L’État et l’ADDAM (L'ASSOCIATION DE DEFENSE CONTRE LES DISCRIMINATIONS ET LES ACTES ANTIMUSULMANS) s’apprêtent à lancer une plateforme de signalement en ligne afin de collecter et d’analyser les actes anti-musulmans provenant de tout le territoire français et d’assurer un suivi efficace des dossiers.
Un climat islamophobe ambiant
Emmanuel Macron a reçu le vendredi 29 avril à l’Élysée des représentants d’institutions musulmanes.
Ces derniers ont demandé au chef de l’État des "actes concrets" pour les protéger. Le recteur de la Grande Mosquée de Paris, Chelms-eddine Hafiz, et la présidente de la Coordination des associations musulmanes de Paris et rectrice de la mosquée Javel, Najat Benali, ont exposé "le sentiment croissant de colère et de peur qui habite de nombreux musulmans" en France, alertant sur "le climat islamophobe ambiant […], souvent relayé sans réserve par certains médias et responsables politiques, et sur le sentiment d’insécurité qui touche même les lieux de culte".
Une semaine après la mort d’un jeune musulman dans une mosquée du Gard, par un homme insultant à deux reprises la religion de sa victime, mais qui nie avoir agi contre l’islam, on déplore un "deux poids, deux mesures" dans la communauté.
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Des actes sous-estimés pour l’ADDAM
L’État et une association s’apprêtent à lancer une plateforme de signalement en ligne, au moment où la communauté musulmane s’émeut d’un "climat islamophobe ambiant", a dévoilé Le Monde. Ces derniers sont sous déclarés : en 2024, seuls 173 faits antimusulmans ont été officiellement comptabilisés.
En effet, selon les chiffres annoncés par le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, lors de la clôture de la deuxième session du Forum de l’Islam de France en février, 173 faits anti-musulmans ont été recensés en 2024, contre 242 l’année précédente.
Le ministre de l’Intérieur s’était félicité de cette baisse, bien que le nombre de faits commis soit, de l’aveu même de Bruno Retailleau, "sans doute en deçà de la réalité".
Des données concrètes pour les législateurs
La plateforme de signalement en ligne, pilotée par l’Addam (Association de défense contre les discriminations et les actes antimusulmans) et prévue pour être lancée "avant la fin du mois de mai", vise à fournir des données concrètes aux législateurs, permettant ainsi d’obtenir "des chiffres plus proches de la réalité".
Elle devrait également "aider les décideurs publics" à trouver des solutions face à un phénomène en constante augmentation, selon les propos de Bassirou Camara, président de l’Addam, créée en février 2024 dans le cadre du Forum de l’islam de France (Forif).
Des agressions en augmentation
Les trois premiers mois de l’année ont enregistré une augmentation spectaculaire des actes anti-musulmans de 72 % par rapport à la période en 2024 avec 79 cas recensés, selon le décompte du ministère de l’Intérieur.
Midi Libre