Chez nous l’éducation coranique est un métier familial qui passe de génération en génération

6:03 - December 08, 2021
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Téhéran(IQNA)-L’enseignement du Saint Coran a connu une forte évolution à la fin du XXe siècle en Afrique de l’Ouest. Le Coran est à la fois, un symbole et un guide. C’est une obligation pour tous les enfants musulmans de savoir lire et écrire le Coran, et surtout de maîtriser le Coran dès l’enfance.

M. Abdoulaye Mohamed Hamis, enseignant coranique au BéninA ce propos, nous avons interviewé M. Abdoulaye Mohamed Hamis, enseignant coranique au Bénin.

Merci d’avoir accepté cet entretien, Monsieur, veuillez vous présenter s’il vous plaît.
Je suis Abdoulaye Mohamed Hamis, enseignant du Saint Coran, à l'école coranique Al-Houda. Je suis béninois et je vis à Cotonou.

En quelle année avez-vous débuté l’enseignement du Saint Coran et quelles sont les expériences que vous avez acquises au cours de votre carrière ?

J’ai commencé en 2005, pour prendre le relais de notre cher père qui avait 90 ans et était notre enseignant dans le passé. Avec plus de 15 ans de service, j’ai accumulé plusieurs expériences notamment sur l’évolution des jeunes enfants, leurs performances et leurs difficultés, et le niveau de chacun d’eux.

Chez nous l’éducation coranique est un métier familial qui passe de génération en génération

M. Abdoulaye Mohamed Hamis, directeur de l'école coranique de Cotonou, Bénin

Le Saint Coran est-il un guide ? Si oui veuillez nous expliquez.
Le Coran est le Livre Sacré de Dieu, la Parole d’Allah révélée à notre Prophète (paix et bénédiction sur lui). Le Saint Coran nous oriente dans le droit chemin et nous protège du péché. C’est l’élément primordial que tout être humain doit avoir afin de connaître le Seigneur et d’être un croyant véridique.

Comment arrivez-vous à transmettre l’art et la maîtrise du Coran aux enfants ? Quelles sont les méthodes utilisées et les programmes pour orienter les élèves ?

Tout d’abord nous commençons par l’alphabet arabe pendant 3 mois, avant de passer à la lecture du Coran. C’est à cette étape qu’on leur enseigne la technique de mémorisation de façon logique et progressive. Notre méthode consiste juste à mettre les élèves dans de bonnes conditions et à suivre la méthode de groupe, pour donner plus de poids à notre enseignement. La structure a un lien direct avec la méthode et permet de répartir les élèves en différents groupes, ceux qui sont très éveillés sont dans la première catégorie et ceux qui sont moins éveillés dans la deuxième.

Pour la mémorisation, nous commençons avec des enfants en bas âges. On leur lit le Coran et on leur demande de répéter. Cela peut passer par l’écrit ou par l’oral. On lit le Coran ou on les fait lire, puis on ferme le Coran et on leur demande de réciter la partie lue. On leur fournit des cassettes qu’ils utilisent à la maison.

Toutes ces méthodes sont systématiquement contrôlées et vérifiées, à l’école, avant de passer à l’étape suivante. Toute ponctuation, liaison et coordination doit se faire selon les règles du tajwid qui est l’art de la bonne lecture du Saint Coran.

Est-ce que vous avez des élèves sourds-muets ou aveugles ? Comment leur apprenez-vous à lire ou à mémoriser le Coran ?
Oui, nous avons des élèves aveugles qui n’arrivent pas à lire le Coran mais ils captent le sens et mémorisent à force de répéter. Ces élèves sont destinés seulement à mémoriser le Coran. Quant aux sourds-muets, nous combinons la vision et l’écrit, et privilégions l’écriture. Quand le maître prononce un mot ou une lettre, l’élève l’écrit sur l’ardoise ou imite l’enseignant. La mémorisation est réservée aux aveugles par des activités orales ou par des cassettes, alors que pour les sourds-muets, tout passe par l’écriture.

Chez nous l’éducation coranique est un métier familial qui passe de génération en génération

Les élèves sourds-muets de l'école montrent leur talent

L’éducation coranique dans votre école est-elle payante ? Comment continuez-vous à enseigner malgré l’absence de budget ?
L’éducation coranique est l’œuvre de Dieu et non une question d’argent. Seul le Seigneur peut nous payer. Ensuite l’éducation coranique est un métier familial qui passe de génération en génération. Aujourd’hui, c’est moi qui dirige, demain ce sera un autre frère. L’enseignement du Coran n’est pas une question d’argent.

Quel est l’âge de vos élèves ? Combien d’élèves avez-vous formé dans votre école ?
Statistiquement parlant, mes élèves ont 7 à 18 ans, pour les filles, pour les préliminaires, et 5 à 25 ans, pour les garçons. J’ai formé plus de 2000 élèves depuis que j’ai commencé soit plus de 132 par an, et j’en suis très fier.

Combien d’enseignants travaillent dans la formation coranique ?

Dans notre école, nous avons 4 enseignants qui s’occupent des élèves.

Chez nous l’éducation coranique est un métier familial qui passe de génération en génération

Un enseignant de l'école coranique Al-Houda

Quelle autre formation fournissez-vous à vos élèves ?

Dans notre école, nous enseignons également la langue arabe, la conjugaison et la grammaire, le civisme, la traduction du Coran, la morale et la maîtrise des hadiths du Prophète (psl). Chaque formation a un emploi du temps bien distinct : de 19 à 21 heures, pour l’éducation coranique, et de 21 à 22 heures, pour les hadiths et le civisme, du vendredi au mercredi, pour la langue arabe et la morale, sauf les jeudis.

Est-ce que vos élèves participent aux concours coraniques ? Est-ce qu’ils ont été récompensés dans des compétitions nationales, régionales voire internationales ?

Chez nous l’éducation coranique est un métier familial qui passe de génération en génération

Les élèves de l'école coranique de Cotonou primés après un concours coranique régional

Bien sûr, nos élèves participent chaque année aux compétitions coraniques qui débutent dans les mois sacrés de l’islam. Dans les compétitions nationales, 20% ont eu des prix pendant le mois sacré de ramadan, 5% de nos élèves avaient mémorisé le saint Coran de la sourate Nass à la sourate Kahf, c'est-à-dire la moitié du Coran, et 15% ont participé aux compétitions de lecture (tajwid), de la sourate Nass à la sourate Al-Kahf.

Tout cela fait notre bonheur ! Qu’Allah nous assiste !

Par Mohamed Sades

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