La nouvelle association a deux ans pour préparer la mise en place d’un nouvel organe représentatif qui, selon les vœux du ministre, apportera du professionnalisme dans la gestion temporelle du culte musulman. Elle est formée, autour de quatre personnes, dont l’islamologue verviétois Michaël Privot, auteur d’un livre qui n’est pas passé inaperçu à sa sortie puisqu’il s’intitule Quand j’étais frère musulman. Parcours vers un islam des Lumières.
Un manque de transparence, principal reproche
Le sang des responsables de l’Exécutif des musulmans n’a fait qu’un tour. Ils ont dénoncé un projet «téléguidé» par le ministre Van Quickenborne, auteur à les entendre d’un «nouveau coup de force» et d’une «croisade» contre leur association. Le président de l’Exécutif, Mehmet Üstün, dénonce une «attitude incompréhensible du ministre de la Justice envers le culte musulman» et «une ingérence intolérable dans la liberté de culte, telle que reconnue par la Constitution belge». «Ceci d’autant plus que l’EMB demande au ministre de la Justice de l’inclure dans les discussions relatives à la représentativité du culte musulman et que celui-ci continue pourtant à agir de façon occulte et non transparente», poursuit-il.
Le manque de transparence, c’est précisément ce que reproche le ministre à l’Exécutif des musulmans. Vincent Van Quickenborne l’accuse de dysfonctionnements et de malversations. Il relève des ingérences étrangères venues des Etats d’origine des musulmans de Belgique, le Maroc et la Turquie pour l'essentiel.
L’affaire n’a pas fait de grands remous dans la communauté musulmane jusqu'à présent, mais elle est en réalité extrêmement importante. L’organe représentatif est censé incarner la voix des musulmans de Belgique (600.000 à 800.000 selon les sources) auprès de l’Etat belge, or cette communauté est en butte à des difficultés d’intégration. Sur le plan des principes, le retrait de reconnaissance de l’Exécutif des musulmans et la mise en place manu militari d’un Conseil musulman pose la question de la capacité de l’Etat à rester encore neutre face aux cultes reconnus, comme l’exige la Constitution.
Le ministre Van Quickenborne ne s’émeut pas de ces critiques. Devant la Chambre, il a expliqué que «l’Exécutif des musulmans n’a pas réussi à représenter la communauté musulmane dans notre pays de manière transparente et professionnelle. Nous n’avons pas regardé passivement cet échec (…) mais toutes les tentatives ont échoué». Ce blocage a mené à la fin des subventions et au retrait de l’agrément. Mais pour le ministre, c’est le «seul moyen de mettre fin aux intrigues et maladresses de l’équipe actuelle de quelques personnes qui ont pris les décisions».
«Une création téléguidée par le ministre»
L’Exécutif des musulmans a lancé un recours en extrême urgence devant le Conseil d’Etat. Alexis Deswaef, son avocat, explique au Soir que «cette ingérence du ministre de la Justice Vincent Van Quickenborne dans le culte musulman est inacceptable. Ce nouveau Conseil musulman de Belgique n’est pas représentatif et est une création téléguidée par le ministre».
L’attitude du ministre devrait être comprise dans un contexte électoraliste, selon ses détracteurs.
virgule.lu