Reza Abu Ali, journaliste égyptien, a écrit dans une note exclusive à l'Agence iranienne de presse coranique (IQNA) : « La vérité est que pendant la guerre de 12 jours contre Gaza, le président égyptien, le ministre des Affaires étrangères, certaines personnalités religieuses et politiques égyptiennes, et la presse égyptienne ont défendu le peuple palestinien. Toutes les personnalités du gouvernement, du président au ministre des Affaires étrangères, ont évoqué à plusieurs reprises, les droits du peuple palestinien et ont condamné l'agression sioniste, au point que le président Abdel Fattah al-Sissi a annoncé que le pays donnerait 500 millions de dollars pour la reconstruction.
Cependant, nous n’avons été témoins d’aucun mouvement dans la société égyptienne, ni de la part des partis politiques, ni des mouvements étudiants. Les gens dans les rues et les bazars, ont protesté contre les actions brutales des sionistes, et les étudiants et les intellectuels égyptiens se sont révoltés dans le cyberespace, mais aucun rassemblement ni manifestation dans la rue, n’ont été signalés. La raison est que le gouvernement égyptien n'autorise aucun rassemblement et manifestation dans la rue, contre le régime sioniste, parce qu’aux yeux du gouvernement égyptien, les manifestations franchissent la ligne rouge. Il faut noter que la plupart des politiciens égyptiens profitent pleinement des développements internationaux et régionaux, et dans le cas de Gaza, il serait simpliste de supposer que la position actuelle du gouvernement égyptien sur Gaza découle d'un changement d'approche.
La position récente du gouvernement égyptien vient de la récession et du déficit budgétaire causés par la baisse des recettes en devises du gouvernement. La participation à la reconstruction de Gaza avec l'argent qui sera bientôt collecté sera une bonne occasion pour l'économie égyptienne de respirer. Les 500 millions selon M. Sissi, aideront Gaza sous forme de marchandises et de matières premières, et non en espèces. Le président égyptien a d'abord fait le geste de soutenir la Palestine et deuxièmement, fourni un espace aux affaires et au commerce égyptiens.
Une autre raison du soutien du gouvernement égyptien aux Palestiniens dans le récent conflit, est la nécessité de faire pression sur les sionistes sur la question du barrage éthiopien d'Ennahda, qui est un gros problème pour l’Égypte. Ils ont ainsi envoyé un message direct aux Israéliens qui soutiennent l'Éthiopie dans l’affaire du barrage de la Renaissance (Grand Ethiopian Renaissance Dam), et contre la vente d'armes de pointe au régime sioniste. Les experts égyptiens estiment que ce barrage dans les trois ans, réduira la part égyptienne du Nil d'environ 50%. Une telle réduction rendrait 67% des terres agricoles de l'Égypte stériles et porterait le taux de chômage à 34%.
Le gouvernement égyptien cherche aussi à restaurer son prestige et sa position passée dans la région et dans le monde, en abordant la question du conflit entre les Palestiniens et les sionistes. Le gouvernement égyptien est conscient que plus son rôle sera important dans les négociations internationales et entre les pays arabes et islamiques, plus il aura de l’influence dans les questions régionales comme celle du barrage et du nouveau gouvernement libyen.
Le dernier point à noter est que la position égyptienne sur Gaza et la Palestine, dans le récent conflit entre les Palestiniens et les Israéliens, n'était pas très différente des positions précédentes, sauf que cette fois, ils ont parlé avec une plus forte détermination. La Propagande médiatique a prétendu qu’un changement d’approche vis-à-vis de la question palestinienne avait eu lieu mais si nous regardons de près, nous verrons que le gouvernement égyptien refuse toujours d’ouvrir le point de passage de Rafah qui est le seul point de contact entre Gaza et le monde extérieur. Si le point de passage de Rafah était ouvert aux Palestiniens tout au long de l'année, de nombreux problèmes de la population de Gaza seraient résolus, mais ce passage n’est ouvert que quelques jours dans l'année.
En fait, on pourra parler d'un changement d'approche de l'Égypte face à la question palestinienne, lorsque l'Égypte ouvrira le passage tout au long de l'année et permettra d'effectuer facilement le transfert des marchandises dont la population de Gaza a besoin. Selon un ami égyptien, « l’Égypte n’a pas besoin de donner 500 millions de dollars pour aider la population de Gaza. Si le président Sissi ouvre le terminal de Rafah, il aura fait beaucoup plus pour le peuple palestinien ».