Les musulmans indiens menacés de perdre leur citoyenneté et d’expulsion

11:58 - February 24, 2020
Code de l'info: 3472081
De nombreux Indiens, en particulier les musulmans, qui manquent de preuves pour prouver leur citoyenneté, risquent de perdre leur citoyenneté et d'être expulsés du pays. 
En décembre dernier, l'Inde a adopté une loi accordant la citoyenneté indienne aux réfugiés de six minorités religieuses du Pakistan, du Bangladesh et d'Afghanistan, et les musulmans ont été exclus de cette loi. D'autre part, selon le Plan national d’enregistrement des citoyens (NRC), les musulmans sont tenus de fournir des documents au gouvernement sur leurs ancêtres, indiquant qu'ils vivaient en Inde avant l'indépendance du Bangladesh en 1971. La mise en œuvre du plan qui a jusqu'à présent, été appliquée dans la région nord-est de l'Assam, était une des promesses du parti Bharatiya Janata (BJP) lors des élections générales de 2019.
 
Le projet ainsi qu'un amendement à la loi sur la citoyenneté indienne, ont déclenché la colère des musulmans et de militants sociaux qui considèrent cette loi comme discriminatoire. 
 
Dans un rapport de la journaliste indienne Puja Changoiwala, le magazine américain « Foreign Policy » présente les effets de cette loi sur les citoyens musulmans indiens.
 
Le rapport souligne que la plupart des musulmans en Inde, n'ont pas de papiers d'identité. Aujourd'hui, 38% des enfants indiens de moins de 5 ans n'ont pas de certificat de naissance. D'autres documents peuvent combler ces lacunes mais la plupart des gens, en particulier les personnes âgées, ne les ont pas. L'ignorance, l'inaccessibilité des centres d'enregistrement et l’absence de nécessité de ces certificats pour accéder aux services sociaux, sont les principales raisons du manque de certificat d’identité parmi ce groupe de personnes. 
مسلمانان هند و تهدید از دست دادن شهروندی و اخراج
Les données du gouvernement montrent que 6,8 millions de nouveau-nés n'ont pas été enregistrés en Inde, entre 2015 et 2016, et les chiffres sont pires pour les personnes âgées nées à la maison (en raison du manque de services administratifs à l'époque de leur naissance).
 
Dans ce rapport, Puja Changoiwala déclare que le gouvernement prétend que ce plan ne touche pas les musulmans et écrit : « Il y a un grand écart entre les slogans du gouvernement concernant le recensement national, et ce que disent les critiques. Mais le bilan le plus optimiste d'un gouvernement fortement nationaliste dirigé par le Parti Bharatiya Janata (BJP) crée des doutes car Bharatiya Janata est prêt à sacrifier les musulmans. Suite à l'approbation de l'amendement sur la citoyenneté indienne, il y a eu de nombreuses manifestations dans tout le pays, qui ont fait 25 morts et des milliers de gens ont été arrêtés. Le gouvernement, d’un autre côté, a suspendu le plan national d'enregistrement des citoyens et a annoncé qu'il n'avait pas l'intention de l’appliquer aux minorités religieuses.
 
Puja Changoiwala a ensuite abordé les discours du Premier ministre indien Narendra Modi, lors des élections nationales, et déclaré que Modi dans ses discours lors des rassemblements électoraux à New Delhi, avait annoncé que les deux plans ne concernaient pas les musulmans de l'Inde et qu’il n’y avait pas de musulmans indiens dans les centres de détention. C'était une combinaison de mensonge et de vérité. Les critiques ont qualifié l'Amendement de la citoyenneté indienne (CAA) de plus grande cause de conflit social après l'indépendance, et de projet d’un gouvernement qui vise à construire un État entièrement hindou et à transformer de nombreux musulmans en apatrides. 
 
Maulana Khaled Rashid, chef du Centre islamique de Lucknow dans le nord de l'Inde, a mis en place une ligne de communication il y a deux semaines, pour dissiper les craintes et sensibiliser la communauté musulmane de la région. Selon lui, au moins 150 appels sont reçus quotidiennement de musulmans qui craignent d'être expulsés du pays faute de documents et d'informations sur leur généalogie.
 
Puja Changoiwala a ensuite évoqué les mesures prises par les communautés musulmanes et cité Nishat Hussain, fondatrice de l’association nationale des femmes musulmanes de Jaipur, qui a dit : « De nombreux musulmans s'inquiètent pour leur avenir et participent aux manifestation contre ce projet de loi. De nombreux musulmans ont des documents, des passeports et des cartes d'identité avec les 12 chiffres des citoyens indiens. Cependant, à Assam, bon nombre de ces personnes ont été touchées par la mise en œuvre du NRC (la nouvelle loi), malgré la possession de ces documents car le gouvernement exige des vieux documents auxquels il est impossible d'accéder ».
 
Puja Changoiwala cite aussi Nasim Qureshi, une femme du Rajasthan âgée de 24 ans, qui dit : « J'ai peur de perdre mes proches si ces lois deviennent opérationnelles. Mes parents disent que nous avons nos documents mais beaucoup de mes amis et parents n'en ont pas. J’ai peur qu’ils soient expulsés du pays, le gouvernement de l'Inde cherche à détruire les familles ». 
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