Après les attentats de janvier, « nous avons assisté à une recrudescence des actes anti-musulmans. Je crains que cela ne se reproduise encore cette fois-ci », s’inquiète Amine Nejdi, président du Conseil régional du culte musulman (CRCM). Pour lui, « la meilleure réponse à apporter après les derniers attentats de Paris, c’est de montrer notre unité et d’éviter tout amalgame entre les musulmans et les terroristes ».
La Lorraine dispose d’une centaine de mosquées et de salles de prière. « A ma connaissance, nous n’en comptons aucune qui regroupe des salafistes ou est dirigée par un imam de cette mouvance », indique le responsable religieux, lui-même imam, plutôt conservateur mais totalement inséré dans la société, de la mosquée de Tomblaine, l’une des plus importantes de l’agglomération nancéienne. « Je ne pense pas non plus qu’il existe de mosquées clandestines, très difficiles à installer », poursuit M. Nejdi.
« Les jeunes radicalisés ne fréquentent pas les mosquées »
Les services policiers estiment à une centaine les jeunes radicalisés en Moselle et à une cinquantaine autour de Nancy. « Ce chiffre me paraît exagéré, mais la police est souvent mieux renseignée que nous. En France, un imam salafiste va tout de suite être repéré ». Quant aux jeunes radicalisés, en fait, « nous ne les voyons pas, ils ne fréquentent pas les mosquées et ce n’est pas là qu’on va les trouver. Leur imam, c’est internet, ce sont les réseaux sociaux. Pour nous, ils sont quasiment impossibles à détecter ».
Conscients des dangers que les attentats font peser sur eux, les responsables musulmans se mobilisent à tout niveau. L’Association culturelle et cultuelle islamique de Piennes, dans le Pays-Haut, a par exemple exprimé dans un message sa « volonté de s’inscrire et de s’engager dans l’espace public et républicain français et de partager avec l’ensemble des concitoyens les valeurs de solidarité, de citoyenneté et de bien vivre tous ensemble ». La condamnation unanime pourrait toutefois ne pas suffire, comme l’a montré lundi la psychose générée près de Pagny-sur-Moselle dans un train à la seule vue d’un homme qui lisait le Coran.
Facilement reconnaissables à leur qamis, leur longue tunique souvent confondue avec une djellabah, « les salafistes ne sont pas tous des djihadistes (lire ci-contre). Beaucoup refusent la barbarie, ne sont pas prosélytes. Attachés à leur idéologie, ils ne fréquentent pas la communauté », indique Amine Nejdi. « Généralement, ils sont poussés dans cette voie par la fragilité sociale. Ils ne discutent jamais avec nous. Ils manquent de connaissances théologiques et refusent la confrontation et le débat. Parfois, avec l’âge, quand ils ont fondé une famille, ils reviennent vers nous. » Pas le cas des terroristes qui ont, pour beaucoup, choisi de quitter la France : « Aucune logique ne justifie les attentats. Ils attaquent les symboles » au nom d’un islam dévoyé, conclut Amine Nejdi.
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