
La découverte de plusieurs fosses communes où des centaines d'enfants amérindiens des pensionnats catholiques des XIXe et XXe siècles, ont été enterrés, a été largement rapportée dans le monde entier. Il s'agit d'un scandale majeur pour l'Église catholique, et le premier ministre du Canada a demandé au pape de s'excuser auprès des Amérindiens.
À partir de 1831, de nombreux enfants d’autochtones ont été séparés de force de leurs familles et emmenés dans des pensionnats, au Canada. Beaucoup d'entre eux ne sont jamais rentrés chez eux et leurs familles ont reçu de vagues explications. On estime qu'environ 150 000 enfants étaient inscrits dans environ 150 pensionnats.
Le mois dernier, une communauté autochtone de la Colombie-Britannique a déclaré avoir compris ce qui était arrivé à certains des enfants disparus, après la découverte d’une fosse commune contenant les restes de 215 enfants, sur le site d'un ancien pensionnat.
Rozan Casimir, président d'une association locale, a déclaré avoir utilisé un radar pour trouver les restes près du site du pensionnat de Kamloops, qui a fonctionné de 1890 à 1970.
« C'est une réalité amère de notre histoire », a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse, « C'est une chose pour laquelle nous avons toujours dû nous battre pour la prouver. Pour moi, cela a toujours été un sujet très effrayant ».
À partir du XIXe siècle, le Canada a créé un système de pensionnats principalement dirigés par des églises et qui gardaient de force des enfants autochtones. Le système s’est affaibli dans les années 1970 et la dernière école de ce type a fermé en 1996.
Auparavant, une Commission nationale pour la réconciliation et la vérité, mise en place dans le cadre de l'enquête du gouvernement sur les écoles, avait déclaré qu'au moins 4 100 élèves étaient morts, beaucoup d'entre eux des suites d'abus ou de négligence, de malnutrition, de maladie ou d'accident. L'étude a révélé que dans de nombreux cas, les familles n'étaient jamais mises au courant du sort de leurs enfants.
Kamloops, était le plus grand pensionnat du Canada avec environ 500 élèves, dirigé par l'Église catholique jusqu'en 1969, date à laquelle il a été repris par le gouvernement fédéral.
Après la découverte des tombes, Michael Miller, archevêque de Vancouver, a déclaré dans un communiqué : « La douleur causée par de telles nouvelles montre notre besoin continu de se rappeler l'état déplorable des pensionnats gérés par l'église. Le temps n'élimine pas cette souffrance ».
En 2018, le pape François avait refusé de présenter des excuses sur cette question. Dans une lettre ouverte aux Canadiens autochtones, l'évêque Lionel Gendron, président de l'Association des évêques catholiques du Canada, avait expliqué ce refus du pape de s'excuser et déclaré dans un communiqué : « Après avoir soigneusement examiné la pétition et après de longues discussions avec les évêques du Canada, le pape a estimé qu'il ne pouvait pas répondre personnellement ».
En 2015, la Commission vérité et réconciliation a conclu dans son enquête, que les internats étaient en fait, un programme de « génocide culturel », et que l'utilisation des langues et coutumes autochtones dans ces écoles, était parfois interdite par la force et la violence.
La commission a trouvé des preuves de négligence et de mauvais traitements à Kamloops au cours des dernières décennies. En 1918, un inspecteur du gouvernement a déclaré que les enfants souffraient selon lui, de malnutrition.
Géraldine Bob, une ancienne élève de l'école, a déclaré à la commission que le personnel de l'école frappait les enfants, les cognait contre le mur ou les faisait tomber au sol, et donnait aux enfants des coups de pied et des coups de poing.
Casimir a déclaré que la recherche des restes à Kamloops, avait commencé au début de 2000, parce que les explications officielles des autorités (que certains de ces enfants s’étaient enfuis de l'école) contredisaient les récits des anciens élèves.
Vendredi, le Premier ministre canadien, Justin Trudeau, a appelé le pape à s'excuser pour la mauvaise gestion des pensionnats pour enfants autochtones à la suite de la découverte de près de 1 000 corps supplémentaires dans deux fosses communes.
« J'ai personnellement parlé directement au pape François pour souligner que non seulement ses excuses sont importantes, mais qu'il doit s'excuser auprès des Canadiens autochtones sur le sol canadien », a déclaré Trudeau aux journalistes à Ottawa, « Je sais que la direction de l'Église catholique est à l'étude et participera activement aux prochaines étapes ».
L'archevêque de Toronto a tweeté vendredi, que le cardinal Thomas Collins avait accepté la démission de Mgr Owen Keenan qui avait déclaré que l'église avait aussi fait du bien dans les pensionnats.
« Nous nous excusons pour la douleur causée par ses récentes remarques », a tweeté l'archevêque, « les deux tiers des habitants du pays blâment l'église que nous aimons pour ce qui s'est passé là-bas, et nous n'avons pas le droit de dire que du bon travail a été fait dans ces écoles ».