Le Kirghizistan et le défi de l’éducation religieuse / Quand la laïcité devient prioritaire

10:23 - October 20, 2020
Code de l'info: 3474506
Téhéran(IQNA)-« La religion est la nourriture spirituelle de l'homme mais une religion de bas niveau ruine la vie de la communauté qui la suit », a affirmé un professeur Kirghiz.  
Selon les services culturels iraniens au Kirghizistan, une réforme du système d'éducation religieuse a été lancée ces jours-ci, au Kirghizistan.
 
Daniyar Moradilov, spécialiste des questions religieuses et professeur au Département d'études régionales de la Faculté de linguistique et d'études régionales de l'Université internationale du Kirghizistan, dans un entretien avec le site d'information « Prevention Media », a déclaré : « La religion est la nourriture spirituelle de l'homme mais une religion de bas niveau ruine la vie de la communauté qui la suit.  
 
Une religion sans enseignement, risque d’aboutir à l'extrémisme et au terrorisme‌. Par conséquent, l'éducation religieuse est très importance dans le développement des pays et des gouvernements.
 
 Pour commencer, il faut d'abord définir le concept de laïcité et ses modèles, dans le cadre juridique, et ensuite, définir les concepts d'éducation religieuse, d'éducation philosophique, d’études religieuses et de connaissances religieuses. J’ai proposé, comme en Russie, d’organiser un cours sur les Principes et fondements des cultures religieuses et séculières qui n’est pas une copie mais un programme conforme aux caractéristiques et aux intérêts nationaux du Kirghizistan, et enseignera la culture islamique, la culture chrétienne et l'éthique laïque.
 
 Bien entendu, l’éducation religieuse ne doit pas consister à enseigner les principes et les croyances religieuses dans les écoles et les centres d’éducation publics, car la liberté de croire et de ne pas croire doit être respectée dans le pays laïc où nous vivons. Les informations et l’enseignement doivent être totalement impartiaux. 
 
La formation spirituelle est la tâche la plus importante de l'éducation mais elle ne doit pas se faire par la force, mais en informant et en sensibilisant. Il faut savoir que chacun a la liberté de choix et est responsable de sa décision. Inclure des cours généraux dans le programme des institutions religieuses, n'est pas une mauvaise idée. 
قرقیزستان و چالش‌های دینداری بدون آموزش/ وقتی سکولاریسم پر رنگ می‌شود
Par exemple, des matières générales comme le kirghize, le russe, l'anglais et l’informatique devraient être enseignées dans les écoles religieuses. Mais je ne suis pas d'accord avec le transfert des écoles religieuses au ministère de l'Éducation et des Sciences. 
 
Chaque institution doit faire son travail. 40% des cours dans les écoles religieuses devraient pouvoir appartenir au ministère de l'Éducation et 60% être sous le contrôle des muftis. Dans ce cas, nous formerons des personnes qui pourront poursuivre leurs études après avoir terminé l'école religieuse, dans les universités laïques et les universités religieuses. Il existe actuellement trois collèges au Kirghizistan, un affilié à l'Université d'État d’Arabayev et deux affiliés à l'Université d'État d'Osh, où les étudiants reçoivent un enseignement religieux avec des diplômes du gouvernement. 
 
Il existe également plusieurs écoles religieuses qui accordent des diplômes d'État. Je suggère à tous les établissements d'enseignement secondaire religieux de choisir eux-mêmes, cette méthode d'enseignement qui améliorera les connaissances religieuses et civiques des élèves. 
 
À mon avis, le terme « éducation religieuse » devrait inclure l'étude de la religion ainsi que l'enseignement de la religion. L'étude de la religion est une approche culturelle que j'ai proposée en 2012, sur « Les principes de la culture religieuse et de l'éthique laïque », qui comprenait des cours sur la culture islamique, chrétienne et laïque. Pour les élèves de 10ème et de 11ème, un cours sur l’Histoire des religions du monde a été proposé qui est devenu plus tard un cours d’Histoire des cultures religieuses qui était plutôt malheureusement, l'enseignement d’une vision athée du monde. L'éducation religieuse qui signifie l'enseignement du Coran, de la prière et des principes et croyances de l'Islam, ne devrait pas être confiée au ministère de l'Éducation mais aux Muftis qui sont chargés de préparer et de présenter le programme de ces cours. Il devrait y avoir des diplômes de licence et de maîtrise à l'Université islamique, comme dans les autres établissements d'enseignement.
قرقیزستان و چالش‌های دینداری بدون آموزش/ وقتی سکولاریسم پر رنگ می‌شود
Mais pour autant que je sache, actuellement les théologiens accusent les spécialistes des religions d’être athées et les spécialistes des religions accusent les théologiens de ne pas être scientifiques. Il faudrait d'abord définir le niveau d'éducation et de compétences de tous les établissements d'enseignement religieux affiliés aux Muftis qui doivent être classés en trois niveaux, primaire, secondaire (écoles religieuses avec enseignement secondaire) et supérieur (écoles ou instituts avec éducation). 
 
Tous, à l'exception des cours d'enseignement dans les mosquées, devraient modifier leurs programmes éducatifs et obtenir un certificat du Ministère de l'éducation et des sciences. Je suis prêt à accepter toute critique efficace et constructive. En général, je suis d'accord avec toute réforme dans le domaine de l'éducation religieuse qui réponde aux défis et besoins contemporains car cela est nécessaire. 
 
Je ne soutiens pas ceux qui ne font que critiquer et n'offrent pas de nouvelles idées ou de solutions aux problèmes. En ce qui concerne le nombre des écoles religieuses, je n'ai jamais dit que leur nombre était excessif, leur nombre correspond à une demande du peuple. Je ne pense pas qu'on enseigne de mauvaises choses dans les écoles religieuses, mais je pense que le niveau d'éducation n'est pas parfait. Il n'y a pas de cours généraux dans les écoles religieuses et cela conduit à des préjugés et au radicalisme. 
 
Si les activités d'une institution ou d'une organisation constituent une menace pour la sécurité nationale, le gouvernement a le droit selon la loi, d'interférer dans les activités de cette organisation ou de suspendre ses activités. Jusqu'en 2014 au Kirghizistan, chacun faisait son travail de façon indépendante, et cette politique a transformé notre pays en un foyer de confessions, de mouvements et même de sectes. 
 
Les événements au Moyen-Orient, ont poussé le gouvernement à réformer sa politique religieuse mais la surveillance et le contrôle sont deux choses différentes, le gouvernement devrait surveiller et non contrôler ».
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