Islamophobie en France : les employés d'une bibiothèque en grève

13:01 - June 27, 2025
Code de l'info: 3492648
IQNA-Face à une recrudescence d’attaques racistes et islamophobes à la médiathèque José Cabanis à Toulouse, les agents se mobilisent.

Islamophobie en France : les employés d'une bibiothèque en grèveAlors que la section syndicale CGT a demandé des réponses concrètes de la direction, une équipe de la médiathèque s'est mise en grève ce mercredi pour dénoncer l'islamophobie qui sévit depuis plusieurs mois.

Depuis des années, les bibliothèques toulousaines sont régulièrement la cible d’attaques racistes. Une situation qui s’est aggravée ces derniers mois avec une escalade particulièrement inquiétante des actes racistes et islamophobes. Ainsi, à la médiathèque José Cabanis, les actes se multiplient et gagnent en violence.

 

Par exemple, des sacs d’urine et d’excréments ont été retrouvés à plusieurs reprises, visant particulièrement les rayons consacrés aux cultures juives et ceux dédiés à la culture arabe. Des actes odieux pour lesquels s’ajoutent des dégradations régulières : graffitis islamophobes, affiches arrachées, menaces homophobes ou transphobes inscrites à la main, ouvrages déplacés pour perturber les mises en avant de lectures féministes. Dans certains cas, les manuels de langue arabe ont été directement souillés à l’urine.

 

Un agent des bibliothèques, souhaitant rester anonyme, explique ainsi : « Ça fait plusieurs mois que ça dure, mais là on voit une accentuation des actes racistes et particulièrement islamophobes ». En effet, ces attaques ciblent délibérément des contenus culturels liés aux populations musulmanes et arabes, dans une tentative d’intimidation à la fois des publics et des agents. Parmi les équipes, la peur s’installe, certains agents racisés expriment une angoisse croissante à l’idée de venir travailler, confrontés à la répétition de ces agressions.

 

Face à cette offensive raciste et islamophobe, il est plus que jamais nécessaire d’exprimer une solidarité totale avec les travailleurs des bibliothèques, en première ligne de ces attaques, de celles du gouvernement et de la recrudescence des actes islamophobes dans la société. Ce mercredi 25 juin, à la suite d’un nouvel acte islamophobe visant la musique du monde arabe, toute l’équipe musique de la médiathèque José Cabanis accompagnée par la section CGT s’est mise en grève pour dénoncer ces actes et l’islamophobie qu’elle représente.

 

Une réponse salutaire qui montre la détermination des travailleurs et leurs capacités à dénoncer par cette méthode de telles violences. Dans le même temps, les travailleurs de Cabanis déplorent que la direction qualifie ces actes non pas d’islamophobes, mais de simples «   malveillances  ». Un choix qui minimise la gravité et la dimension raciste de telles attaques. Ils regrettent également que la mairie n’ait pas fermé entièrement la médiathèque pour marquer l’indignation face à ces actes racistes et protéger les agents.

 

Un communiqué collectif de la section CGT est attendu pour cette fin de semaine, à l’issue d’un rendez-vous avec la direction, afin de prendre position publiquement. Une grève et une prise de position qui témoigne d’un ras-le-bol profond face à la violence raciste quotidienne et à l’exposition permanente des agents sans mesures concrètes. D’autant plus que ces attaques s’inscrivent dans un climat réactionnaire de surenchère avec l’extrême-droite porté par un gouvernement ouvertement islamophobe, qui multiplie les lois racistes et sécuritaires, les dissolutions d’associations qui soutiennent le peuple palestinien ou des mesures qui visent spécifiquement la communauté musulmane.

 

Cette islamophobie d’État, normalisée dans les discours médiatiques et institutionnels, encourage des passages à l’acte décomplexés. Ce n’est pas un hasard si, quelques jours seulement après les rafles orchestrées par Retailleau dans les gares contres les sans-papiers, les bibliothèques toulousaines ont été de nouveau visées. Il ne faut pas non plus oublier les meurtres racistes d’Aboubacar Cissé dans le Gard ou encore celui à Puget-sur-Argens. « Au vu de la situation générale avec la surenchère xénophobe qu’on voit avec le gouvernement et l’extrême droite, c’est sûr qu’on est inquiets à la fois pour les collègues racisés, mais aussi pour les usagers. » poursuit le même travailleur.

 

En pointant du doigt les musulmans comme boucs émissaires de la crise sociale, le pouvoir alimente un climat dans lequel la haine raciste trouve un terrain pour s’exprimer, jusque dans des lieux censés incarner la culture et l’accueil inconditionnel comme les bibliothèques et médiathèques. « Ça ne peut plus durer. Les collègues ont eu raison de se mettre en grève pour dénoncer l’islamophobie. On attend maintenant des mesures à la hauteur des violences de ces actes racistes. Sinon on le fera par nous-mêmes, les agents » conclut le bibliothécaire interrogé.

 

La mobilisation des bibliothécaires toulousains est un signal fort. Elle montre que les travailleurs et travailleuses en première ligne de l’offensive raciste, peuvent relever la tête et refuser de se taire. En prenant position, en se mettant en grève, en s’organisant collectivement, ils et elles tracent un chemin pour toutes celles et ceux qui refusent la montée de la haine. Cette lutte porte une voix profondément progressiste, solidaire et contre toute forme de racisme.

Révolution Permanente

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