Les écoles coraniques en Syrie, un patrimoine religieux et civilisationnel
Taleb al-Daghim, chercheur syrien et spécialiste de l'histoire contemporaine de l'Orient arabe, dans un article a déclaré : « Katatib » ou école coranique, est un centre chargé de l'enseignement du Coran et de la langue arabe.
A l'époque islamique, le Maktab khane (école traditionnelle) a été créé dans le but d'enseigner la calligraphie, l'orthographe, les mathématiques, la lecture et l'écriture, et en second lieu, le Coran, les hadiths du Prophète (as) et les principes de l'Islam. La mémorisation du Coran se faisait à l’aide de planches de bois et de plumes.
Les premières choses que l'élève apprenait étaient l'alphabet, la lecture et l'écriture. Ensuite, le Cheikh enseignait le Coran. Lorsque l'enfant terminait ses études et avait mémorisé le Coran, l'enseignant le testait pour s'assurer de sa mémorisation.
S'il réussissait l'examen, une fête était célébrée et l'enfant entrait alors dans la vie pratique ou poursuivait son éducation dans les mosquées.
Cette méthode a été utilisée dans les écoles de différentes parties du monde islamique dans le passé et l’est encore aujourd'hui, bien qu'il existe certaines différences entre les méthodes actuelles et les anciennes méthodes.
Mais les résultats étaient très bons car les enfants de 6 ou 7 ans mémorisaient même le commentaire coranique de « Qatadah bin Duamah » et le commentaire coranique de « Sahl bin Abdullah al-Tastri » en sept mois.
Parfois, les enfants entraient à l'école à l'âge de 7 ans, et à 9 ans, ils avaient mémorisé tout le Coran, et à 10 ans, pouvaient réciter les dix lectures.
En 345 AH, l'Imam Abu Hatim Basti, un célèbre narrateur de hadiths, fonda l'école « Dara » dans la ville de Bast. En 349 de l'Hégire, l'Imam Neyshaburi, l'un des adeptes de l'école Shaféite, fonda une école à Neyshabur.
Au milieu du Ve siècle de l'Hégire (XIe siècle après JC), des écoles islamiques furent construites sous le nom d'écoles Nizamiyah, grâce aux efforts de Nizam al-Mulk, ministre des Seldjoukides.
A cette époque, les écoles coraniques étaient différentes de la mosquée, les particularités de ces écoles étaient l’existence d’une salle de conférences, des chambres pour les élèves et les professeurs, un système d’éclairage et les ustensiles nécessaires.
De nombreux écoles sont apparues dans le pays de Sham, notamment à Damas et à Alep. Les villes du Levant, comme d'autres parties des territoires arabes et islamiques, étaient connues comme des centres de science et de religion, et les écoles islamiques étaient nombreuses dans ces régions.
La même méthode a continué sous le califat des Ottomans et même après, pendant l’occupation française ou sous les gouvernements ultérieurs. Bien que dans la seconde moitié du 20ème siècle, ces pays étaient en difficulté à cause de leurs gouvernements, le rôle des savants et le soutien de la société à ces écoles ont grandement contribué à la pérennité des écoles coraniques considérées comme des centres de pensée et de science.
Après les événements et les conflits en Syrie, et avec la suspension de l'éducation et la fermeture des écoles en raison du manque de sécurité, l'UNICEF a annoncé dans un rapport en 2015, que plus de 2 millions d'enfants en Syrie, avaient abandonné l'école et que 5 000 écoles avaient été fermées ou détruites à cause de la guerre, et servaient d’abris pour les réfugiés ou à des fins militaires.
Ce rapport ajoute que 20 % des enseignants ont abandonné l'enseignement et sont partis à la recherche d'un endroit sûr.
Les communautés et les institutions locales ont donc joué un rôle important et rassemblé les enfants pour leur donner une éducation basée sur le système scolaire, dans les camps, les refuges et les mosquées des villes de Damas, Alep, Homs et Idlib, et enseignent la mémorisation du Coran et la langue arabe.
Les écoles coraniques ont commencé à créer une génération coranique basée sur un principe de foi selon lequel celui qui veut ce monde, l'au-delà ou les deux, doit suivre le Coran.
