L'utilisation instrumentale de la religion par les politiciens brésiliens

6:56 - August 28, 2022
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Téhéran(IQNA)-Mathew Guest, professeur de sociologie et de religion à l'Université de Durham, dans une note, a abordé la question de l'entremêlement de la politique populiste et de la religion au Brésil, et a écrit : « L'élection présidentielle au Brésil, en automne, montrera comment les dirigeants populistes du 21e siècle utilisent la religion pour rallier des soutiens et des voix ».

Jair Bolsonaro, du parti de droite, est arrivé au pouvoir en 2018, avec le soutien des électeurs chrétiens évangéliques favorables à son conservatisme social. Alors que certains sondages suggèrent que le soutien a peut-être diminué depuis, Bolsonaro continue de bénéficier du soutien des électeurs évangéliques et a décrit cette élection comme une bataille entre les « bons qui craignent Dieu » et les « mauvais ».

Luiz Inacio Lula da Silva, candidat de l'opposition et ancien président, tente de gagner des voix en invoquant un langage religieux, et le 13 août 2022, Bolsonaro a participé à la marche pour Jésus-Christ, à Rio de Janeiro, parmi des milliers de partisans évangéliques et a prié avec eux.

Bolsonaro fait appel aux électeurs évangéliques conservateurs parce qu'il a besoin de leurs votes, mais aussi parce que sa politique est un programme conservateur pro-famille opposé à l'homosexualité et à l'avortement. 

Mais cet alignement du populisme de droite sur les bases chrétiennes, ne se limite pas au Brésil. Nous le voyons également dans l'autoritarisme croissant de dirigeants comme l'ancien président américain, Donald Trump, la dirigeante française d'extrême droite, Marine Le Pen, et le Premier ministre hongrois, Viktor Orbán.

Selon les sociologues, Andrew Whitehead et Samuel Perry, la montée au pouvoir de Trump a coïncidé avec la croissance du nationalisme chrétien. Ils décrivent le nationalisme chrétien comme un cadre culturel et un ensemble de mythes, de traditions, de symboles, de récits et de systèmes de valeurs qui idéalisent et soutiennent l'intégration du christianisme dans la vie civique américaine. 

Dans leurs recherches, Whitehead et Perry ont montré que les citoyens américains qui soutenaient le plus le nationalisme chrétien, étaient les plus susceptibles de soutenir des types de leadership autoritaires, les schémas familiaux traditionnels et une conception de l'identité américaine qui privilégiaient les Américains blancs nés dans le pays. Ils étaient également plus susceptibles de voter pour Trump en 2016. Bolsonaro est un admirateur déclaré de l'ancien président américain et Narendra Modi est un fervent partisan du nationalisme hindou. En Turquie, le président Recep Tayyip Erdogan a rallié le populisme islamique pendant la majeure partie des 20 dernières années. Le Parti de la justice et du développement d'Erdogan prétend défendre les valeurs de la majorité musulmane de Turquie contre ses élites laïques. Les populistes prétendent faire directement appel à la volonté du peuple et rejettent l'autorité des « élites », s'attaquent aux médias, à l'establishment politique, aux universités, aux intellectuels ou aux grandes entreprises. 

ارتباط سیاستمداران پوپولیست برزیل با نمایندگان دینی

Le populisme n'est pas toujours associé à la religion et les populistes n'utilisent pas toujours un langage religieux. Mais le lien entre les deux est très fort, même s'il n'est pas toujours simple. 

Par exemple, la religion n'est pas universellement acceptée comme une alliée par les populistes. Partout en Europe, le sentiment anti-islamique est depuis longtemps invoqué par les mouvements nationalistes de droite. Le Parti de Marine Le Pen (ancien Front National) fait désormais campagne contre « l'islamisation » de la France et dépeint les musulmans comme une menace pour la sécurité et la culture du pays. 

انتخابات ریاست‌جمهوری در برزیل

Des mouvements religieux et populistes ont trouvé un terrain d'entente dans leur opposition à ce qui a été décrit comme « l'agenda libéral » et le « Woke », terme politique d'origine afro-américaine faisant référence à la prise de conscience des questions de justice sociale et raciale. 

La récente apparition d'Orban à la « Conservative Political Action Conference (CPAC) » au Texas, en est l’illustration. Cette conférence est devenue un point de ralliement pour les nationalistes chrétiens aux États-Unis, et le rassemblement de cette année a culminé avec le discours final de Trump.  Comme Trump, Orban décrit ses ambitions politiques comme un combat contre « les ennemis de la liberté » et une « guerre culturelle » contre les forces du libéralisme. S'adressant aux délégués de la CPAC, il a décrit la Hongrie comme « une vieille nation fière mais de la taille d'un David qui se dresse seule contre le Goliath de la mondialisation ». 

Nous assistons actuellement à une utilisation stratégique et cynique de la religion comme moyen de faire avancer les agendas nationalistes et conservateurs. Ce mouvement est dû aux similitudes idéologiques entre le populisme et certaines formes de religion qui aspirent à changer l'ordre social. 

On ne sait pas encore comment ces changements affecteront les communautés religieuses mais là où l'alignement sur les traditions religieuses porte des fruits politiques - comme au Brésil, aux États-Unis et en Turquie - on peut s'attendre à ce que ceux qui recherchent le pouvoir essaient de les utiliser à leurs fins ».

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