Il y a une évolution majeure du rapport à la religion dans le monde arabe
La dernière enquête en 2018 brossait le portrait d'une population dont un nombre croissant d'individus tournaient le dos à la religion et à ses rites. Par exemple, un tiers des Tunisiens et un quart des Libyens se décrivaient comme non religieux, avec des augmentations records en Egypte et au Maroc. Une tendance lourde, particulièrement forte chez les jeunes de moins de 30 ans.
La tendance s'inverse, selon la nouvelle enquête menée par le réseau "Baromètre arabe". Parmi les 23'000 personnes sondées, le nombre de celles qui se décrivent comme religieuses a clairement augmenté: +7% au Maroc, +6% en Egypte, ainsi que +4% en Tunisie, en Palestine et en Jordanie. Si l'on songe au segment des jeunes, les chiffres sont plus importants, en particulier en Tunisie.
Les questions posées ne portaient pas que sur la pratique personnelle, mais sur l'influence de la religion dans la société, dans le champ politique et dans l'enseignement scolaire. Cette inversion s'explique par trois mots clefs: désillusion et questions existentielles d'un côté, réenchantement de l'autre.
"Il ne reste que l'adhésion à la région"
Le chercheur Egyptien Nabil Abdel-Fattah estime que la pandémie a soulevé des questions de sens de l'existence, de rapport à la mort: "Dans le sillage des soi-disant printemps arabes, des vagues d'espoir se sont élevées. Les jeunes ont cru qu'ils pourraient réaliser leurs rêves de leurs propres mains et par des moyens démocratiques, mais la réalité a imposé une absence d'opportunités réelles."
Et le chercheur de compléter: "Il ne reste plus à ces jeunes que l'adhésion à la religion et à l'invisible, qui réaliseront peut-être un miracle pour eux, car il n'y a d'espoir de salut que par un miracle." Une remarque qui ne vaut pas pour la jeunesse libanaise, déçue par le communautarisme religieux qui bloque un pays marqué par un effondrement économique, cette jeunesse prend ses distances avec la religion.
rts
