Les femmes musulmanes indiennes, victimes de l'islamophobie en ligne, des extrémistes hindous
En février de l'année dernière, Osra Hamid Rashid, étudiante en droit au Bengale occidental et âgée de 17 ans, a été confrontée à des centaines de messages insultants sur sa page Instagram, qui la menaçaient de viol et d’assassinat.
« Ils m'ont écrasée non seulement sur les réseaux sociaux, mais aussi dans ma vie personnelle. Je ne sais pas comment quelqu'un peut manifester une telle haine à une jeune fille de 17 ans, pendant deux semaines d'affilée », a-t-elle déclaré.
Les conclusions d'Amnesty India de 2020, montrent qu'un tweet sur cinq concerne le harcèlement sexuel. Les femmes musulmanes sont nettement plus visées que les femmes des autres religions, et ont reçu 55,5 % de contenus problématiques ou offensants. 26,4 % contenaient des insultes ethniques et religieuses. Les femmes des classes inférieures sont 59% plus susceptibles d'être touchées que les femmes des classes supérieures.
Maria Salim, chercheuse et militante des droits des femmes, qui travaille avec plusieurs organisations de défense des droits humains dont Amnesty International, a déclaré : « La violence en ligne peut souvent se transformer en véritable violence, et cela est effrayant. La violence est particulièrement destinée aux femmes musulmanes. Faisant référence à l'application Github Bulli Bai, elle a déclaré « Imaginez que vous écriviez plusieurs fois sur ce harcèlement en ligne, et que vous réveillez et voyez que vous avez été vendue aux enchères par l'extrême droite ! ».
La violence en ligne effraie les femmes en raison du danger réel qu'elle représente, et comme je l'ai appris dans mon travail et mon expérience personnelle, elle est toujours destinée à faire taire les militantes. La violence en ligne a le pouvoir d'humilier, d'intimider et finalement de faire taire les femmes.
Dans une étude de 2017, environ les deux tiers des femmes harcelées sur les réseaux sociaux, ont déclaré à Amnesty International, qu'elles se sentaient impuissantes face à ces abus en ligne.
Aghsa, militante musulmane du Centre de Vaccination de Delhi, qui enseigne la médecine générale à l'Université Hamdard, a déclaré recevoir constamment des menaces en ligne, « Je suis restée silencieuse pendant les manifestations contre le CAA, parce que j'avais peur pour ma famille », a-t-elle déclaré.
Beaucoup de femmes se plaignent du manque de solidarité des hommes de leur communauté.
« Je pense que nous devons faire preuve de solidarité pour lutter contre cette menace commune. Bien que Twitter ait des lignes directrices pour identifier les abus et les discours de haine, et ait amélioré ses politiques de signalement et ses rapports, les politiques de Twitter ne suffisent pas pour lutter contre l'environnement toxique auquel les femmes sont confrontées. Nous leur avons demandé à plusieurs reprises, de compiler une liste d'insultes afin que nous puissions la mettre à jour, mais ils n'ont pas accepté notre demande », a-t-elle dit.
