ces candidatures ont été envoyées durant un an. Le taux de convocation a ensuite été analysé.

Tous sont Français d’origine libanaise, titulaires d’un BTS comptabilité, sont nés à Beyrouth en 1988, sont nommés Haddad, arrivés en France  en 2003 et naturalisés en 2008.
Au-delà de leurs prénoms (Esther, Dov, Nathalie, Michel, Samira et Mohammed), des éléments suggèrent leur appartenance religieuse : une scolarité dans un établissement confessionnel et un engagement dans l’association de scoutisme de leur communauté respective.
Les résultats de l’enquête sont sans appel : il vaut mieux paraître catholique que juif ou musulman pour être embauché en France. Le candidat perçu comme « musulman pratiquant » aura deux fois moins de chances d’être rappelé pour un entretien.
Et même avec un profil suggérant un parcours plus riche et diversifié en terme de compétences et expériences, les catholiques ont cinq fois plus de chances de décrocher un entretien que les musulmans avec le même parcours d’exception.
Selon Marie-Anne Valfort, les discriminations ne s’arrêtent pas avant l’entretien mais sont présentes à toutes les étapes du recrutement, comme le soutiennent toutes les études sur le sujet. La cause ? « L’image dégradée de l’Islam en France », associé à l’extrémisme religieux et à l’oppression de la femme.
« Ces deux stéréotypes vont alimenter une discrimination très forte, en particulier à l’égard des hommes musulmans. Le recruteur les perçoit comme un risque accru de pratique religieuse transgressive sur le lieu de travail et les associe à un risque d’insubordination. »
Et pour supporter sa thèse, Marie-Anne Valfort a créé des « profils laïcs » et comparé le taux de convocation engendré. En se montrant laïcs, les chances sont doublées d’être convoqué. Alors que l’attachement des candidats au catholicisme semble faire naître chez les recruteurs une impression de gage précieux de discipline, l’islam laisse entendre bien des complications.
ajib

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