Les Noirs musulmans dans la société américaine
Salima Suswell, consultante senior chez Emgage - une famille d'organisations qui cherche à autonomiser les musulmans américains par le biais de l'alphabétisation politique et de l'engagement civique - a abordé la question des musulmans noirs dans un article, et déclaré : Il y a 97 ans, Carter G. Woodson a lancé sa campagne pour la « Semaine de l'histoire des Noirs », qui est devenue plus tard le « Mois de l'histoire des Noirs », pour célébrer la riche histoire de l'implication des Afro-Américains dans ce pays.
Cependant, l'héritage des musulmans noirs américains a parfois été délibérément laissé de côté. L'islam a été largement introduit aux États-Unis lors de la traite des esclaves dans l'Atlantique, alors que les captifs d'Afrique de l'Ouest étaient amenés sur les côtes de la Caroline et de la Virginie, pour être vendus. Les pieds dans les fers et sur une terre inconnue, ils ont lutté non seulement pour maintenir leur dignité humaine dans un système d'esclavage créé pour la détruire, mais aussi pour maintenir leur identité, leur langue, leurs traditions et leur culte.
La loi sur les droits civils de 1964, qui garantissait l'égalité de traitement dans la société aux Afro-Américains, a conduit directement à la loi sur l'immigration et la nationalité de 1965, qui a considérablement élargi l'immigration aux États-Unis en provenance de pays à majorité musulmane.
Les musulmans afro-américains constituent près de 20% de la population musulmane américaine, et sont souvent les pionniers dans le domaine des activités civiles et de la poursuite de la justice pour tous.
Après le 11 septembre, les communautés musulmanes afro-américaines ont apaisé les craintes de leurs frères et sœurs immigrés qui n'avaient jamais connu une telle discrimination et une telle haine, et leur ont appris à faire face à ce que les Afro-Américains, musulmans et non musulmans, avaient vécu pour survivre.
Si les musulmans américains non noirs pouvaient surmonter leurs sentiments anti-noirs et comprendre honnêtement que l'islam existe depuis la création de l'Amérique et l’arrivée des esclaves musulmans d'Afrique de l'Ouest, nous aurions des arguments plus solides face aux politiques d'interdiction de l'immigration musulmane, et la fausse idée que les musulmans et l'islam sont nouveaux et étrangers en Amérique.
Les musulmans américains constituent une partie essentielle de la population américaine. Les contributions des musulmans noirs américains peuvent même être trouvées dans la musique blues, que les musicologues modernes supposent provenir de l'appel à la prière.
De ce point de vue, l'argument en faveur de politiques d'interdiction d'entrée des musulmans devient encore plus absurde. Les musulmans et l'islam ne peuvent pas être retirés de ce pays, parce que l'islam est une religion qui fait partie de l’Amérique.
Il y a trois ans, j'ai écrit un éditorial pour le « Philadelphia Tribune » dans lequel j'affirmais que les musulmans américains ne seront jamais forts tant que nos communautés n'auront pas appris à mieux travailler ensemble avec les communautés musulmanes noires américaines, et reconnaîtront leur valeur et leurs besoins.
Au cours des dernières années, nous avons vu des progrès dans cette direction, comme l'initiative « Million Muslim Votes » d'Emgage qui a aidé plus d'un million de musulmans américains à voter en nombre record. Le vote des musulmans noirs américains à Philadelphie, a largement contribué à la victoire de Biden en Pennsylvanie, lors de l'élection présidentielle de 2020. En 2022, lors des élections de mi-mandat, les musulmans de Pennsylvanie ont une fois de plus contribué à écrire l'histoire en approuvant John Fetterman comme sénateur. La liste s'allonge encore car les musulmans noirs américains continuent de se frayer un chemin et de constituer un bloc puissant.
Il ne suffit pas de reconnaître le pouvoir de la communauté musulmane américaine dans son ensemble. Nous devons maintenant reconnaître la supériorité de la communauté musulmane noire américaine qui devrait être reconnue dans toutes les communautés, pas seulement dans la communauté musulmane américaine. Cette communauté a longtemps été sous-représentée et occultée dans la communauté musulmane nord-américaine, et mérite d'être reconnue.
Le pouvoir de la société n'est pas seulement dans le pouvoir de voter mais couvre tous les domaines, l’éducation, les soins de santé, le climat et l’environnement, le droit et la politique.
Dans le domaine de l'éducation, Khaled Mo’men, récemment nommé secrétaire à l'éducation du Commonwealth de Pennsylvanie, et Sharif Al-Maki, fondateur du « Center for the Development of Black Educators » ouvrent la voie aux professeurs noirs.
Dans le domaine de la santé, Safia Shabaz, propriétaire et directrice médicale de la « Fountain Medical Associates », et la pédiatre Noor Jahan Abdulhaq, ont fait un travail exceptionnel au service des familles à faible revenu d'Oklahoma City.
Dans le domaine du climat et de l'environnement, nous avons Katra Moore, qui a récemment été la première coordonnatrice de la justice environnementale. Dans le domaine du Droit, nous avons Rahima Abdul Aleem, qui est avocate générale et assistante spéciale du président Biden, et Atzir Rab, professeur de droit qui sert à la « Harvard Law School » (L’école de Droit de Harvard).
Un certain nombre d'Américains musulmans noirs ont été élus à des fonctions publiques, notamment la procureure générale du Minnesota, Keith Ellison, et au Congrès, Ihan Omar.
Cette liste n'est pas exhaustive et ne représente qu’une petite partie des talents de la communauté musulmane noire. Nous devons profiter de ce mois de l'histoire des Noirs, pour célébrer la suprématie des musulmans noirs américains et les soutenir, notamment dans les années à venir, lors des élections de 2024.
Efforçons-nous de créer une société qui soutient les communautés musulmanes noires et condamne le racisme partout où il se trouve.
