La défaite évidente des Etats-Unis en Afghanistan
Téhéran(IQNA)-« Quitter l'Afghanistan a été une défaite évidente pour l'administration Biden. Cela a ramené les États-Unis là où ils étaient il y a 20 ans. La supériorité militaire des talibans a laissé le groupe réticent à rechercher des solutions politiques, ce qui a conduit à la chute du gouvernement afghan », a déclaré Marvin G. Weinbaum, professeur principal de sciences politiques à l'Université de l'Illinois à Urbana-Champaign.
De 1999 à 2003, Weinbaum a travaillé comme analyste pakistano-afghan au bureau du renseignement et de la recherche du département d'État. Ses recherches, son enseignement et ses conseils se sont concentrés sur les questions liées à la sécurité nationale, au gouvernement, à la démocratisation et à l'économie politique en Afghanistan et au Pakistan. Il est l'auteur de six livres et de plus de 100 articles sur des sujets liés aux deux pays, et est actuellement directeur du Centre d’études sur l’Afghanistan et le Pakistan, à l'Institut de Washington pour le Moyen-Orient, aux États-Unis.
Dans un entretien avec l’Agence iranienne de presse coranique (Iqna), il a déclaré : « Une plus grande attention devrait être accordée à l'accord américain avec les talibans, en février 2020. C'était vraiment là que les États-Unis et leurs alliés dans le conflit, ont décidé de quitter l'Afghanistan. Cependant, je pense que de nombreux responsables de la défense et politiciens afghans pensaient que les États-Unis avaient trop investi en Afghanistan pour quitter complètement le pays. Lorsqu'il est devenu clair que les États-Unis avaient l'intention de se retirer complètement, les forces de sécurité (afghanes) ont perdu la volonté de se battre, puis ce n'était qu'une question de temps et personne ne s'attendait à ce que les talibans reprennent le pouvoir aussi vite. Après les élections (en Afghanistan), il était devenu clair que les talibans n'avaient pas l'intention de négocier, même s'ils n'ont pas officiellement quitté les négociations, ils envisageaient clairement la possibilité d’une victoire militaire. Cependant, l'Afghanistan a radicalement changé et le pays est très différent du pays dirigé par les talibans dans les années 1990, où les villes étaient désertes et peu peuplées.
J'étais à Kaboul en 1997 et c'était une ville fantôme. Aujourd'hui, les talibans sont face à une ville différente. Kaboul est une ville dynamique, et au cours des 20 dernières années, des institutions dans les domaines de l'éducation et de la santé ont vu le jour. Cette ville est devenue une véritable capitale et a atteint un stade que le pays n'a jamais vu auparavant. Les autres pays doivent accepter ce qu'ils (les talibans) ont fait, même si c'est une grande déception. Toutes les puissances régionales, y compris le Pakistan, leur avaient conseillé d'avoir au moins, un gouvernement et un cabinet, qui ne comprenne pas que des talibans pachtounes et des vétérans des années 1990. Mais ils ont ignoré ces recommandations et étant donné leur victoire militaire, ils font ce qu’ils veulent.
Dans les affaires internationales, ils peuvent être très pragmatiques et traiter avec des pays avec lesquels ils n'ont aucune entente idéologique, les deux exemples les plus évidents sont la Chine et l'Inde. Ils établiront des relations politiques et économiques avec ces pays parce que c'est dans leur intérêt, mais si ces pays leur demandent des changements dans leur politique intérieure, je pense qu'ils seront ignorés. Cependant il est très important de savoir que l'Afghanistan ne peut être géré sans coopération avec les pays voisins ».
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