
Le Conseil des oulémas (scientifiques-théologiens) de la Direction spirituelle des musulmans de la Fédération de Russie propose d’interdire aux hommes musulmans en Russie de recourir à la pratique de la polygamie et de contracter des mariages religieux multiples en cas de non-respect des droits des femmes et de violation des principes d’égalité dans la famille. Cela a été annoncé mercredi à TASS par le vice-président du conseil, le mufti de Moscou Ildar Aliaoutdinov.
Le Conseil des oulémas a annoncé sur son site officiel la préparation d’une fatwa (conclusion théologique) « La polygamie dans le contexte de la Fédération de Russie » visant à contrôler les règles de conclusion de mariages religieux multiples et à préserver les valeurs familiales traditionnelles dans la société.
« La principale condition d’admissibilité de la polygamie en Islam est un traitement juste et égal de toutes les épouses. Malheureusement, beaucoup de gens l’oublient ou ne le font pas délibérément. De nos jours, nous vivons dans une réalité où les droits des femmes sont gravement violés, faute de leviers pour influer sur le conjoint. Par conséquent, le Conseil des oulémas estime que si les conditions d’égalité et de justice ne sont pas respectées, il est alors interdit à un homme de contracter un nouveau mariage », a-t-il déclaré en se référant au contenu de la fatwa en question.
Selon le mufti, la pratique de la polygamie dans les régions russes où prédomine la population musulmane (Tatarstan, Tchétchénie, Karatchaïevo-Tcherkessie, etc.) non seulement existe, mais se propage de plus en plus. Nonobstant, il a expliqué que dans la société russe moderne, un seul mariage officiellement enregistré était légalement reconnu, c’est le seul type de mariage soumis au droit civil et familial, tandis que le soi-disant « mariage civil » (concubinage sans enregistrement) n’octroie pas de droits ni obligations conjugaux.
« Le principal problème réside juste dans le fait que d’autres mariages ultérieurs après le premier mariage officiel n’ont pas de valeur juridique. Les droits d’une femme dans un tel mariage ainsi que des enfants qui y sont nés ne peuvent pas être protégés. Souvent les femmes manquent d’informations nécessaires pour savoir comment protéger leurs droits et ceux de leurs enfants en cas de divorce ou de décès de leur mari », a précisé Ildar Aliaoutdinov, en mettant en exergue le besoin croissant de contrôler ces processus au niveau juridique.
D’après lui, la finalisation de la fatwa prendra encore environ un mois, après quoi elle sera publiée publiquement. Le but majeur du document consiste à clarifier en détail les questions de polygamie et de réglementer le processus de conclusion des mariages religieux du point de vue de l’Islam. « La polygamie est un droit pour un musulman, mais elle doit être utilisée avec la bonne intention et la pleine conscience de ses droits et responsabilités », a-t-il conclu.