Mohammad Al-Sa’id, a évoqué le rôle de la religion dans l'armée israélienne, et déclaré : « Alors que les Palestiniens se battent au nom de la défense de leurs terres et de leurs sanctuaires, contre une force d'occupation barbare qui ne connaît que la logique de la force, les occupants sionistes combattent un prétendu terrorisme et en coulisses, un récit circule dans les rangs de l'armée sioniste, sur la « guerre sainte d'Israël » dans « le pays que Dieu a prévu pour son peuple élu ».
Le général Avir Winter, l'homme du Shabak israélien, était un des principaux dirigeants de l'armée d'occupation israélienne avant le début de la guerre israélienne contre la bande de Gaza en 2014. Il a commandé les opérations au sud de la bande de Gaza pendant la guerre. À cette époque, au moment où l'armée israélienne était prête à poursuivre la guerre, il s’était adressé aux officiers et aux soldats sur un ton religieux, peu courant dans des organisations militaires, et avait déclaré : «
L'histoire nous a choisis pour mener la guerre contre l'ennemi terroriste de Gaza qui insulte, blasphème et maudit le Dieu des forces israéliennes ». Winter avait en outre, mentionné la prière juive où le fidèle prête serment devant le Dieu unique, « le Dieu d'Israël ».
La déclaration de Winter avait suscité une large controverse parmi les laïcs en Israël, qui ont exprimé leurs craintes et leurs inquiétudes concernant le sectarisme religieux au sein de l'armée, et ont mis en garde contre la transformation d'une armée populaire en une milice religieuse.
Bien qu'il existe un quasi-consensus en Israël, sur l'identité juive du régime, il existe un ancien et profond désaccord sur ce que signifie cette identité juive pour Israël, et sur la question de savoir si le judaïsme est un point commun culturel et national, ou est utilisé dans le sens des enseignements divins de l'Église juive.
Alors que les premiers fondateurs de l’État hébreu et de l’armée d’occupation considéraient le sionisme comme un cadre national plus laïc, les sionistes religieux qui se développent aujourd’hui en Israël, voient cette question d’une manière différente.
Il existait néanmoins un accord implicite entre David Ben Gourion et ses camarades, sur la laïcisation du cadre sioniste du régime. Ces derniers ont évité d’aborder la question de la création de l’État israélien, et c’est peut-être cette controverse identitaire qui a conduit le gouvernement à se retrouver sans Constitution après sept décennies.
La déclaration de la création du gouvernement d'occupation n'a mentionné le nom de Dieu comme « pilier d'Israël », qu'une seule fois, et dans cette déclaration, la question de « l'héritage de Dieu pour les Israéliens », comme le croient les juifs religieux, n'a pas été abordée. Au lieu de cela, elle a décrit cette terre comme le « berceau du peuple juif », ce qui semblait à l’origine, plus proche de la théorie de la laïcité de l’Américain Thomas Jefferson.
Pendant des décennies, les nationalistes sionistes laïcs ont dominé le gouvernement et l’armée, et la controverse religieuse sur l’identité, pendant de nombreuses années, ne concernait que 10 à 12 % des Juifs religieux (Juifs ultra-orthodoxes), qui bénéficiaient d’une exemption presque absolue de service et de participation militaire.
Cette carte démographique de la religiosité dans l’État hébreu, a commencé à changer rapidement au cours des deux dernières décennies, après l’émergence d’une nouvelle classe de religieux plus impliqués dans les affaires sociales et politiques. Une enquête de 2009 a révélé que seulement 42 % des Juifs israéliens se décrivaient comme laïcs, tandis qu’au moins 20 % se considéraient comme ultra-orthodoxes.
Avec les efforts croissants des Juifs fervents et l’augmentation de leur taux de natalité, il est probable que ce pourcentage augmente à un rythme alarmant dans la société, et de façon spectaculaire dans l’armée israélienne. Même si les premiers sionistes essayaient clairement de maintenir la laïcité dans l’armée, pour des raisons stratégiques, ils ne niaient pas l’importance de la religion dans l’armée et dans la société.
Haim Weizmann, le leader du mouvement sioniste de 1921 à 1946, soutenait que la religion possédait une capacité unique qui ne peut être négligée, à réveiller la nation juive. Theodore Herzl considérait également la religion comme l’un des outils de l’unité juive, et décrivait les rabbins comme des agents de liaison entre le mouvement sioniste et les communautés juives du monde entier.
On peut donc conclure que les relations entre le clergé juif et l’armée israélienne, ont commencé à partir du moment où le régime d’occupation d’Israël a été établi en 1948. A cette époque, une unité appelée « Unité militaire des rabbins » fut créée dans le but de soutenir les soldats religieux et de contrôler la préservation des enseignements religieux et des fêtes juives.
Cela a provoqué un conflit entre soldats religieux et laïcs, au sein de l'armée. Les laïcs qui y voyaient un moyen d'influencer idéologiquement les soldats, ont incité les commandants de l’armée à limiter, autant que possible, l’influence des rabbins militaires et de leurs partisans.
Mais la guerre d'octobre 1973 et la première guerre entre Israël et le Liban, en 1982, ont constitué un tournant qui a conduit à la restructuration sociale de l'armée israélienne et a permis une plus grande influence religieuse au sein de l'armée.
Au cours de cette période, les motivations pour rejoindre l’armée avaient progressivement décliné, en particulier parmi les élites laïques de la classe moyenne qui constituaient historiquement l’épine dorsale des forces israéliennes.
Cette question a créé une crise majeure dans l’histoire militaire d’Israël, connue sous le nom de « crise de motivation ». Ce vide militaire a créé une opportunité pour les religieux de réintégrer l'armée dans des conditions spéciales, et à l'invitation des commandants qui les avaient toujours marginalisés.
Les religieux ont eu la possibilité d'améliorer leur statut social d'une part, et d'entrer dans l'armée, conformément à leurs convictions concernant la domination juive sur ce qu'ils appelaient la Terre Sainte.
Après la fatwa du rabbin Ibrahim Shabir, l’un des principaux dirigeants du mouvement sioniste, selon laquelle : « Le recrutement des soldats nous rapproche de Dieu, et le service militaire et l'esprit combatif sont un devoir collectif que Dieu a rendu obligatoire pour réaliser la domination légale des juifs », l’autorisation a été accordée de créer des écoles de formation militaire religieuse, destinées à encadrer les soldats pieux qui y servaient pendant 18 mois, alors que la durée du service militaire dans l'armée, pour les garçons, était supérieure à 3 ans plus 45 jours de services annuels.
Aujourd’hui, le nombre de ces écoles religieuses en Israël est de 42. Cela a conduit à l'adoption de lois visant à créer des écoles religieuses de formation militaire, où moins de matières religieuses sont enseignées et qui peuvent attirer des personnes moins religieuses. Aujourd’hui, il existe 13 écoles de ce genre, dont la plupart sont situées dans les colonies de Cisjordanie.
Ceci a permis d'augmenter le nombre de religieux parmi les officiers supérieurs, et d'accroître leur présence dans les unités de campagne de l'armée. Le pourcentage le plus élevé de ces officiers provenait des colonies de Cisjordanie et de la bande de Gaza, qui constituaient le lien entre les colons et l'armée, et permettaient aux rabbins d’avoir plus d'influence à l'intérieur des institutions militaires.