Les événements du Congrès américain ont montré que certains pensent encore qu’ils vivent dans le Far West

10:34 - January 09, 2021
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Téhéran(IQNA)-La défaite des républicains aux élections sénatoriales et la perte de la majorité dans cette assemblée ont montré que le Parti républicain est confronté à une grande crise.

Lors de l'élection de 1932 qui a eu lieu au milieu de la Grande dépression post-1929, le président républicain de l'époque, Herbert Hofer, avait perdu lourdement face au démocrate, Franklin Roosevelt. En outre, le Parti républicain avait perdu le contrôle et la suprématie dans les deux chambres du Congrès. Chose qui s’est répétée après 88 ans.

Stephen Chan, auteur et professeur de politique mondiale à l’école des études orientales et africaines (SOAS) de l'Université de Londres, a qualifié l'attaque des partisans de Trump contre le Congrès américain, d'acte de sauvagerie, et a déclaré : « Les lois américaines, en particulier les licences d'armes à feu, ont amené certaines personnes à agir comme au Far West et cela a été exacerbé par la présence d'un président comme Trump. Non seulement beaucoup d'entre eux ont des Colts 45 mais aussi des fusils d'assaut qui devraient appartenir à l'armée plutôt qu'à des gens ordinaires. La loi qui autorise les armes à feu aux États-Unis, donne à de nombreuses personnes un sentiment de pouvoir et l’impression de vivre dans le Far West, et cela était tout à fait évident dans les récents événements au Congrès. Les événements de la nuit dernière, dans le Capitole américain, et l'attaque des partisans du président américain sortant, Donald Trump, sont une des pages les plus sombres de l'histoire politique américaine, une grande défaite pour la société civile américaine, mais aussi un signe de la rupture profonde qui existe dans la société américaine.

Né en 1949 en Nouvelle-Zélande, dans une famille d'immigrants chinois, Chan a obtenu son doctorat en politique internationale à l'Université Kent du Royaume-Uni et a publié de nombreux articles sur les relations internationales dans la presse universitaire, des revues spécialisées et des journaux, et a reçu en 2010 le Prix de l’Association des études internationales d’Award et l'Ordre de l'Empire britannique pour ses « Service à l'Afrique et à l'enseignement supérieur », la même année.

Dans une interview avec l'Agence iranienne de presse coranique (IQNA), il a déclaré au sujet des événements qui se sont déroulés au Congrès américain : « Ce que nous avons vu aux États-Unis, est un président dont le narcissisme va au-delà du respect des relations constitutionnelles. Même les décideurs politiques de droite et son ancien conseiller qui sont très éloignés du libéralisme, ont constamment critiqué la personnalité du président Trump. Le vrai problème des États-Unis est le grand nombre de personnes qui ont cru à la propagande sans fondement du président, au cours de ses quatre années au pouvoir. Mise à part la technologie (dans le domaine des communications), qui a rendu les élections plus compliquées pour le peuple américain, il semble que les gens croient toute information qui correspond à leurs préjugés et à leurs tendances. Ces événements montrent que Biden, en tant que nouveau président, devra travailler très dur pour mettre en œuvre un programme libéral aux États-Unis et au niveau international. À l'intérieur du pays, il a choisi un cabinet très diversifié. Pour la première fois, ce cabinet s'apparente aux cabinets français dans lesquels se reflète le pluralisme de la population. Reste à savoir si cette technocratie pluraliste pourra répondre à la situation mouvementée et à l'épidémie de COVID-19 qui exigera au moins un an aux États-Unis, pour retrouver leur dynamisme économique, tandis que la Chine a maintenant un an d'avance sur les États-Unis dans la compréhension et le contrôle de la maladie. En politique étrangère, Biden recherchera la confiance de ses alliés européens et d'autres alliés occidentaux. En raison du Brexit, les États-Unis sont plus attachés à l'Europe que la Grande-Bretagne. La guerre commerciale avec la Chine se poursuivra, mais malgré l'utilisation par Trump, d'outils politiques, pour limiter la capacité d'exportation et réduire les intérêts économiques communs avec la Chine, davantage d’activités seront faites dans le domaine économique.

Dans la situation actuelle, en raison de la nécessité de travailler avec l'Europe, il y aura une véritable recherche d'une solution à la question de l'Iran. John Kerry fait partie du cabinet de Biden. Les dirigeants européens comme Macron, estiment qu'il existe un moyen de négocier avec Biden. Mais il n’y a pas de formule magique. Plusieurs mois de négociations sont à prévoir et les deux parties devront faire preuve de retenue dans les moments critiques, et de plus de bonne volonté que dans les années de Trump. L’un des bons signes au Moyen-Orient, est la décision de l'Arabie saoudite de mettre fin aux sanctions contre le Qatar. Cela faisait au moins partie du signal envoyé par Biden. Je ne serais pas surpris si Doha devenait le lieu de nombreux pourparlers au Moyen-Orient, ainsi que de pourparlers entre les États-Unis et l'Iran. Des réunions bilatérales confidentielles peuvent être un premier pas, comme le sommet de Doha, avec des discussions sur des mesures rassurantes. Peu importe ce qui aura été dit pendant les années Trump. Pour les Iraniens, la coopération avec le Qatar et la France, sera le prélude à des négociations avec les États-Unis ».
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