Le coronavirus a ravivé la guerre en Libye

10:01 - April 27, 2020
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Téhéran(IQNA)-La lutte pour le pouvoir se poursuit entre les forces de Khalifa Haftar, l’homme fort de l’Est libyen, et celles du Gouvernement d’union nationale (GNA), basé à Tripoli.
Les appels de l’Allemagne, de la France, l’Italie et du haut représentant de l’Union européenne à une « trêve humanitaire » en Libye à l’occasion du Ramadan n’y changent rien. La lutte pour le pouvoir se poursuit entre les forces de Khalifa Haftar, l’homme fort de l’Est libyen, et celles du Gouvernement d’union nationale (GNA), basé à Tripoli.
 
400 000 déplacés en un an
Depuis que le maréchal Haftar a lancé son offensive sur Tripoli, il y a un peu plus d’un an, le conflit a fait environ 400 000 déplacés. « Nous avons maintenant une tempête parfaite, un conflit qui s’intensifie, directement alimenté par des parties externes ; une guerre par procuration en plein essor », affirmait, jeudi 23 avril, la représentante spéciale de l’ONU par intérim Stephanie Williams.
 
« Nous avons des institutions divisées, le dysfonctionnement, la corruption et une économie en difficulté », ajoutait la diplomate américaine. « Depuis le blocus imposé vers la mi-janvier, le pays a perdu au moins 4 milliards de dollars en revenus pétroliers. Et, ce n’est pas le moindre, la pandémie Covid-19 s’ajoute à une infrastructure de santé décimée. »
 
Les forces du GNA soutenues par la Turquie marquent des points
Depuis plusieurs semaines, les forces du GNA, soutenues par la Turquie, ont marqué des points. Une offensive leur a permis de prendre le contrôle de six villes côtières, dont Surman, Sabratha et Al-Ajilat. Le GNA maintient, par ailleurs, sa pression sur la base aérienne de Wattiya dans l’Ouest libyen.
 
À l’est de Tripoli, les forces du GNA poursuivent l’encerclement de Tarhuna, la ville-forteresse des forces pro-Haftar, à 65 km au sud-est de Tripoli. « Les Turcs procèdent de manière méthodique avec une stratégie claire basée sur la technologie de leurs drones pour couper leurs lignes d’approvisionnement, de Bani Walid vers Tarhuna et de Tarhuna vers le sud de Tripoli », analyse Jalel Harchaoui, chercheur à l’Institut Clingendael et spécialiste de la Libye. Sur la défensive, les forces pro-Haftar répliquent en intensifiant leurs bombardements sur les banlieues au sud de la capitale libyenne.
 
Livraisons d’armes et afflux de mercenaires
Les violations de l’embargo de l’ONU sur les armes se poursuivent au profit des deux camps. Les Émirats arabes unis réapprovisionnent en armement et munitions le maréchal Haftar par voie aérienne dans les aéroports de l’est libyen. La Turquie livre des armes par bateau vers Misrata et Tripoli. La Libye est devenue un champ expérimentation pour de nouveaux systèmes d’armes déployés en zone urbaine, comme le bazooka lance-flammes, utilisé par les forces pro-Haftar dans la banlieue sud de Tripoli et les drones suicide explosant à l’impact. Chaque camp compte désormais des combattants syriens, venus s’ajouter aux mercenaires soudanais et tchadiens présents dans les rangs pro-Haftar, sans oublier les paramilitaires Russes du groupe Wagner.
 
Rien ne semble devoir arrêter cette course à l’abîme. Le maréchal Haftar a sollicité ses deux principaux sponsors, les Émirats arabes unis et la Russie, pour renforcer son arsenal et ses effectifs. Toujours à la recherche d’une victoire militaire, l’homme fort de l’Est cherche des pilotes et des mercenaires supplémentaires pour lancer sa contre-attaque au sud de Tripoli.
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