Ils ont accordé une grande attention aux développements politiques, sociaux et économiques. Leurs études des villes étaient si détaillées qu'il était possible pour le chercheur en patrimoine historique, d'y faire référence.
L'un de ces orientalistes était Carsten Niebuhr (1733 - 1815), voyageur, cartographe et mathématicien allemand, qui travaillait pour la cour danoise.
En 1764, Niebuhr visita Chiraz, Persépolis et Bisetun. En 1762, il dessina la carte la plus précise du Golfe Persique et dessina pour la première fois, les trois îles de Tunb kuchak, Tunb bozorg et Abu Musa, qu’il enregistra au nom de l'Iran, et fournit dans son récit de voyage, des informations précieuses sur les sanctuaires.
Dans le récit de voyage de Niebuhr, qui s'est rendu à Karbala après un long voyage dans les pays arabes, nous pouvons voir des contenus riches et des images historiques importantes de cette ville.
Son récit de voyage est l'un des plus anciens récits de voyage à Karbala, après l’orientaliste portugais, Pedro Teixeira, en 1604.
Fin 1765, Carsten Niebuhr voyage au Moyen-Orient et dans la péninsule arabique et visite Karbala dans le cadre d’une mission de Frederik V, roi du Danemark.
Considérant que Niebuhr était spécialisé dans l'astronomie, la géographie et les langues orientales, le but de cette mission était d'étudier les conditions sociales, géographiques et historiques de cette région. Il commença son voyage depuis l'Égypte, puis se rendit au Hejaz, au Yémen, à Hadramaout et à Oman, puis atteignit le port de Bombay.
Il arriva en Irak via le Golfe Persique, et atteignit Bassora à l'automne 1765, dans l'espoir de rejoindre Alep à partir de là. Il prit donc la route de l'Euphrate et après avoir traversé Qurna, Mansuriyeh, Al Arjah, Samaweh, Lamlum et Al Miyahiyyah, il arriva à Najaf avec des voyageurs de Bassora.
Il partit ensuite pour Karbala ou (Mashhad al-Hussein) depuis Hilla via Tahmaziyah qu’il décrivit comme un grand village entouré de palmiers et de nombreux jardins. Son voyage de Hilla à Karbala, dura environ sept heures, et il atteignit Karbala le 27 décembre 1765.
Niebuhr a noté lors de son voyage aux grands sanctuaires de Najaf (Mashhad Ali) et de Karbala (Mashhad al-Hussein), que Karbala avait plus de palmiers et de population que Najaf, mais que les maisons de Karbala n'étaient pas solides car elles étaient construites avec du bois et de la boue.
Selon le récit de voyage de Niebuhr, les murs autour de la ville de Karbala, étaient également faits de boue séchée au soleil, et avaient cinq portails qui s'étaient tous effondrés.
Niebuhr passa une nuit avec son guide (Mollah Baghdadi), dans le sanctuaire de l'Imam Hussain (AS). Il décrit l'Astan Hosseini au moment de sa visite, comme un endroit lumineux avec de nombreuses fenêtres en verre, ce qui était rare à cette époque. Niebuhr dans sa description du mausolée, dit qu'il avait une grande cour entourée par les résidences d'érudits et de professeurs, sur les quatre côtés. Niebuhr mentionne qu'à l'entrée du mausolée, il y avait un grand candélabre en cuivre avec un certain nombre de bougies, semblable à celui du sanctuaire de l'Imam Ali, mais que comparé au sanctuaire de l’Imam Ali, il n'y avait pas beaucoup d'or dans le sanctuaire de l'Imam Hussain.
Niebuhr dit à propos du sanctuaire sacré d’Hazrat Abbas (as) : « En remerciement pour le courage dont Hazrat Abbas a fait preuve le jour d'Achoura, et son sacrifice pour la cause de son frère, une grande mosquée a été construite.
Notant que la sécurité à Karbala, était presque inexistante, Niebuhr écrit que pendant son séjour à Karbala, il a vu des gens qui regrettaient d'avoir fait ce voyage, après avoir été pillés par les soldats du gouvernement ottoman qui étaient censés défendre la sécurité du peuple, et ceux dont les biens avaient été pillés par les Arabes.
Niebuhr raconte en détail les conditions politiques et sécuritaires de cette époque et dit : « Il y avait un grand nombre de soldats turcs à Karbala qui attaquaient les gens, en particulier les pèlerins iraniens. Par conséquent, les voyageurs devaient être prudents, surtout s’ils étaient chiites. Niebuhr dit qu'ils l'ont également attaqué parce qu'ils pensaient qu'il était arménien, mais qu’ils l'ont laissé partir lorsqu'ils ont réalisé qu'il était européen.
D'après les observations de Niebuhr à Karbala, nous pouvons voir qu’il y avait un grand nombre de pigeons dans le mausolée, et il était surpris que les gens ne leur faisaient aucun mal. Il a également mentionné les turbah (tablettes d’argile) et les chapelets, fabriqués à partir de la terre de Karbala, ainsi que les images des sanctuaires et de l'épée de l'Imam Ali (Zulfiqar), symbolisant la bravoure de l'Imam Ali (AS), vendus sur le marché de la ville.
À propos de la fabrication de ces tablettes, il écrit : « Cette industrie était établie dans une usine privée appartenant à une grande famille de Karbala, qui avait le monopole de ce travail et payait chaque année, une somme énorme au gouverneur de Bagdad.
Niebuhr a demandé à son compagnon Malabaghdadi de lui acheter des tablettes de différentes tailles et formes. Puis il les dessina et les publia dans son récit de voyage en allemand. Il a également acheté un papier sur lequel était dessinées des images de la Kaaba, de Masjid al-Nabi, du tombeau des Imams et d'autres images, toutes colorées et dorées, et selon lui, dessinées par des amateurs.
Niebuhr était méticuleux et prenait soin de ne rien oublier. Il quitta Karbala pour Hilla pour se rendre à Bagdad, avec une caravane d'environ deux cents personnes, et emporta avec lui, un sac de souvenirs.