En Asie occidentale, Biden cherche une alliance paramilitaire contre la montée de la puissance iranienne
Yasuyuki Matsunaga, professeur à l'Université de Tokyo dans le domaine des relations internationales, et expert des questions d'Asie occidentale, estime que le message du voyage de Biden est qu’il poursuit la politique de l'administration de Trump au Moyen-Orient, et tient à faire avancer le processus de normalisation des relations entre les pays arabes de la région et le régime israélien.
Dans un entretien avec l’Agence iranienne de presse coranique (Iqna), Yasuyuki Matsunaga a déclaré : « Une alliance paramilitaire dans la région de l'Asie occidentale, est certainement conforme aux intérêts à long terme des États-Unis. Le président américain semble avoir deux objectifs immédiats. L'un consiste à montrer à l'électorat américain ainsi qu'aux segments clés de la défense et de la politique étrangère des États-Unis, en particulier les cercles pro-israéliens et pro-arabes - dont certains sont traditionnellement des partisans démocrates de base - qu'il est engagé au Moyen-Orient, même si c'est à un niveau minimal. Cet objectif semble aussi servir les intérêts politiques intérieurs de Biden dans une année d'élections américaines de mi-mandat.
Le deuxième objectif semble être de montrer au niveau national et international, qu’il suit certaines des innovations politiques de Trump au Moyen-Orient, notamment les développements liés à l'accord d’Abraham en 2020, dans le domaine de la sécurité et de la coopération économique entre Israël et certains pays arabes du Golfe Persique. Un exemple est son approbation apparente d'une décision de Trump d'aider le Commandement central américain à coordonner la sécurité et la coopération militaire entre Israël et certains pays arabes, qui ne relevait pas du commandement central avant Trump.
En visitant d'abord Tel-Aviv puis en se rendant ensuite à Djeddah, pour y rencontrer des dirigeants arabes, Biden montre aux gouvernements régionaux, que son administration poursuit et élargit les politiques de Trump. Comme je l'ai mentionné, sur les plans pratiques et organisationnels, l'administration Biden est favorable à l'élargissement des relations et de la coopération entre Israël et certains pays arabes, dont l'Arabie saoudite. Mais que l'Arabie saoudite normalise ou non ses relations avec Tel-Aviv, ne semble pas être une préoccupation immédiate pour Washington à l'heure actuelle.
Peut-être que le gouvernement américain pense que le fait que ce soit officiel ou non n'a pas vraiment d'importance pour le moment. Il est politiquement, stratégiquement et économiquement bon pour les États-Unis de voir Tel-Aviv et certains pays arabes travailler ensemble de manière sûre et politiquement stable.
Dans ce contexte, une alliance paramilitaire dans la région, est certainement dans l'intérêt à long terme des États-Unis. Toute alliance militaire a besoin d'un ennemi hypothétique. À l'heure actuelle, l'Iran semble remplir ces conditions, et cette coopération militaro-stratégique émergente peut être considérée comme faisant partie de l'objectif de défense contre « la menace iranienne ».
Au sujet de la probabilité d'un cessez-le-feu permanent au Yémen, je ne pense pas que la visite du président américain aura un impact direct sur l’avenir de la guerre. La raison est que les États-Unis ont besoin d'une coopération avec Djeddah, à cause de l'influence de l'Arabie saoudite et des rôles qu'elle peut jouer sur le marché mondial du pétrole dont le prix élevé a contribué à l'augmentation des prix de toutes sortes de biens et de services dans le monde. Le rôle de l'Arabie saoudite en tant qu'acheteur d'armes, de produits et de services de défense fabriqués aux États-Unis, ne peut être ignoré. Avoir de bonnes relations politiques avec les dirigeants saoudiens permet aux États-Unis d’avoir de bonnes relations commerciales avec eux.
Cependant, la situation politique aux États-Unis est très compliquée en ce moment, et un voyage à l'étranger, n'aura pas, à mon avis, beaucoup d'effet ».
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