Certification halal : le recteur de la mosquée de Paris accusé

11:48 - January 25, 2025
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IQNA-Le recteur de la Grande mosquée de Paris Chems-eddine Hafiz est accusé par une enquête du journal l’Opinion d’être à la tête d’un juteux système de certification Halal, en lien avec l’Algérie. 

Les industriels de l’Union européenne (UE) doivent payer quelques centimes par produit à la Grande mosquée de Paris afin d’obtenir un label permettant d’exporter vers l’Algérie.

Circulez, il n’y a rien à voir. Voilà en somme la défense du recteur de la Grande mosquée de Paris Chems-eddine Hafiz ce vendredi matin sur BFMTV, quatre jours après que le quotidien l’Opinion l’a accusé d’avoir mis en place un très rentable système monopolistique de certification Halal. « Je ne suis pas une entreprise commerciale, je joue un rôle religieux », a-t-il déclaré en affirmant être « payé pour une prestation » et en se défendant d’avoir mis en place un système de « taxe ».

D’après l’Opinion, la Grande mosquée de Paris a signé un accord avec l’Algérie rendant obligatoire la certification halal - par la Grande mosquée de Paris - de nombreuses denrées alimentaires exportées de l’Union européenne (UE) vers l’Algérie. « Sans ce label aucun industriel européen ne peut espérer passer les douanes algériennes », écrit l’Opinion à ce sujet. Toujours selon ce quotidien, cela va de deux centimes par kg de poudre de lait à dix centimes par kg de gâteaux, biscuits, chocolats, confiseries…

Ces certificats seraient délivrés par une société commerciale, hébergée dans les locaux de la Grande mosquée de Paris, mais régie par le Code du commerce. Chems-eddine Hafiz en est à la tête. « C’est l’association qui est propriétaire, mais il faut bien une personne physique pour la représenter. Je ne touche pas d’argent, tout va à la gestion du culte musulman », s’était-il justifié auprès de l’Opinion.
Plusieurs millions d’euros de chiffre d’affaires

Lors de la cérémonie de vœux à la Grande mosquée de Paris ce jeudi soir, Chems-eddine Hafiz avait assuré mener depuis cinq ans, « librement et en pleine lumière », les activités de l’institution notamment pour la certification Halal « que nous effectuons, avec sérieux et expérience, depuis 1939 ». « L’ensemble des dividendes sert à financer l’exercice du culte musulman », avait ajouté Chems-eddine Hafiz.

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D’après les chiffres donnés sur BFMTV ce vendredi et par l’Opinion, ce système a rapporté quelque « deux millions d’euros de chiffre d’affaires » en 2023. « Et on devait atteindre les cinq millions d’euros », a ajouté Chems-eddine Hafiz en confirmant que cette certification ne concernait pas « que de la viande ». « La Grand mosquée de Paris a commencé cette certification à sa création, nous pouvons certifier des produits halal », a également avancé Chems-eddine Hafiz.

Pourtant selon un industriel du lait interrogé par l’Opinion, cette certification halal « se paie ». « Il n’y a pas de réels contrôles – ce qui, au passage, peut nous mettre en difficulté avec nos clients religieux, en cas de contestation. Dans le secteur, on s’est vite aperçu que toutes ces formalités nouvelles, c’était pour « emmerder » les entreprises françaises, ce qui est vraiment un bonus pour Alger », a-t-il taclé en dénonçant un système « strictement financier ».

Le Parisien

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