Au cours des interrogatoires, Hannibal a fourni des informations sur le lieu où se trouverait l'imam Moussa Sadr, mais a reporté la révélation de plus amples informations, à sa libération. Le procureur général libanais a donc émis un mandat d’arrêt à son encontre pour dissimulation d’informations.
Après la Russie, il semble que Washington ait également l'intention d'intervenir activement dans l'affaire d’Hannibal Kadhafi, à la demande de la famille Kadhafi.
Faisal Al-Fitouri, responsable de la coalition libyenne américaine, a annoncé que les responsables de Washington sous la présidence de Donald Trump, examinaient attentivement le dossier et étaient prêts à établir des contacts directs avec les autorités libanaises pour résoudre le problème de manière pacifique.
Il a également souligné que si cette question n'est pas résolue, la coalition libyenne-américaine aura recours à un procès international et poursuivra le Liban pour avoir détenu illégalement Hannibal Kadhafi.
Hannibal a été arrêté pour trois crimes, délit d'outrage au tribunal passible d'une peine d'emprisonnement d'un an et demi, qui est désormais expirée, délit de participation à un enlèvement, passible d’une peine de dix ans de prison et délit de dissimulation d’informations, passible d’une peine d’emprisonnement à vie et d’une détention jusqu’à la divulgation des informations, sans limite de temps.
Au début de son arrestation, Hannibal a évoqué notamment la détention de l’imam dans une prison de la région de Janzour en Libye. Ses frères, Saif al-Islam et Moatasem Billah, ainsi que le major Abdul Salam Jaloud, seraient au courant de cette affaire. Saif al-Islam est désormais libre après avoir été détenu en Libye pendant un certain temps. Mutassim Ballah a été tué lors du conflit libyen et Abdul Salam Jaloud, qui s'était retiré de la vie politique dans les dernières années du régime de Kadhafi, a rejoint les rangs des opposants au régime, au début des manifestations.
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Hannibal pendant son emprisonnement, a eu une grande liberté d'action : il parle facilement aux médias, a pleinement accès aux structures d'aides sociales, au point qu'il a même eu recours à la chirurgie esthétique, et bien qu'il soit accusé d'avoir dissimulé des informations dans son dossier, il n'a même pas été réinterrogé au cours de ces années.
Bien qu'il ait explicitement déclaré qu'il disposait de plus d'informations que ce qu'il a déclaré lors de sa seule séance d'interrogatoire, il a explicitement nommé Abdul Salam Jaloud, le Premier ministre libyen de l'époque, responsable de l'enlèvement de l'imam Musa Sadr, et cerveau de l'opération.
Cependant, Hannibal n’est pas contraint de révéler d’autres informations et à ce jour, Abdul Salam Jaloud n’a pas été interrogé en lien avec l’enlèvement de l’imam Musa al-Sadr. Ces dernières années, il a vécu sous la protection du gouvernement italien, et la commission officielle enquêtant sur l’enlèvement de l’imam Musa Sadr n’a pas été autorisée à le contacter. Bien que le secrétaire du comité officiel de suivi ait eu des rencontres avec d'autres responsables du gouvernement Kadhafi, aucune de ces rencontres n'a fourni les conditions propices à une enquête judiciaire, et tous ces individus ont adopté une politique de silence, de dissimulation et de mensonges.
Plus d’une décennie s’est écoulée depuis la chute et la mort de Kadhafi, et une décennie depuis l’arrestation de son fils, mais l’affaire de l’enlèvement de l’imam Moussa al-Sadr et de ses deux compagnons n’est toujours pas résolue.
Le silence des hauts responsables de la sécurité du régime de Kadhafi et les efforts pour clore cette affaire et plus important encore, le manque de volonté de la part des pouvoirs politiques et des politiciens de poursuivre et de mettre un terme à l'affaire de l'enlèvement de l'imam Moussa al-Sadr, ont fait que le destin de ce grand leader populaire et de cette figure influente de la région est encore inconnu.
Le mépris des autorités pour les preuves et les informations obtenues après la chute de Kadhafi, qui ont invalidé l'affirmation selon laquelle l'imam Moussa al-Sadr aurait été tué le jour de son enlèvement, signifie que les pouvoirs en place préfèrent prolonger cette ambiguïté et ne pas mentionner le nom de l’Imam Moussa Sadr, ce grand religieux chiite et réformateur social.