Victoire des candidats musulmans aux élections américaines

7:51 - November 06, 2021
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Téhéran(IQNA)-Fébrilement attendu par l’Amérique profonde, celle des territoires qui s’étendent à perte de vue, dotés de paysages variés offrant le spectacle grandiose de la diversité naturelle, le verdict des urnes a tranché, mardi 2 novembre, en faveur de la diversité américaine rayonnante… Non pas celle de la faune et la flore, mais en politique. 
Victoire des candidats musulmans aux élections américainesDans cette immense contrée, aux confins qui semblent parfois illimités, pas moins de onze candidats musulmans, briguant soit le fauteuil très convoité de maire, soit un siège aux conseils municipaux, sont les grands vainqueurs d’élections âprement disputées, dont la portée, dans certains Etats, fut éminemment nationale. 

Entrant par la grande porte au coeur de plusieurs centres névralgiques du pouvoir local, notamment dans le Massachusetts, le Michigan, le Minnesota, le New Jersey, l’Etat de New York et la Pennsylvanie, leur succès historique redessine à lui seul les contours du paysage politique des Etats-Unis. Un paysage qui apparaît bien moins contrasté sous les coupoles des temples décisionnels que ceux qui s’exposent à la vue de tous, à ciel ouvert…

Parmi ces heureux élus (femmes et hommes), qui peuvent se targuer d’avoir conquis les coeurs et les suffrages, trois d’entre eux, partis vaillamment à la conquête des Hôtels de Ville respectivement de Dearborn, Hamtramck et Dearborn Heights, se sont particulièrement illustrés en remportant des baronnies réputées imprenables.

Chaudement félicités par la direction du CAIR, l’organisation phare de défense des droits civiques des musulmans américains, laquelle n’a pas tari d’éloges envers les huit autres outsiders plébiscités par les électeurs, Abdullah Hammoud, 31 ans, Amer Ghalib, 42 ans, et Bill Bazzi, 58 ans, incarnent magnifiquement la diversité au pouvoir sur le véritable damier territorial de l’Amérique, celui des comtés et des districts.

Fort de 55% des voix, Abdullah Hammoud, fier de ses racines libanaises, a damé le pion en beauté à l’indéboulonnable Gary Woronchak. Il s’est vu remettre les précieuses clefs de la ville de Dearborn, d’une valeur inestimable à ses yeux.

« Aux jeunes filles et garçons qui ont été raillés, insultés et humiliés en raison de leur foi ou de leur origine ethnique, à ceux d’entre vous qui ont déjà eu l’impression que vous n’étiez pas les bienvenus ici, en Amérique, à nos parents et à toutes celles et ceux qui ont été rabaissés, méprisés pour leur anglais approximatif, ma victoire est la preuve que vous êtes aussi américain que n’importe qui d’autre, et qu’une nouvelle ère s’ouvre à Dearborn », a-t-il proclamé avec exaltation lors de son grand soir, tandis qu’une centaine de sympathisants l’acclamaient, sous le regard ému de sa famille et très attendri de sa maman, qui oscillait entre sourire et larmes.

Tombeur de Karen Majewski en lice pour un cinquième mandat, Amer Ghalib, qui quitta à 19 ans son Yémen natal et forgea sa réussite, sur le sol de la bannière étoilée, à force de travail et de persévérance, peut s’enorgueillir d’avoir réussi un joli doublé : il a non seulement mis un terme au long règne de la première magistrate d’Hamtramck, mais aussi à l’hégémonie, vieille d’un siècle, de maires polonais dans cette cité du Michigan. Bien qu’ayant le triomphe modeste, sa victoire électorale est éclatante, et marque un tournant décisif dans la gestion de la municipalité.

Ayant repris le flambeau de maire en janvier dernier, non sans fierté et au débotté, après le décès brutal de l’édile de Dearborn Heigths, lié au coronavirus, Bill Bazzi, très attaché à ses racines libanaises, vient de confirmer tous les espoirs que son camp plaçait en lui. Fort de la légitimité incontestable que lui confèrent les urnes, à travers l’impressionnant score de 72% des voix, il grave son nom, en lettres d’or, dans l’histoire institutionnelle de Detroit.

Comblé, au-delà de ses espérances, par la percée prodigieuse de onze candidats musulmans aux élections locales, Robert McCaw, le directeur des affaires gouvernementales du CAIR, exulte depuis mardi soir, pleinement conscient de vivre un moment historique qui, l’espère-t-il, inaugure une ère politique nouvelle dans une Amérique riche de ses paysages diversifiés.   

« Voilà à quoi ressemble l’Amérique ! C’est la diversité en politique, dans la fonction publique. Les formidables résultats obtenus par les candidats musulmans aux récentes élections locales illustrent la confiance que les Américains leur accordent! ».
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