
Ce rassemblement a permis de rappeler la centralité de l’Iran comme civilisation continue, marquée par la créativité, la résistance et la capacité de renouvellement. À travers les interventions de hauts responsables, une idée commune s’est imposée : l’Iran n’a jamais connu de rupture historique, ni avant ni après l’Islam.
Les interventions de ce sommet réaffirment une vision partagée : l’Iran n’est ni un éclat isolé de l’histoire, ni un simple territoire, mais une civilisation continue, façonnée par la résistance, la créativité et l’universalité culturelle. Qu’il s’agisse de ses infrastructures anciennes, de sa langue, de sa poésie, de son humanisme ou de sa pensée scientifique, l’Iran constitue un espace où passé et présent se répondent.

Lors de ce sommet Seyyed Abbas Salehi, ministre iranien de la Culture et de l’Orientation islamique a déclaré : « L’Iran n’a jamais été un pays d’interruptions. Malgré les 5 800 catastrophes naturelles répertoriées dans notre histoire – des inondations aux tremblements de terre –, ce territoire est resté debout. Notre peuple a appris à combattre la sécheresse par l’ingéniosité des qanats, certains creusés sur plus d’un siècle par trois générations. Tout comme nous avons résisté aux assauts d’empires venus d’Égypte, de Rome ou de Macédoine, nous avons transformé chaque invasion en une renaissance culturelle. Le Monghols qui brûlait nos villes finit par laisser derrière lui un chef-d’œuvre persan comme le dôme de Soltaniyeh. L’Iran n’a pas connu deux siècles de silence : il avance, crée, écrit, pense. Même aujourd’hui, dans un monde troublé, notre pays reste un foyer de production intellectuelle, artistique et scientifique. L’Iran est une continuité. L’Iran est une résistance. »

Seyyed Reza Salehi-Amiri, ministre du Patrimoine culturel, du Tourisme et de l’Artisanat a expliqué pour sa part : « L’Iran n’est pas seulement une géographie : c’est un réseau de symboles, de récits et de mémoires qui se superposent comme des strates vivantes. La diversité de ses peuples a forgé une unité rare, une pluralité cohérente qui constitue l’essence de la culture iranienne. Notre langue, le persan, n’est pas un simple outil : c’est le code intérieur de notre identité civilisationnelle. Lorsque le monde a reconnu le Cylindre de Cyrus comme un manifeste antique de la justice et de la tolérance, il a confirmé ce que nous savons : la longévité iranienne vient de sa capacité à créer, absorber, transformer et transmettre. L’Iranologie n’est pas une simple discipline : c’est une science humaine complète, qui exige de comprendre le peuple iranien dans ses gestes, ses croyances, son esthétique et sa vision du monde. »

Un autre intervenant, Mohammad-Mehdi Imanipour, président de l’Organisation iranienne de la Culture et des Relations islamiques a dit : « L’Iran est une civilisation-arc-en-ciel, faite de sens, de spiritualité et d’altruisme, dont l’influence s’étend du sous-continent indien à l’Asie centrale, et même à des régions d’Afrique. Peu de nations ont laissé une empreinte aussi profonde. Les chefs-d’œuvre de Hafez, Saadi, Rûmi, Attâr, Khayyâm et Ferdowsi continuent d’unifier les peuples autour d’une même sensibilité humaine. Si le monde contemporain est traversé de récits falsifiés et de tensions, alors l’étude réaliste, savante et connectée de la culture iranienne peut réduire les malentendus. L’Iranologie, comme démarche globale, invite à dépasser les visions fragmentaires pour replacer la civilisation iranienne dans sa vraie continuité : celle de la compréhension, du dialogue et de la valorisation du génie humain. »

Puis c’est Gholam-Ali Haddad-Adel, président de l’Académie de la Langue et de la Littérature persanes, qui s’exprimait ainsi : « L’Iran est un pays de philosophie, de science et de rationalité. Depuis des siècles, il affronte les tempêtes de l’histoire en gardant la posture du cyprès, symbole de stabilité et d’élévation. Notre art, notre architecture, notre littérature, tout cela incarne un raffinement ancien. Les philosophes du monde l’ont reconnu : Thomas d’Aquin lui-même cite Avicenne plus de 400 fois dans sa Somme théologique. Dans les sciences exactes, Jamshid Kashani calculait déjà le nombre π avec une précision de seize décimales deux siècles avant l’Europe. Chez nous, il n’y a ni tradition de génocide ni de destruction systématique de l’autre : l’Iran a toujours été une terre de respect pour les minorités. Aujourd’hui encore, face à la désorientation morale du monde, l’Iran offre une voix nouvelle fondée sur la sagesse, l’indépendance et les valeurs spirituelles. »

A la fin, Ali-Akbar Salehi, président du Centre d’Iranologie a souligné : « L’Iranologie doit devenir un carrefour entre les civilisations, non par la force mais par la connaissance. Notre fondation multiplie les programmes : traductions, chaires universitaires, ateliers de terrain, archives ouvertes. Ce sommet n’est pas une simple conférence : c’est un appel à apprendre à écouter. Car pour comprendre l’Iran, il faut entendre ses villes, ses paysages, ses peuples. Dans un monde saturé d’images faussées, il est de notre devoir de présenter un Iran réel : un Iran pluriel, créatif et profondément humain. Notre mission repose sur trois piliers : l’amour du pays, la foi dans le dialogue et la conviction que la culture est la force la plus pacifique et la plus durable dont disposent les nations. L’Iran est une voix, mais aussi une oreille : il parle, mais il apprend, il se raconte, mais il accueille les récits des autres. »