Le rôle de la zakat dans la réalisation des objectifs de développement durable des Nations Unies
Des études ont montré qu'un trillion de dollars pouvait être collecté chaque année, grâce à la zakat, pour améliorer les conditions de vie, réduire la pauvreté et relever les défis environnementaux, sociaux et économiques mondiaux d'ici 2030.
Ces défis incluent la lutte contre la pauvreté et les inégalités, le changement climatique, la dégradation de l'environnement et la garantie de la justice sociale.
Le financement social islamique dispose de divers outils qui coïncident avec les 17 ODD, notamment la zakat, le waqf, la sadaqah et le qarz al-hasana (prêts sans intérêt).
Le nom d'Objectifs de développement durable (ODD) (en anglais : Sustainable Development Goals ou SDGs) est utilisé pour désigner les 17 objectifs établis par les États membres des Nations unies et qui sont rassemblés dans l'Agenda 2030.
De nombreuses agences des Nations Unies explorent actuellement de nouveaux partenariats et outils de financement islamique, comme la plate-forme du Fonds de la Zakat pour les réfugiés du HCR, le Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF), l'Agence d'aide des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine et dans le Proche-Orient (UNRWA- OCI), et le Fonds des dons de l'Organisation de coopération islamique.
Le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) utilise les fonds de la zakat indonésienne pour des projets de développement plus larges liés à la réduction du carbone et à la justice. De même, en partenariat avec le Programme des Nations Unies pour le développement, le Fonds humanitaire musulman mondial pour les enfants et la Banque islamique de développement (GMPFC), fournissent une aide humanitaire et un financement pour des projets de développement, d'éducation et de services de santé.
Greget Kalla Buana, spécialiste du financement islamique du programme de développement a déclaré que les Nations Unies estimaient qu'il existe actuellement, un déficit financier important pour atteindre les objectifs de développement durable, qui équivaut à au moins 2,5 trillions de dollars par an.
Il a ajouté : « Si la Zakat est mobilisée efficacement, il existe d’énormes capacités d’aider les pauvres dans le monde car la zakat est le plus grand mécanisme de redistribution des richesses qui existe actuellement ».
Considérant la population musulmane mondiale de 1,9 milliard de personnes, la Banque mondiale et le Groupe de la Banque islamique de développement estiment la valeur de la zakat annuelle à 1 trillion de dollars.
Basée à Jakarta, capitale de l'Indonésie, Buana travaille sur des projets liés au développement durable des Nations Unies (ODD) avec le financement de la Zakat. Ces projets font passer le paiement de la zakat d'un modèle de consommation à un modèle de production, et étendent les droits des bénéficiaires de la zakat dans le commerce et l'industrie.
Un exemple est le partenariat de 2017, entre le PNUD et l'Agence nationale indonésienne de la Zakat (BAZNAS), qui a installé des centrales hydroélectriques dans la province de Jambi, à Sumatra, pour assurer une électricité à faible coût et des émissions de CO2 réduites, à plus de 800 ménages, à des écoles, des centres de santé, des entreprises commerciales et des centres de tourisme.
Omar Sheikh, directeur du « UK Islamic Finance Council (UKIFC) », un cabinet de conseil et de développement à but non lucratif, a déclaré que bien que les ODD n'aient pas été créés sur une base religieuse, bon nombre de leurs objectifs correspondent à l'esprit de la charia : « Cette institution se concentre sur la promotion et le renforcement des services financiers islamiques et éthiques mondiaux.
Si vous considérez les sept catégories de bénéficiaires de la zakat qui sont explicitement écrites dans le Livre Saint et qui se concentrent principalement sur l'aide aux plus pauvres - aux voyageurs, aux réfugiés et aux migrants - et regardez les 17 ODD, Vous verrez qu'elles sont conformes au cadre des ODD et applicables dans le cadre des principes islamiques et des objectifs de la charia », a-t-il dit.
Zenobia Ismail, chercheuse au Département de développement international de l'Université de Birmingham, a déclaré : « Cependant, la mobilisation et l'utilisation réussies des fonds de la zakat posent des problèmes, notamment l'absence de norme mondiale pour la collecte et la distribution. Certains pays à majorité musulmane, tels que l'Indonésie, la Malaisie et le Pakistan, ont des programmes gouvernementaux de collecte de la zakat, tandis qu'ailleurs, la zakat est collectée par le biais d'ONG islamiques locales ou transnationales, comme « Islamic Relief Worldwide », « Muslim Hands » au Royaume-Uni ou « Giving Hands Foundation. Gift of the Givers Foundation » qui travaille en Afrique du Sud, et également dans des agences des Nations Unies. Des cas de mauvaise gestion et de corruption ont provoqué une méfiance à l'égard de la zakat et une croissance limitée. Les organisations qui manquaient de transparence et de responsabilité ont entraîné des réductions de l'aide et affaibli la portée de l'utilisation de la zakat dans le cadre de la stratégie nationale de réduction de la pauvreté. De plus, bien qu'il s'agisse d'un paiement obligatoire, la zakat n'est pas payée par tous même dans les pays dotés de systèmes gouvernementaux de collecte et de redistribution. Il y a un plus grand potentiel d'utilisation de la zakat pour des projets de développement économique locaux liés aux objectifs de développement durable, comme le forage de puits pour l'eau potable et de meilleurs systèmes d'assainissement dans les pays pauvres. Il faut cependant être réaliste car la zakat est un acte de charité que les gens font en fonction de leurs revenus. Il pourrait y avoir plus d'opportunités pour les milliardaires musulmans, d'établir quelque chose comme la Fondation Bill et Melinda Gates, qui pourrait jouer un rôle important dans le développement international. L'augmentation de l'utilisation des technologies Fintech et Blockchain peut également accroître la confiance des donateurs. Les ODD fournissent un cadre clair pour mesurer l'impact, et c'est là que la Zakat a souffert ces dernières années, en raison du manque de transparence sur l'endroit où l'argent était dépensé et du manque de rapports sur son impact social. La technologie peut accroître la transparence et la crédibilité, et permettre plus de confiance aux parties impliquées dans la question de la zakat ».
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