Croissance de la musique anti-islamique en Inde
Sandeep Chatrudi, 26 ans, s'apprête à enregistrer sa nouvelle chanson dans un studio à Ayodhya, dans l'État indien du nord de l'Uttar Pradesh. Le décor de sa chanson se situe autour d'une mosquée et a suscité beaucoup de controverses après que les hindous ont revendiqué le droit d’y exécuter leur culte. La chanson est remplie d'insultes et de menaces aux musulmans. Le chanteur a déclaré que cette nouvelle chanson le ramènera sur scène avec plus de force et de succès. Chatrudi a commencé sa carrière comme chanteur religieux il y a environ 10 ans, mais a changé de voie et de style, quelques années plus tard. En 2016, il a produit un clip vidéo qui l'a rendu populaire parmi les nationalistes hindous, du jour au lendemain. Cette chanson était remplie de menaces aux musulmans et montraient quelles actions feraient les nationalistes hindous et ce qui se passerait.
Selon un rapport publié par la BBC, les chansons de Chatrudi font partie d'une tendance musicale croissante sur YouTube et d'autres plateformes de médias sociaux où les hindous de droite s’attaquent aux musulmans. Les paroles de ces chansons sont insultantes et menaçantes, et sont généralement basées sur le principe que « les hindous souffrent depuis des siècles à cause des dirigeants musulmans » et que « le moment est venu de se venger ».
Chatrudi a dit que sa chanson avait eu des millions de vues avant qu'elle n'entraîne des milliers de plaintes contre sa chaîne YouTube et que sa chaîne soit fermée. « Je ne gagnais pas beaucoup d'argent sur YouTube, mais le plus important est le succès que j'ai eu en tant que chanteur national-révolutionnaire indien », a-t-il dit.
Abendra Rana, un autre chanteur similaire, à Dadri près de Delhi, a déclaré que sa mission était de « corriger l'histoire » et que ses chansons étaient des hymnes guerriers hindous qui diabolisent les dirigeants musulmans et qu’il tirait des revenus réguliers des vidéos qu'il mettait en ligne sur YouTube. Rana est devenue une star de Dadri après être passé de la composition de chansons romantiques à ce qu'il appelle des « chansons historiques ». Il compte environ 400 000 abonnés sur YouTube, et beaucoup de ses chansons ont eu des millions de vues.
Nilanjan Mukhobadhai, écrivain et analyste politique, a déclaré : « Ce type de musique est une source de revenus et attire l'attention. Ce n'est pas de la musique mais des appels à la guerre utilisés pour gagner des batailles. Il ne fait aucun doute que de telles activités qui durent depuis plusieurs années, sont une insulte à la musique. La tendance à « militariser la musique » contre les minorités, rappelle des événements passés et le programme controversé qui a jeté les bases du mouvement à Ayodhya, en 1989, organisé par le Vishwa Hindu Parishad (VHP), qui a conduit à la démolition de la mosquée Babri en 1992.
L'industrie des cassettes avait prospéré peu de temps avant ce programme. Ces cassettes contenaient des hymnes religieux en l’honneur de la déesse Ram dont les hindous pensent qu'Ayodhya est le lieu de naissance, et des slogans provocateurs ».
La sortie de ce type de musique a aidé les partis de droite à attirer plus de pouvoir. Les jeunes aiment ces chansons parce qu'elles les stimulent », explique Pinky Chaudhary, leader du groupe hindou de droite « Raksha Dal ».
Vijay Yadav, un jeune amateur de cette musique, a dit : « Ces chansons sont très existantes et me rappellent ce que nous étions à un moment donné et ce que nous sommes actuellement ».
Yadav Nachi, 23 ans, qui étudie actuellement à l'Académie des beaux-arts, a dit qu'il aimait ce genre de musique et a évoqué la soudaine explosion d'enthousiasme qui a provoqué de violents affrontements dans plusieurs États indiens, en avril dernier, lors de la célébration des fêtes hindoues.
Au cours de ces affrontements, ces chansons étaient diffusées par des haut-parleurs, et les hindous qui participaient à leurs rassemblements religieux, étaient dirigés vers les zones musulmanes. Ces chansons provocatrices auraient joué un rôle majeur dans l'escalade de la violence, lors de certains de ces affrontements, notamment la célèbre chanson de Chatrudi.
