Laïcité et religions accaparent la scène politique belge

7:25 - June 02, 2021
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Téhéran(IQNA)-Des tensions tous azimuts remettent en question le vivre-ensemble à Bruxelles et dans la partie francophone du pays.

Les fondements de la neutralité et de la cohabitation interconvictionnelle font l’objet d’une vaste réflexion en Belgique, quand ils ne tremblent pas sous les à-coups des partis et des lobbies. Le port du voile à la Stib, la société de transports publics bruxelloise, fait ainsi l’objet d’un bras de fer entre les partis politiques membres de son conseil d’administration.

En mai dernier, un tribunal a condamné la Stib pour avoir refusé d’embaucher une femme voilée. Depuis, une bataille rangée oppose ceux qui veulent aller en appel et ne pas changer le règlement d’ordre intérieur de cette société qui compte de nombreux employés de confession musulmane, et ceux qui veulent en finir avec la laïcité exclusive et accepter le port des signes religieux dans les entreprises et les administrations publiques. Hormis les libéraux, tous les partis sont divisés en leur sein sur la question, au régional, mais aussi au national.

Le dossier est dans une impasse. Son aspect communautariste est évident. Les écologistes et les socialistes bruxellois ont tout intérêt à favoriser la communauté maghrébine de confession musulmane pour garder la mainmise sur les quartiers de la capitale où vivent les fils et filles de l’immigration. A ce stade, un accord a été trouvé pour ne pas aller en appel, mais la décision de savoir si le voile pourra être porté à la Stib a été renvoyée au gouvernement régional bruxellois… qui n’en veut pas.

J’adore comme tout le monde invoque le sacro-saint principe de neutralité qui serait à présent bafoué. Voici un post LinkedIn de la STIB D’IL Y A 3 MOIS !!! Apparemment personne n’avait été choqué de voir réussite sociale et voile sur la même image. Dommage que ça ait changé... pic.twitter.com/jR13N0HeSV

— Benjamin Cadranel (@BCadranel) May 31, 2021
Le risque n’est pas moindre de couper à terme le pays en deux. D’un côté, Bruxelles où porter le voile aux guichets des administrations deviendrait la norme, sachant que la décision finale de la Stib si elle va dans ce sens fera certainement jurisprudence dans la capitale. De l’autre, la Wallonie et la Flandre attachées plus que jamais à la neutralité prévue par la Constitution.

Comme en une réplique, un autre chantier s’est ouvert au parlement de la Communauté française. Il s’interroge sur l’opportunité de programmer davantage de philosophie et de citoyenneté dans l’enseignement obligatoire au détriment des cours de religion ou de morale.

Moins de religion, plus de philosophie/citoyenneté
En Belgique francophone, depuis 2016, les programmes de l’enseignement officiel prévoient une heure obligatoire d’un cours de philosophie et citoyenneté (CPC). Une seconde heure peut être donnée aux élèves qui souhaitent être dispensés du reliquat de religion ou de morale. L’enseignement libre confessionnel échappe à la mesure, mais doit intégrer de la philosophie et de la citoyenneté dans d'autres cours.

La majorité actuelle (PS-Ecolo-Libéraux) voudrait franchir un pas supplémentaire et aller vers «moins de religion versus plus de philosophie/citoyenneté». Elle estime qu’il faut accélérer le mouvement : dans l’enseignement officiel, seuls 15 % des élèves de primaire et 17 % de secondaire optent actuellement pour deux heures de philosophie et citoyenneté.

Dans les colonnes du Soir, un enseignant partisan de la voie laïque explique : «On se rend compte qu’atteindre les objectifs avec une heure (de philosophie et de citoyenneté) par semaine est impossible. Ce cours est présenté comme la solution à tous les maux de notre société, mais la société ne nous en donne pas les moyens.

Autre donnée de l’équation : que faire des professeurs de religion si leurs cours devaient être tout bonnement supprimés dans l’enseignement officiel? Les premières statistiques montrent que la philosophie et la citoyenneté se substituent en effet principalement à la religion catholique.

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