Le Coran, source essentielle de la vision pacifique du Prophète (psl)

13:55 - December 09, 2025
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IQNA-Un professeur américain affirme que le Coran devrait être le point de départ pour comprendre les dernières années de la vie du prophète (psl) et ses efforts pour la paix, et que les récits créés au cours des siècles suivants concernant le désir des musulmans de conquérir d'autres pays ne sont pas valables.

Juan Cole, professeur d’histoire à l’université du Michigan, propose une relecture profonde et critique de la vie du Prophète de l’islam (psl) à partir du Coran, qu’il considère comme la source la plus ancienne et la plus fiable à notre disposition.

Contrairement à de nombreuses biographies élaborées plusieurs siècles après les faits, souvent influencées par les contextes politiques postérieurs, le Coran offre selon lui un témoignage direct sur la mission prophétique et sur l’orientation fondamentalement pacifique de Muhammad (psl).

Dans une conférence en ligne organisée par l’Institut Réflexion, Cole affirme que les récits d’un islam intrinsèquement conquérant relèvent davantage de constructions tardives que du message coranique lui-même. Son analyse met en lumière le rôle central du Coran pour comprendre les dernières années de la vie du Prophète (psl), marquées par la recherche du compromis, la retenue face a la violence et la valorisation constante de la paix.

Le Coran, source historique prioritaire pour comprendre la mission du Prophète (psl)

Juan Cole insiste sur un point méthodologique essentiel : la priorité accordée aux sources. Selon lui, le Coran est le document le plus ancien permettant d’approcher la vie et l’action du Prophète (psl). Il s’oppose ainsi a certaines lectures orientalistes qui présentent le Coran comme une compilation tardive. Pour Cole, ce texte appartient pleinement au VII siècle et reflète le contexte réel dans lequel le Prophète a vécu et agi.

Il met en garde contre l’usage excessif de sources rédigées 150 à 200 ans après la mort du Prophète (psl). Ces récits tardifs, élaborés notamment sous les Abbassides, ont été influencés par les mémoires changeantes, les besoins idéologiques et les ambitions impériales de leur temps. En privilégiant ces textes au détriment du Coran, les historiens risquent, selon Cole, de projeter sur l’islam primitif une vision déformée, marquée par la glorification de la conquête.

Le professeur souligne que de nombreux épisodes violents attribués au Prophète (psl) dans les biographies médiévales ne trouvent aucun fondement dans le Coran. A l’inverse, ce dernier décrit une conduite prophétique axée sur la patience, la négociation et la fidélité aux engagements, en particulier durant les années 628 à 630 de l’ère chrétienne, période décisive marquée par la signature du traité de Hudaybiya. Pour Cole, replacer le Coran au centre permet de réévaluer en profondeur l’image du Prophète (psl) et de son message.

Une éthique coranique de la paix, de la retenue et de la tolérance

Au cœur de l’argumentation de Juan Cole se trouve l’affirmation que le Coran ne légitime pas la guerre offensive. Il explique que, dans le texte coranique, l’usage de la force est strictement défensif et encadré par des principes moraux exigeants. Cette position entre en contradiction avec certaines doctrines développées plus tard, notamment à l’époque abbasside, qui cherchaient à justifier l’expansion militaire.

Cole s’appuie sur plusieurs versets pour illustrer cette éthique de la paix. Il cite notamment le verset 94 de la sourate An-Nisa’, qui ordonne aux croyants de vérifier les intentions d’autrui et de ne pas refuser la paix a ceux qui la proposent. Ce passage montre que la recherche d’un avantage matériel ne doit jamais primer sur le respect de la vie humaine et sur la reconnaissance de l’autre comme partenaire potentiel de paix.

Il évoque également la sourate Al-Furqan, verset 63, qui décrit les « serviteurs du Tout-Miséricordieux » comme des êtres marchant humblement sur terre et répondant par « salam » aux provocations des ignorants. Cole rappelle que, dans le monde antique, le mot « salam » était bien plus qu’une simple salutation : il exprimait un vœu de sécurité, de protection et de bien-être global. Ce verset invite ainsi les musulmans a opposer la dignité et la bienveillance à l’insulte et à la violence.

Dans la même logique, le Coran recommande la retenue envers les croyances des autres. Le verset 108 de la sourate Al-An‘am interdit d’insulter les divinités des polythéistes, afin d’éviter l’escalade des offenses et des conflits. Pour Cole, cette approche pragmatique témoigne d’une volonté de coexistence pacifique et affaiblit fortement les discours présentant l’islam comme fondamentalement intolérant.

De Hudaybiya a l’entrée pacifique a La Mecque : une relecture historique

Juan Cole replace l’action du Prophète (psl) dans un cadre géopolitique plus large, marqué par le conflit majeur entre l’Empire byzantin et l’Empire sassanide. En évoquant les versets 2 a 5 de la sourate Ar-Rum, il souligne la sympathie du Coran envers les Byzantins, considérés comme victimes d’une agression. Cette orientation explique, selon lui, certains choix politiques du Prophète (psl) et l’évolution des rapports avec Quraysh, alliés supposés des Sassanides affaiblis après leur défaite.

C’est dans ce contexte que survient le traité de Hudaybiya en 628. Alors que les biographies ultérieures décrivent souvent cet épisode comme une simple pause tactique avant la conquête, Cole y voit l’expression d’un véritable engagement pour la paix. Il rappelle que le Prophète (psl) accepta des concessions symboliques importantes, notamment sur la formulation religieuse du traité, afin de préserver la paix et d’éviter l’effusion de sang.

Deux ans plus tard, l’entrée a La Mecque est souvent présentée comme une victoire militaire. Or, Cole s’appuie sur le verset 24 de la sourate Al-Fath pour affirmer que le Coran décrit explicitement une situation sans affrontement armé. Selon lui, le texte sacré insiste sur le fait que Dieu a retenu les mains des deux camps, soulignant le caractère pacifique de cet événement. Les traditions ultérieures qui parlent d’une conquête armée reflètent davantage les intérêts de lignées politiques cherchant à légitimer leur propre usage de la force.

Enfin, Cole élargit son analyse a la diffusion de l’islam au-delà de l’Arabie. Il mentionne notamment le Yémen, ou l’islam aurait été adopté volontairement par des élites locales. Il note aussi que le Coran évoque le dialogue avec des zoroastriens aux côtés des juifs et des chrétiens, suggérant une ouverture missionnaire fondée sur l’échange et non sur la contrainte.

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