Certains gouvernements affirment que l'interdiction de l’hijab est en fait, une sorte de lutte contre l'oppression idéologique et le terrorisme, tandis que d'autres pensent que ces interdictions sont discriminatoires, violent les droits des femmes et entravent l'intégration des musulmans dans les sociétés européennes.
Certains pays de l'Union européenne ont imposé des interdictions strictes sur la burqa et le niqab, et émis des interdictions, absolues ou partielles, de l’hijab, dans les établissements d'enseignement, les lieux de travail et les espaces publics. Selon un rapport de mars 2022 de « l'Open Society Justice Initiative », un groupe d'avocats des droits de l'homme, de telles interdictions sont intervenues après que les responsables américains ont déclaré une guerre mondiale contre le terrorisme, à la suite des attentats du 11 septembre.
En juillet 2021, la Cour européenne de justice (CJE) a statué que les femmes peuvent être licenciées pour avoir refusé de retirer leur hijab lorsqu'elles occupent un emploi qui les oblige à traiter avec des personnes.
Les juges de ce tribunal disent que l'interdiction de porter, sur le lieu de travail, tout signe manifeste exprimant des opinions politiques, philosophiques ou religieuses, peut être justifiée par le besoin de l'employeur de présenter une image neutre aux clients, ou de prévenir les conflits sociaux.
Leur décision faisait suite à une demande de juges allemands qui avaient confirmé le droit de deux employeurs de licencier deux femmes qui insistaient pour porter leur foulard, au travail. Mais en octobre 2022, la CJCE a statué que les entreprises de l'UE pourraient devoir justifier une interdiction de porter des symboles religieux. Le tribunal répondait à une affaire impliquant une femme musulmane en Belgique, à qui on avait dit qu'elle ne pouvait pas porter d’hijab pour travailler. La société a déclaré que la décision faisait partie d'une « règle d'impartialité » qui vise à promouvoir l'égalité entre les employés.
Les interdictions de l’hijab et du foulard ont été promues principalement par des partis politiques nationalistes et d'extrême droite. Le rapport note également que cinq pays de l'UE, la Croatie, Chypre, la Grèce, la Pologne et le Portugal, n'ont jamais abordé publiquement, l'interdiction des couvre-chefs et du visage.
Asma Al-Idrisi, avocate et consultante anti-discrimination à Bochum, en Allemagne, a déclaré que de telles lois n'aidaient pas la croissance des entreprises et étaient discriminatoires. Al-Idrisi a ajouté : « Lorsque j'étais au ministère de la Justice de Hesse, en Allemagne, j'ai dû faire face à l'interdiction de l’hijab sur le lieu de travail, qui stipulait que je ne serais pas autorisée à faire des exercices pratiques dans le cadre de mon stage au tribunal, en raison du port du foulard. Cela signifiait que je n'étais pas autorisée à m'asseoir à côté du juge et à voir les témoins de près. Je n'ai pas non plus été autorisée à participer à certaines tâches du procureur, ni à agir en tant que procureure, ni à représenter publiquement le ministère public de l'État. Les entreprises en Europe doivent faire plus que parler des politiques de diversité. Si nous voulons supprimer le racisme structurel, nous devons accueillir et soutenir les personnes de tous horizons, et ne pas les discriminer en fonction de ce qu'elles portent ».
Rumki Chowdhury, rédactrice en chef du blog de la Journée mondiale de l’hijab, a dit à ce sujet : « J'ai grandi aux États-Unis, et après le 11 septembre, c'était vraiment difficile pour moi de penser à l’hijab parce que toute la propagande accusait les musulmans d’être derrière cet acte de terreur. J'ai finalement surmonté ce que les gens pensaient de moi avec l’hijab, parce que l’hijab pour moi, a toujours été quelque chose qui m'a rapprochée de mon Seigneur ».
Pour contrer de telles attitudes, Nazme Khan, une jeune fille musulmane de New York, en 2013, a lancé l'idée de nommer le 1er février « Journée mondiale de l’hijab » (WHD) pour reconnaître les millions de femmes musulmanes qui choisissent de porter l’hijab.
Rumki Chowdhury a dit à ce sujet : « Le but principal de cette journée en Europe et aux États-Unis, est de dire que c'est notre choix et que nous devons pouvoir choisir le genre de vêtements que nous voulons porter. Cela fait partie de notre individualité. Je sais qu'il y a une peur (de l’hijab) et de ce qu'il pourrait représenter. L'islamophobie n'a cessé d'augmenter depuis le 11 septembre, dans les médias grand public. Par conséquent, en instituant cette journée, notre objectif est de contrer la propagande contre l’hijab. Nous sommes au 21e siècle et l'individualité est une question fondamentalement nouvelle. Par conséquent, qu'il s'agisse de l’hijab ou non, les pays européens devraient accepter les gens tels qu'ils sont, et leur donner la liberté de choisir de porter ce qu'ils veulent et de s'exprimer librement ».