Une hausse alarmante de l’islamophobie en Allemagne
Selon les données compilées, 3 080 cas de discrimination, d’agressions verbales ou physiques à caractère islamophobe ont été enregistrés au cours de l’année, contre 1 926 cas en 2023, soit une augmentation de près de 60 %.
Cette progression ne s’explique pas uniquement par une amélioration du système de signalement, bien que le nombre de centres d’écoute et d’accompagnement soit passé de 17 à 26. En effet, même les centres actifs depuis plusieurs années ont constaté une augmentation significative du nombre d’agressions signalées.
Le rapport indique que les femmes musulmanes représentent environ 70 % des victimes, souvent ciblées pour leur apparence, notamment le port du voile. Les cas documentés vont de propos insultants et stigmatisants, qualifiant des enfants ou adultes musulmans de « terroristes », « ennemis des juifs » ou « porteurs de couteaux », à des agressions physiques brutales, y compris contre des mineurs.
L’explosion des incidents signalés coïncide en grande partie avec le déclenchement de la guerre israélo-palestinienne le 7 octobre 2023, qui a exacerbé les tensions dans l’espace public et médiatique. Le rapport pointe une corrélation directe entre la montée des violences verbales et la polarisation du discours politique et médiatique en Allemagne.
Parmi les faits les plus graves rapportés :
– Des inscriptions néonazies et actes de vandalisme contre des mosquées,
– Des injures à caractère raciste envers de jeunes filles voilées à Dresde, qualifiées de « juives en hijab »,
– L’envoi de menaces de mort à des familles musulmanes,
– L’exhibition d’une tête de porc devant la porte d’un domicile familial.
Le climat d’insécurité est tel que de nombreuses victimes choisissent de ne pas signaler les faits, en particulier dans les établissements scolaires, par crainte de représailles ou d’exclusion. Les parents d’élèves musulmans restent ainsi en retrait, préférant taire les incidents subis par leurs enfants, faute de confiance envers les institutions.
Josin Cihan, porte-parole du réseau KLEIN, a dénoncé des actes d’une « violence extrême, traduisant un mépris profond pour la dignité humaine ». Elle appelle à une prise de conscience politique, soulignant que le discours ambiant contribue à la banalisation de l’hostilité envers les musulmans, nourrissant un sentiment d’abandon et de vulnérabilité chez les victimes.
Face à cette situation alarmante, le rapport recommande des mesures urgentes, notamment :
– La création de mécanismes de signalement indépendants et accessibles,
– Le renforcement de la formation du personnel éducatif et des forces de l’ordre,
– Une lutte active contre les discours de haine dans les médias et les réseaux sociaux,
– Et surtout, une reconnaissance politique claire de l’islamophobie comme forme spécifique de racisme.
Alors que l’Allemagne s’enorgueillit d’être un État de droit respectueux des droits fondamentaux, ce rapport met en lumière un décalage grandissant entre les principes affichés et la réalité vécue par une partie de ses citoyens, et appelle à une réponse ferme, inclusive et préventive.
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