Algérie : conférence sur l’islam et l’occident

10:05 - October 31, 2016
Code de l'info: 3461357
L'épineuse problématique du dialogue de sourds entre l'Orient et l'Occident, et les nouveaux termes utilisés, tels que l'islamophobie, qui ne cesse de monter au créneau, ont été au cœur d'une somptueuse conférence animée, samedi soir, par une pléiade d'universitaires, à la salle Ali-Maâchi, au palais des Expositions à Alger, à la faveur de la 21e édition du Salon international du livre d'Alger.
Algérie : conférence sur l’islam et l’occident
Conférenciers dans différents universités du monde, la rencontre a croisé les points de vue créant ainsi de riches débats avec le nombreux public présent à cette conférence d'importance majeure.
Islamologue, philosophe et ancien ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, Mustapha Cherif a rappelé que l’Algérie a été le premier pays à faire face à l’extrémisme dans le monde arabe. «L’Algérie a prouvé, à travers son histoire, qu’elle est source de la culture de la paix et de la dignité, et ce à travers ses grands savants, comme Ibn Khaldoun qui a travaillé sur la question de la civilisation à travers ces grands angles comme le fondateur de l’État moderne, l’émir Abdelkader, jusqu’à la politique de la réconciliation nationale», a-t-il noté, avant de préciser que les préceptes de l’islam sont la clef de la coexistence, principe faisant partie de la politique algérienne, selon les dires de Mustapha Cherif. «Nous avons le droit de défendre notre souveraineté, notre indépendance, notre intégrité et notre personnalité historique, tout en restant ouverts sur le monde. Notre culture est celle, à la fois, de la dignité et de la résistance, mais aussi celle de l’ouverture, de l’hospitalité et du respect du droit à la différence», a-t-il fait savoir. De son côté, le professeur Raphael Rodrigo Ortega a mis l’accent sur l’image stéréotypée négative de l’islam en Occident, notamment à travers les moyens de communication, comme les médias et le cinéma. Professeur à l’université de Grenade en Espagne, Ortega a souligné que d’après une étude menée sur 1.000 films traitant l'islam produits par Hollywood, seulement 12 portent une bonne image sur l'islam, ce qui, selon lui, incite les gens à avoir plus de recul, de mépris et de crainte à l’égard de cette religion de tolérance et de paix. L'interlocuteur a rappelé que l’islam fait partie de la société européenne, et ce depuis l’époque médiévale. «La présence de l'islam et des musulmans en Europe est une vérité que personne ne pourrait nier. Les Occidentaux doivent accepter l'idée et faire valoir les messages de partage et de tolérance qui ne cessent de proliférer», a-t-il noté. Il a par ailleurs appelé à sortir de l’aspect théorique, pour concrétiser un dialogue religieux fructueux. «Il faut bâtir un dialogue d’intégration et rompre avec le dialogue discriminatoire, tout en s’éloignant du discours politique raciste qui monte au créneau en Europe», a précisé Rodrigo Ortega. De son côté, Smain Goumeziane, économiste, professeur à l’université Paris-Dauphine et ancien ministre,  a déclaré que le vocable «Orient» est tombé dans les oubliettes de l’histoire pour parler de pays de l’islam et puis pour parler d’islam tout court et le traiter de tous les noms. Le conférencier a indiqué que l’Occident serait responsable de la mort de plusieurs milliers de personnes au nom de la guerre contre l’islamisme fanatique, tout en pointant du doigt certains pouvoirs politiques arabes qui musellent le peuple, ce qui laisse une brèche à l’Occident pour revenir en conquérant, notamment sur le plan idéologique et culturel. Professeur de civilisations islamique à l’université d’Alger, Mohamed Belghit a indiqué que l’islam offre des garanties pour l’avenir de la civilisation en étant «une religion de dialogue et de tolérance», et non pas «une religion de terreur», comme les médias occidentaux ne cessent de le marteler.
elmoudjahid

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